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Modernisation des prêches – Quand la classe juvénile impose sa façon de faire

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Jadis le prêche était une affaire de patriarche. Des vieux dont le discours rigoriste avait du mal à accrocher le public jeune voire moins jeune. Aujourd’hui, s’impose dans le paysage audiovisuel une nouvelle race de prêcheurs, avec une approche nouvelle et originale qui séduit. Sur les plateaux de télévisions ou les ondes radiophoniques, ils apportent une autre manière de prêcher, en adaptant leurs discours au vécu quotidien, à travers un vocabulaire dit de nouvelle génération.

APPROCHE NOUVELLE

Ce qui attire chez la nouvelle vague de prêcheurs

Pour accrocher de nos jours, les prêcheurs font recours à de nouvelles méthodes. On n’est plus à l’ère où ils ne parlaient que de Dieu, de son Prophète, du jugement dernier, des châtiments ou de la récompense qui attendent le musulman. Pour attirer les jeunes qui constituent la majorité de la population, nos orateurs ont leurs astuces. Des artifices qui font mouche. Vendeur de chaussures au ‘’couloir de la mort’’ de l’Université Cheikh Anta Diop, Modou est un grand fan de Oustaz Alioune Sall. Teint noir, casquette bien vissée sur la tête, ce ‘’Kaolackois’’ a le regard fixé sur les allers et retours des véhicules qui empruntent l’avenue Cheikh Anta Diop, en cette matinée peu ensoleillée.

Oustaz Sall, dit-il, a une manière particulière de faire, c’est pourquoi la radio Sud Fm l’a engagé. ‘’Contrairement à ce que l’on avait l’habitude de voir avec les autres prêcheurs, Oustaz Alioune Sall essaye de contextualiser et d’adapter ses prêches à l’actualité. Il a le sens de l’humour et ne se limite pas uniquement à nous livrer les enseignements de Dieu et de son Prophète’’. Un sourire en coin, d’une voix posée, limpide, teintée d’un brin de fierté, il souligne qu’il est important de nuancer et de rappeler, de temps en temps, aux fidèles leurs missions sur terre, tout de même. ‘’C’est également toujours intéressant d’écouter les classiques, ceux qui nous parlent du paradis et de l’enfer et des récompenses divines. Cela nous permet de nous remettre sur le droit chemin’’, croit-il savoir.

C’est ce que Mamy Diallo appelle ‘’l’enseignement des anciens’’. Femme au foyer, elle connaît presque tous les prêcheurs et peut parler de leurs styles. Celui qui l’accroche le plus est Iran Ndao de la Sen Tv, même si elle reste convaincue qu’il n’y a pas meilleur enseignant qu’El Hadj Moustapha Guèye. Astou Diop a les mêmes préférences qu’elle, à la différence près qu’elle n’a d’yeux et d’oreilles que pour Makhtar Seck. ‘’Il est posé dans son discours et a un vocabulaire accessible’’, affirme-t-elle. Ce qui fait dire à Maty Diop que le prêche est une affaire d’âge. La technicienne de surface à l’Université Cheikh Anta Diop Dakar préfère l’ancienne génération. Elle a un faible pour le Oustaz vedette de Walf Tv. ‘’Les prêcheurs comme Oustaz Hady Niass de Walf attirent mon attention. Ils ont un discours plus cohérent. En tant que jeune, je préfère écouter les personnes âgées. Elles ont plus d’autorité et imposent le respect’’, dit-elle.

En outre, la nouvelle vague de prêcheurs sait aussi imposer le respect et se faire comprendre en temps voulu. Aïda Dieng, jeune élève en classe de 1ère L dans une école privée de Keur Massar, aime Iran Ndao et le suit de très près, parce qu’elle trouve son discours percutant et actuel. C’est ce qui plaît aussi à cette étudiante à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar chez Oustaz Alioune Sall. Drapée dans une longue robe wax marron, un voile noir sur la tête, de commerce facile, Penda semble être exténuée, mais tient quand même à échanger sur les raisons de son affection pour l’homme à la barbe blanche. ‘’Son discours reflète les réalités de notre société. En tant que jeune, il m’apprend à connaître l’histoire du Prophète’’, déclare-t-elle. Une conviction qu’elle partage avec Mansour, chauffeur dans une société de la place. Pour ce dernier, le prêcheur de la radio Sud fm a révolutionné le milieu. ‘’Il sait intégrer l’environnement des jeunes et les convaincre à sa façon’’, analyse-t-il.

Pour Mamadou, vendeur de fruits, il n’y a pas une grande différence entre les deux classes d’âge, car les jeunes s’inspirent des vieux et ont été à la bonne école. Il pense que ces derniers ne sont pas là pour prendre la place des vieux, mais pour perpétuer leurs œuvres. ‘’Les jeunes ne peuvent s’intéresser qu’à leurs semblables et nul ne détient le monopole du savoir’’, philosophe-t-il.

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