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Cas Karim Wade, Leadership Du Sein De L’opposition, Legislatives Prochaines Le Pds A La Croisee Des Chemins

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Après la grâce présidentielle accordée au candidat du Parti démocratique sénégalais (Pds), le parti de l’ancien président de la République, Abdoulaye Wade, semble résolument mettre de l’eau dans son vin. Quid de cette grâce présidentielle accordée à Karim Wade au sein non seulement du Pds, mais aussi de l’opposition sénégalaise ? Quelles conséquences pour les législatives prochaines ? Sud Quotidien s’est attaché les services d’analystes politiques, pour décortiquer l’échiquier politique actuel. Sphère politique qui est, selon l’enseignant chercheur en science politique à l’Université Gaston Berger (Ugb), Moussa Diaw, marqué par un «vide politique au niveau du Pds». Pour sa part, le journaliste analyste politique, Momar Ndiongue estime, en effet, que le jeu politique est hypothéqué par le Pds et ses excroissances, non sans indiquer que le cas Karim Wade a piégé et le Pds et le Fpdr.

MOMAR NDIONGUE, JOURNALISTE ANALYSTE POLITIQUE : «Le Pds et ses excroissances ont piégé le jeu politique au Sénégal»

Depuis la libération de Karim Wade par grâce présidentielle, on a l’impression que le Parti démocratique a eu peu mis de l’eau dans son vin. Cela nous amène à se demander, est ce que le cas Karim Wade ne posera pas de problème au Pds pour les prochaines élections législatives ?

Je pense que le Pds et ses excroissances ont piégé le jeu politique au Sénégal. Quand Wade est venu au pouvoir en 2000, il avait 58,49% des voix. Et aussitôt, il s’est posé le jeu de la succession de Wade au pouvoir. Vous vous souvenez qu’Idrissa Seck était en très bonne position en tant que directeur de campagne de Wade en 2000, en tant que numéro 2 du Pds, et en tant que ministre d’Etat, directeur de cabinet du président de la République. Donc, il était au centre du dispositif du Pds à l’époque. Il se considérait à un moment donné, quand il a commencé sa disgrâce, qu’il était qu’un fils d’emprunt et il a été supplanté par le fils biologique qui se trouve être Karim Wade. Voila ce qui a amené à la chute d’Idy en 2004 et Wade n’osant pas mettre Karim en pôle position aussitôt, a fait appel à Macky Sall pour remplacer Idy et au poste du Premier ministre, et au poste de numéro 2. Finalement, on connait la suite. En 2008, il y a eu Macky Sall qui est tombé en disgrâce, pour avoir osé demander, par le biais de l’Assemblée nationale, l’audition de Karim Wade par la Commission des finances. Il y a eu la loi Sada Ndiaye et il a préféré démissionné du Pds, pour créer l’Apr qui est une excroissance du Pds, tout comme le Rewmi d’Idrissa Seck. C’est ce jeu à quatre qui s’est poursuivi jusque dans les péripéties de l’arrestation et de la libération de Karim Wade. Il y a Abdoulaye Wade, comme père spirituel, Idrissa Seck, comme fils d’emprunt, le premier a tombé en disgrâce, Macky Sall, qui a été le fils de substitution, mais qui a réussi à arracher le pouvoir à Abdoulaye Wade et à mettre le fils biologique en prison. Depuis donc 16 ans, c’est-à-dire 2000, c’est la famille libérale, dans son ensemble, c’est-à-dire le Pds et les partis qui sont issus de ses flancs, qui contrôlent le jeu politique et qui occupent l’espace politique. Tous les autres ont démissionné, y compris les socialistes, les socio-démocrates de l’Afp, les marxistes, léninistes, gauchistes, etc. Vous y ajouterez à ces 4, d’autres excroissances comme par exemple le parti de Fada, de Souleymane Ndéné Ndiaye, celui d’Alioune Sow. Vous remarquerez que ces 3 se sont rassemblés pour créer l’Entente des forces de l’opposition, pour faire contrepoids au Pds.

Pour parler du cas du Karim Wade par rapport au Pds, je pense que cette manœuvre politique à l’époque pour Wade, est de mettre la pression sur la Crei et sur Macky Sall, parce que Karim Wade avait été fait candidat à la veille du verdict de la Crei. Il voulait tout simplement jouer ce pion politique pour que la Crei et Macky Sall hésitent à condamner le candidat du principal candidat de l’opposition. Mais, en réalité, au niveau du Pds, il n’y a jusque là que des Wadistes et des suivistes. Ce que j’appelle des suivistes, ce sont les responsables qui ne font que suivre le mouvement et à un moment donné, le mouvement était qu’il fallait que le parti se mobilise autour de la libération de Karim Wade. Mais, il n’y a pas au sein de la direction du Pds actuel, des karimistes convaincus. C’est la base qui y croit, c’est les groupes de sympathie qui y croient, mais ce n’est pas le Pds qui croit résolument à la candidature de Karim Wade. Donc, même le Pds est piégé par le cas Karim Wade, à présent.

Quand vous dites que le Pds est piégé par le cas Karim Wade, est-ce qu’avec cette posture, on peut toujours considérer le parti d’Abdoulaye Wade comme la locomotive de l’opposition actuellement ?

Très difficilement. Parce que, d’abord, il y a le Front patriotique pour la défense de la République (Fpdr), qui n’est pas contrôlé en réalité par le Pds, mais plutôt par un allié du Pds, en l’occurrence Mamadou Diop Decroix. Dans ce Fpdr, il y en a qui étaient convaincus de se retrouver autour d’une plateforme commune à soumettre à Macky Sall, et qui allait être l’instrument de leur lutte. Les points de cette plateforme tournaient autour d’abord du départ du ministre Abdoulaye Daouda Diallo du ministre de l’intérieur, en tant que chargé de l’organisation des élections, l’audit du fichier électoral, l’évolution de la Cena vers la Ceni, et la fin des restrictions de manifestations, etc. Voila la plateforme autour de laquelle s’étaient retrouvés beaucoup de partis appartenant au Fpdr. Mais dès lors que ce combat va être orienté vers une conquête du pouvoir par Karim Wade, certains vont freiner des quatre fers parce qu’ils ne se retrouveront pas dans ce mouvement là qui consistera à installer Karim Wade au pouvoir. A ce niveau là, je crois qu’il y aura des problèmes. Au-delà du Pds, le cas Karim Wade va même poser un problème au sein du Fpdr, parce que l’unanimité qu’il y a eu jusque-là va, sans doute, s’étioler avec le cas Karim Wade. Vous vous serez rendus compte que la lutte de ce Front là a un peu ramollie depuis qu’on a commencé à parler de la libération ou non de Karim Wade jusqu’à sa libération.

Que le cas de Karim Wade pose problème au sein de son propre parti le Pds, et aussi au sein du Fpdr, quelles conséquences pour l’opposition aux prochaines élections législatives ?

Il sera extrêmement compliqué de préfigurer de ce que sera l’ossature ou l’échiquier politique avec les législatives. Je crois qu’il y a des partis, de façon souterraine, qui sont en train de travailler pour cela. Parce qu’ils se sont rendu compte en réalité, avec des investitures à la carte, qu’ils peuvent imposer une cohabitation à Macky Sall. Mais, cela suppose que l’opposition aille en bloc et qu’au niveau des différentes localités, les responsables qui sont membres de ce bloc là, puissent diriger des listes départementales pour avoir le maximum de sièges au niveau des départements et avoir également des suffrages au plan national pour disposer d’un nombre de députés qui peut leur permettre de contrebalancer la majorité actuelle. Mais, tel que se présente l’échiquier politique, je ne vois pas se dessiner un bloc soudé résolument décidé à aller ensemble aux législatives. Cela pouvait se faire dans le cadre du Fpdr, ancienne version, c’est-à-dire du Fpdr qui avait une plateforme commune à opposer à Macky Sall. Mais, dès lors que le jeu parait biaisé pour pas mal de composantes du Fpdr, le combat va ramollir au sein du Fpdr, les lignes vont se distendre un peu. La preuve, Rewmi d’Idrissa Seck était membre du Fpdr à un moment donné, mais vous voyez qu’il commence à prendre ses distances après les attaques d’Idy contre le Pds et l’Apr, dès lors qu’il a eu à épingler un deal entre Abdoulaye Wade, Macky Sall et Karim Wade. Vous vous serez rendu compte que Fada, Souleymane Ndéné Ndiaye, etc, qui non seulement sont partis du Pds, mais aussi ont créé un bloc pour se soutenir mutuellement. Les autres partis qui sont restés au sein du Fpdr, il y en a qui n’ont pas manifesté ouvertement leur prise de position par rapport à la libération. Mais il est clair qu’ils ne sont pas aussi engagés au sein du Fpdr qu’ils l’étaient il y a quelques mois. Donc, ça veut dire que c’est très mal barré, et il est extrêmement difficile en ce moment précis de dire qu’est-ce qui sera fait, avec qui et qui vont se retrouver, etc.

MOUSSA DIAW, ANALYSTE POLITIQUE SUR LE PDS APRES LA GRACE DE KARIM : «Il y a un vide politique au sein du Pds…»

Le Parti démocratique sénégalais (Pds) semble aphone depuis la libération de Karim Wade, par grâce présidentielle. Ne pensez-vous pas que Karim puisse être le facteur bloquant du Pds pour les prochaines échéances électorales ?

Il est vrai qu’on a satisfait la revendication cardinale, qui est celle de la libération de Karim Wade. En plus, l’opposition reste encore divisée. Le Parti démocratique sénégalais (Pds) est éclaté en plusieurs mouvements et il leur manque un leader. La candidature de Karim Wade a été, à mon avis, une stratégie de lutte pour sa libération. Le problème, c’est qu’après, il n’y a pas une continuité de cette stratégie qui consistait d’abord à le sortir et à cristalliser l’opposition, dans son ensemble, autour de cet enjeux. Maintenant qu’il y a libération et que Karim Wade est à l’extérieur, c’est un autre problème. L’opposition a du mal à s’organiser, à se structurer. Et puis, le Pds manque de leader parce qu’on n’entend plus Abdoulaye Wade. Parce que son problème numéro 1 consistait à faire libérer son fils. Maintenant qu’il y a une sorte d’entente tacite entre le Pds et l’Apr, les attaques se sont amenuisées. Ce qui est explique une certaine léthargie au niveau de l’opposition, même si quelques mouvements essaient de s’organiser pour parer à toutes éventualités. Mais, quand on regarde l’ensemble de la configuration, on se rend compte qu’il n’y a pas de dynamique ni interne, ni stratégique pour les prochaines échéances. Donc, il y a de sérieux problèmes au niveau de l’opposition, particulièrement au sein même du Pds. Faut-il continuer à croire à une candidature de Karim Wade, même s’il est à l’extérieur et qu’il bénéficie de la part de l’opinion une image favorable de victime qui, a tort ou à raison, a été libéré ? Si on se situe dans une perspective de lutte politique, il va falloir s’organiser. Parce qu’un parti politique, c’est la conquête du pouvoir. A ce niveau là, il y a qu’en même matière à faire. Parce qu’il y a un vide politique au niveau du Pds et cela n’augure pas un avenir pour un parti qui aspire à revenir au pouvoir.

Est-ce qu’avec ce vide politique, on ne serait pas tenté de dire que le Pds, qui était jusque-là considéré comme la locomotive de l’opposition, a perdu sa place de leader de l’opposition ?

Oui, cette locomotive là est apparemment en panne. C’est parce que ça manque de tête. Je veux dire de leader, quelqu’un autour duquel va se faire une organisation pour une conquête du pouvoir. Cela veut dire, choisir déjà quelqu’un parmi eux. Ensuite, concevoir un projet politique alternatif. Et ça, c’est un autre problème. Cela veut dire, tirer les leçons de la défaite, réfléchir sur les demandes sociales que posent les Sénégalais aux hommes politiques, et proposer des solutions à travers des projets, des politiques publiques, etc. C’est un travail d’expert au niveau de leur parti. C’est un travail aussi de combat de longue haleine. Il faut nécessairement du temps et le temps compte puisqu’on est à moins d’un an des prochaines échéances, si jamais il n’y a pas de report. Donc, le temps est compté. S’il persiste à revenir au pouvoir, cela demande beaucoup d’organisation, beaucoup de structurations, et surtout de projets de société.

Si toutefois le vide politique au Pds persiste, sans oublier les nombreux départs au sein du parti, à savoir Souleymane Ndéné Ndiaye, Alioune Sow, Modou Diagne Fada, Abdoulaye Baldé, entre autres, à quelles conséquences peut-on s’attendre pour les prochaines législatives ?

S’il n’y pas de relance de parti et qu’on considère aujourd’hui que le Pds est le principal parti de l’opposition, ça veut dire simplement qu’il y a un boulevard qui est ouvert au Président Macky Sall. En ce moment, quand on regard le jeu politique sénégalais, à mon avis, je ne vois pas un parti qui puisse représenter un candidat sérieux qui pourrait l’affronter, compte tenu de la configuration. Pour l’instant, il n’y a pas une personnalité qui émerge et qui puisse consolider et organiser l’opposition. Cela demande du temps. Il faudra essayer de rassembler tout ce monde au sein d’une opposition plurielle, les regrouper avec des enjeux différents. Ça, il faut quelqu’un qui est pragmatique dans sa méthode. Pour l’instant, je n’en vois pas. Ça veut dire tout simplement que Macky Sall, pour gagner des élections si elles se font dans les délais, il peut dormir sur ses lauriers. Parce qu’il n’y a pas une opposition qui pourrait le contrer et l’empêcher d’avoir une majorité.

sudonline.sn

2 Commentaires

  1. Vous concluez: »Macky Sall peut dormir sur ses lauriers » Il le mérite et je le lui souhaite vivement. Connaissant bien mon pays, c’est quand il semble ne se pointer aucun obstacle devant soi, qu’il conviendrait de se prendre sérieusement la tête dans les mains et de se demander avec une juste circonspection ,  » par où le hic? ». Il faudrait donc une vigilance accrue à chaque instant. Rien n’est ni gagné ni perdu d’avance. Tout restant dans le domaine du possible

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