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Abdoulaye Bathily, Un Historien Sénégalais, « Libre D’esprit » À La Conquête De La Présidence De La Commission De L’ua

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L’ancien ministre sénégalais Abdoulaye Bathily, représentant du Secrétaire général de l’ONU en Afrique centrale, est candidat au poste de président de la Commission de l’Union africaine (UA).
Né en 1947 à Touabou (Bakel), M. Bathily est présenté comme « un historien, universitaire et homme politique sénégalais, plusieurs fois député et ministre ».
Présenté depuis sa prime jeunesse comme un ’’élève turbulent’’, le leader de la Ligue démocratique/mouvement pour le parti du travail (LD/MPT), est fortement caractérisé par son esprit contestataire.
Alors qu’il poursuivait ses études secondaires au Prytanée militaire Charles Ntchorere de Saint-Louis, il est renvoyé en avril 1966 pour avoir mené une grève de la faim pour protester contre les conditions de vie des étudiants. A cette époque déjà, le professeur Abdoulaye Bathily militait activement dans les cellules du Parti africain de l’indépendance (PAI), la formation politique qui a comme qui dirait enfanté tous les partis sénégalais qui se réclameront plus tard du marxisme léninisme.
Courage et indépendance d’esprit caractériseront, par la suite, la trajectoire de Bathily. Exclu du Prytanée militaire de Saint-Louis en classe de première et muni seulement d’un BEPC, il monte à Dakar et trouve un travail de technicien en laboratoire à l’université.
En même temps, il poursuit ses études et après avoir obtenu son baccalauréat en 1967, il s’inscrit à l’université de Dakar, pour être porté une année plus tard à la tête de l’Union démocratique des étudiants sénégalais, en octobre 1968.
Déjà en « mai 1968’’, il était résolument engagé, comme on pouvait s’y attendre, du côté des contestataires. A la faveur de la forte agitation qui règnait à l’université de Dakar au début des années 1970, le régime de Senghor emprunte la manière forte : il arrête les dirigeants du mouvement estudiantin dont Bathily, puis les enrôle dans l’armée.
Après ce passage sous les drapeaux (mars 1971-septembre 1972), Abdoulaye Bathily bénéficie d’une bourse d’études de l’université de Birmingham où il parvient à décrocher, en trois ans, un Ph.D
De retour au Sénégal en 1975, il obtient un poste d’assistant au département d’histoire de l’université de Dakar, concomitamment avec son idéal politique dont il prolonge la quête au sein de la LD/MPT, qui venait de naître, dans la clandestinité, des flancs du PAI.
Devenu secrétaire général de la LD/MPT en 1984, il lance son parti dans la bataille pour la présidentielle de février 1993, après avoir notamment soutenu le président Abdoulaye Wade en 1988.
Entre-temps, son parti avait abandonné sa connotation marxiste pour devenir un parti de gauche au cours de son congrès extraordinaire de 1991. Elu député avec deux de ses compagnons à l’issue des législatives de 1993, Abdoulaye Bathily, longtemps demeuré un opposant inconditionnel sous les présidents Senghor et Diouf, va répondre à l’invitation de ce dernier d’entrer au gouvernement comme ministre de l’Environnement
Il quitte le gouvernement en 1998, avec la fin de l’expérience d’une opposition « participative’’.
La victoire du candidat Abdoulaye Wade à la présidentielle de février-mars 2000 le rappellera par la suite aux affaires gouvernementales comme ministre de l’Energie et de l’Hydraulique. Cerise sur le gâteau pour un des principaux soutiens de Wade lors de la campagne victorieuse de 2000 : il occupe le troisième rang protocolaire du gouvernement.
Lors des législatives de 2001, Bathily va triompher de Cheikh Abdoul Khadre Cissokho, présenté comme « baron’’ du Parti socialiste à Bakel.
Cette localité du nord Sénégal, d’où il est originaire, était également connue pour être un des fiefs de la formation socialiste. Cette victoire l’a sans doute poussé à rester à l’Assemblée nationale plutôt qu’au gouvernement. Au sein de l’institution parlementaire, il se verra récompensé d’un troisième poste de vice-président.
Mais le compagnonnage avec Abdoulaye Wade sera rompu et en 2007, il se présente à la présidentielle sous la bannière de la coalition « Jubanti Sénégal » (Redresser le Sénégal). Depuis lors, Bathliy et son parti seront à la pointe du combat de l’opposition sénégalaise contre Me Wade. Il prendra une part active à la coalition Bennoo Siggil Sénégal (BSS) qui portera la candidature de Moustapha Niasse au premier tour de la présidentielle de 2012.
Après avoir soutenu Macky Sall lors du 2e tour de la présidentielle dans le cadre de la Coalition Bennoo Bokk Yaakaar (BBY), Abdoulaye Bathily est nommé ministre d’Etat auprès du président de la République.
Le professeur d’histoire moderne et contemporaine démissionnera de cette fonction après sa nomination au poste de Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU et chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA).
Il fut aussi facilitateur dans la crise au Burundi. Cet intellectuel bilingue qui a également quitté la présidence de son parti, la LD, en 2013 après 29 ans d’exercice, est auteur de plusieurs ouvrages.
Au titre de ces publications, on peut citer : « Les portes de l’or : le royaume du Galam de l’ère musulmane aux temps des négriers 8e -18e siècle’’ (Paris, L’Harmattan, 1989), « The military and militarism in Africa’’ (en collaboration).Abdoulaye Bathily qui compte parmi ses amis notamment Alpha Oumar Konaré, ancien président de l’Union africaine, et Henriette Dagri-Diabaté, du Rassemblement des républicains (Côte d’Ivoire), est père de quatre enfants : trois filles et un garçon.

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1 COMMENTAIRE

  1. « Union Africaine : du boycott annoncé et réalisé par Macky Sall au sommet de Kigali. »
    Par Dr. Hugues Awanhet Ntawanga
    Anthropologue et Politologue gabonais
    Le sommet de l’Union Africaine qui vient de s’achever à Kigali au Rwanda est remarquable par les décisions prises par l’organisation panafricaine pour améliorer les dispositifs qui garantissent le respect des droits de l’homme et en particuliers celui des femmes dans le continent. L’une des grandes avancées de ce sommet aura été l’adoption de l’accord relatif au financement de la Commission de l’Union Africaine afin de mettre fin aux influences des donateurs, qui finissent par dicter aux africains leur point de vue au détriment des aspirations des africains. C’est donc une décision qui vise à recouvrir notre indépendance. Outre cette question, ont aussi été abordées la question de la participation de l’Afrique au conseil de sécurité des nations unies, la création d’un espace unique pour le commerce en Afrique et la réintégration du Maroc au sein de l’organisation.
    Le point d’achoppement aura été l’élection du président de la Commission. Ce qui en réalité n’est pas surprenant pour tout observateur attentif de la vie politique en Afrique, dès lors que monsieur Macky Sall et la présidente de la Commission, Madame Nkosazan Dlamini Zuma, étaient déjà entrés en fronde depuis les mois qui ont suivis la clôture officielle des candidatures, pour s’opposer aux candidats du Botswana, de l’Ouganda et de la Guinée Equatoriale. Ces trois candidats étant ceux qui avaient déposé leurs dossiers de candidature conformément au calendrier fixé par la Commission de l’Union Africaine. Il nous faut relever que les arguments avancés par monsieur Macky Sall et madame Nkosazana, repris et largement diffusés par des articles naturellement commandés, sont d’un caractère abjecte et irrespectueux vis-à-vis des trois candidats et de leurs pays.
    Depuis des mois monsieur Macky Sall à travers des publications de presses écrites faisait dire que monsieur Bathilly son candidat parfait, est celui qui aurait le profile pour cette fonction de Président de la Commission de l’Union Africaone. Les autres africains qui postulent à cette fonction seraient incapables d’occuper une telle fonction. Ce qui est une insulte non seulement à l’intelligence des candidats, mais bien plus un mépris manifeste à l’endroit des gouvernements et des citoyens africains qui ont placé en ces candidats leur espérance pour une autre Afrique, une Afrique à la recherche de son indépendance. Et nous sommes en droit de nous poser des questions sur l’aspiration profonde de nos dirigeants à rechercher cette indépendance au regard de l’attitude de Macky Sall qui dit à propos des trois candidats, qu’ils manquent de profile et d’envergure. Mais quel profile avait Macky Sall avant qu’Abdoulaye Wade ne fasse de lui ce qu’il est aujourd’hui ? Quelle a été sa trajectoire professionnelle ? Avait-il le meilleur profile au Sénégal pour être élu président de la république ou pour occuper les différents postes auxquels il a accédé ? Qu’entend-t-il par «ne pas avoir le profile ? »
    Lorsqu’on a fait ses études, et qu’on a intégré une institution comme l’UNESCO en gravissant tous les échelons professionnels sans l’aide de son pays et y être resté pendant 18 ans, de quel profile veut parler Macky Sall ? On sait comment le président Abdoulaye Wade a fait de lui ce qu’il est aujourd’hui ! Sur le plan du parcours professionnel, il n’y a rien d’équivalent entre son parcours et celui du ministre des affaires étrangères de la Guinée Equatoriale. Entre celui du ministre équato-guinéen qui a enregistré des réussites et celui du fameux Bathily, dont on a aucune connaissance des réussites en Afrique Centrale où il est envoyé spécial, il n’y a pas d’équivalent en termes de trajectoire professionnelle. Ce n’est qu’en Afrique, avec des dirigeants comme Macky Sall qu’on cherche à promouvoir des personnes qui n’ont pas fait leurs preuves et qui n’ont pas obtenu des réussites dans leur carrière. Il y a des conflits récurrents en Afrique centrale, qu’a fait Bathily ? Les méthodes sont les mêmes, si ce n’est une diplomatie du mégaphone, du discours. Macky Sall pense défendre les intérêts de l’Afrique avec des personnes comme Bathily en boycottant l’élection et en faisant une contre campagne à l’endroit des candidats du Botswana, de l’Ouganda et de la Guinée Equatoriale tout en se servant de la CDEAO. Mais où étaient Macky Sall et Bathily lorsqu’il fallait déposer les candidatures à la date fixée par l’Union Africaine ?
    Certains ouest africains sont allés jusqu’à soutenir qu’il n’y avait pas de candidat francophone, oubliant que la Guinée Equatoriale est membre de la Francophonie et partage la même monnaie avec les autres pays de la zone franc CFA. De quelle Francophonie parle-t-on ? Y a-t-il dans cette organisation des pays plus dignes d’appartenir à la francophonie que d’autres ? D’aucuns diront que le français est la deuxième langue en Guinée Equatoriale, mais en Roumanie le Français est aussi bien la deuxième langue, ce n’est pas pour autant qu’on dise que la Roumanie n’est pas un pays membre de la francophonie. Qu’on arrête ce complexe de supériorité qui nous rappelle l’attitude du bon esclave proche du maître, se croyant supérieur aux esclaves soumis aux corvées et enchaînés. Mais en réalité une telle attitude de l’esclave contremaître est semblable à celle qu’enseigne les Saintes écritures en déclarant que : « Aussi longtemps que l’héritier est enfant, il ne diffère en rien d’un esclave ». Donc l’attitude de certains chefs d’Etats africains témoigne d’un manque de maturité qui rappelle cette image de l’héritier qui, aussi longtemps qu’il demeure enfant reste esclave. Les faits sont en effet têtus et si on ne prend garde, l’Afrique fera du sur place malgré les grandes envolées lyriques et philosophiques. L’un des reproches faits à l’organisation panafricaine est en effet son manque de pragmatisme, de stratégies efficaces et l’absence d’implémentation de ses décisions, notamment les règles que se donnent les Etats en vue de l’intégration politique et économique du continent.
    Nous avons entendu certains parler des droits de l’homme qui n’étaient pas respectés en Guinée Equatoriale comme étant la cause de l’obstruction de la voie d’accès du candidat de la Guinée Equatoriale au poste de président de la Commission de l’Union Africaine. Mais le Sénégal ne peut en la matière être un donneur de leçons. Je tiens à rappeler à monsieur Macky Sall, que depuis de nombreuses années le Sénégal ne respecte pas les droits des enfants de la rue qu’on exploite et qui ne sont pas éduqués, même si récemment son gouvernement a pris la décision que ces enfants ne soient plus dans la rue. Mais les associations de la société civile sénégalaise évoquent le manque de mesures d’accompagnement à cette décision, et les enfants sont toujours dans les rues de Dakar et le problème demeure. Comment expliquer que dans un pays comme le Sénégal, les droits fondamentaux de nombreux enfants soient bafoués ? En matière de bien-être, de nombreux sénégalais n’ont toujours pas accès à l’électricité et à l’eau. Alors, qu’il commence à trouver des réponses aux droits fondamentaux de ces nombreux sénégalais qui vivent encore dans la pauvreté.
    Des troubles dans les eaux saumâtres de l’UA
    Le sommet qui vient de s’achever, a une fois de plus mis en lumière le virus de la division qui infecte certains de nos dirigeants qui pensent que l’Union Africaine est leur propriété. La pratique actuelle consistant à obstruer les horizons du continent confirme le développement de l’obstruction comme pratique anti-démocratique au sein de l’Union Africaine. En 2012, l’Afrique du Sud avait déjà fait usage de ce procédé pour l’élection de madame Nkosazana Dlamini Zuma. Le tour est aujourd’hui revenu à Macky Sall et à la présidente sortante Nkosazana Dlamini Zuma de faire usage de ce principe anti-démocratique. Comment en effet expliquer qu’un président élu dans son pays, et une présidente de la Commission de l’UA puissent refuser de respecter les règles que l’Union Africaine s’est fixée pour le dépôt et la publication de candidatures. Comment expliquer qu’un président décide de boycotter une élection et de retarder davantage le travail d’une commission déjà atone. L’attitude de monsieur Macky Sall n’est pas admissible. Il savait que madame Nkosazana Dlamini Zuma ne briguerait plus ce poste. Et depuis l’annonce du départ de Mme Dlamini Nkozasana Zuma de la présidence de la Commission de l’Union Africaine, les milieux diplomatiques africains avaient même envisagé la candidature sénégalaise du Dr Cheikh Tidiane Gadio parmi les noms qui circulaient avant la date de dépôt de candidature à la C.U.A.
    Mais le Sénégal n’a pas marqué son intérêt pour le poste à ce moment là. Et contrairement à l’engouement qu’avait suscitée cette annonce sénégalaise dans les milieux diplomatiques, seul trois candidats ont marqué leur intérêt pour le poste de Président de la Commission de l’Union Africaine en déposant leurs dossiers dans les délais fixés par le secrétariat de l’organisation : le 31 mars 2016. Il s’agissait de madame Pelonomi Venson-Moitoi, ministre Botswanaise des Affaires étrangères, de madame Wandira-Kazibwe, actuelle conseillère spéciale du président de l’Ouganda et envoyée spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies pour le VIH/Sida en Afrique et de monsieur Agapito Mba Mokuy, actuel ministre des affaires étrangères de la Guinée Equatoriale. On se demande donc d’où vient cette motivation subite et post-délai de monsieur Macky Sall ? De plus, ce Monsieur Macky Sall qui insulte les candidats des autres pays, jouissait de toute la liberté d’introduire le dossier du candidat du Sénégal. Où était Bathilly ? Etait-il dans un profond sommeil au point d’oublier de se réveiller à la bonne heure pour constituer son dossier dans les délais fixés !
    Les reculades ou les désistements de Macky Sall dans le choix d’un candidat entre le Dr Cheikh Tidiane Gadio qui remplissait les critères pour assumer cette fonction et un Abdoulaye Bathily dont la candidature est apparue bien au-delà de la date, témoignent du choix de Macky Sall de l’obstruction comme tactique politique. Sinon comment pourrait-il expliquer son silence à soutenir la candidature d’un compatriote qui jouissait du soutien de nombreux africains. Le Dr Cheikh Tidiane Gadio fait partie de ces africains qu’on aurait aimé voir assumer cette fonction. Et de ce point de vue l’attitude de Macky Sall ayant consisté à ignorer cette candidature pour soutenir une candidature envisagée hors des délais fixés, constitue une autre obstruction dont les insultes, le mépris et la fronde ont été le terreau de sa diplomatie du boycott clairement exprimée lors de l’élection de Kigali. Monsieur Macky Sall est fier de sa diplomatie du boycott, à en lire toutes ses déclarations dans la presse à la suite du sommet de Kigali. Dans un article intitulé « Macky diplomatiquement ! » paru dans SEN360, Abdoulaye THIAM déclare que « Macky Sall a réussi la prouesse par un blocage », et il ajoute de même : « qu’il fallait manœuvrer pour qu’aucun des trois candidats en lice ne parviennent à obtenir les deux tiers des voix ». Si et seulement si cette technique et cette manœuvre pouvait aussi servir l’Afrique pour libérer les africains du franc CFA ou encore solliciter des 28 gouvernements qui se sont abstenus de leur vote, pour qu’ils se lèvent contre les projets néocolonialistes courants en Afrique. Mais bon, on ne se lève en Afrique que pour contrecarrer les projets des frères africains qui militent pour l’indépendance véritable du Continent.
    Sinon comment comprendre l’acharnement de Macky Sall à faire passer d’autres africains comme des incapables. Comment en effet penser un seul instant, que madame Speciosa Wandira-Kazibwe, ancienne vice-présidente de l’Ouganda et envoyé spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies pour le VIH/SIDA en Afrique, dont le leadership dans la riposte contre le Sida et les réformes du système de santé en Ouganda, qui ont été reconnus par les instances onusiennes, soit qualifiée de « candidat de troisième classe » ? Comment expliquer que madame Pelonomi Venson-Moitoi, qui a travaillé au sein du système des Nations Unies en Gambie et au Zimbabwe et qui est l’actuelle ministre des affaires étrangère du Botswana, soit qualifiée de « candidate de troisième classe » ou de « candidate moins africaniste » ?
    Comment faire semblant d’ignorer le bagage intellectuel et la riche expérience professionnelle du ministre des affaires étrangères équato-guinéen, monsieur Agapito Mba Mokuy, qui a passé dix-huit années professionnelles à l’Unesco à Paris ? L’empreinte de son expérience professionnelle, on peut le constater, a largement contribué à faire aujourd’hui de la capitale de la Guinée Equatoriale, Malabo, une place diplomatique majeure en Afrique. L’intérêt du gouvernement équato-guinéen pour les questions africaines n’est plus à démontrer. La Guinée Equatoriale s’est largement impliquée en direction d’autres pays du continent, soit par des actions de solidarité, soit par des actions visant l’amélioration des conditions de vie des populations africaines ou encore par l’organisation de sommets de l’Union Africaine.
    Qualifier ces filles et ce fils d’Afrique : de « candidats de troisième classe », de « candidats moins africanistes » ou de « candidats de peu d’envergure », au mépris de leurs capacités intellectuelles et professionnelles, n’est pas responsable, digne et considérable, surtout lorsqu’on connaît ce que chacun de ces candidats pourrait mettre au service de cette commission pour impulser la nouvelle énergie dont elle a besoin et enfin engager les réformes tant attendues. S’il y a un lieu où le déni de reconnaissance et le discours démagogique devraient être exclus, c’est bien à la Commission de l’Union Africaine. Cette dernière ne doit non plus être le lieu où un quelconque leader africain viendrait assouvir ses buts. Ce n’est non plus une voie de garage. C’est l’endroit par excellence où les leaders africains doivent se mettre au service du développement de l’Afrique.
    La posture actuelle du président sénégalais nous paraît contre-productive dans une Union Africaine déjà marquée par les turpitudes de la présidente de la Commission de l’Union Africaine. La position actuelle de la commission de l’Union Africaine est d’ailleurs plus qu’ambiguë, alors qu’elle doit jouer en pareille circonstance un rôle d’arbitre. L’impartialité de madame Nkosazana Dlamini Zuma a été manifeste dans ce dossier désormais brulant. La non publication de la liste des candidats dans les délais fixés et les tractations informelles pour repousser l’élection sont autant d’éléments qui augurent déjà des lendemains à la Commission de l’UA où la sérénité est désormais de façade et cela pour bien longtemps. L’arrivée de madame Dlamini Nkosazana avait pourtant suscité en son temps de l’espoir. Mais au final sa posture n’a été que contre-productive. Au lieu d’une réelle implication en faveur des réformes, il est plutôt apparu que durant les quatre années passées à la tête de la Commission de l’UA, la présidente a été plus enclin à satisfaire ses ambitions politiques en Afrique du sud. Elle s’est régulièrement absentée aux réunions de la commission de l’UA à Addis Abeba, pour se consacrer à celles de son parti politique l’ANC en Afrique du Sud.
    Elle a été incapable de procéder aux réformes qu’elle avait annoncées, mais elle ne s’est pas privée de dénigrer les candidats dont les dossiers ont été régulièrement déposés au secrétariat en les traitant de « candidats n’ayant pas d’envergure ». Cette position qui a été relayée par des médias à la solde qui manque d’analyses objectives nous parait abjecte et sans fondement rationnel. Et c’est un réel manque de respect à l’endroit des pays qui ont proposé ces candidatures, lorsqu’on sait que les citoyens de tous les pays africains sont égaux et que tous avaient la possibilité de présenter leur meilleur candidat. Pourquoi ceux qui se sentaient les meilleurs profiles n’ont-t-ils pas présenté leurs candidatures dans les délais requis ?
    En tant que citoyen africain, non ressortissant de la Guinée Equatoriale, je voudrais relever le fait suivant : le candidat Agapito Mba Mokuy a le mérite d’avoir introduit dans sa campagne les thèmes qui ont été repris au sommet de Kigali. Et jamais de mémoire un candidat de l’Union Africaine, n’a placé la jeunesse au centre de son action, allant même jusqu’à proposer la création d’un département de la jeunesse au sein de la Commission de l’UA, et cette idée a été reprise au sommet de Kigali. Sa démarche consistant à se rapprocher de la jeunesse et d’insuffler dans leur conscience l’imaginaire du panafricanisme, est également inédite. Et parce qu’il est le seul candidat qui a pris position sur ces sujets, il me semble être le candidat porteur de la nouvelle espérance à laquelle aspire la jeunesse africaine. Et cette candidature est par ailleurs digne d’intérêt parce qu’elle est incarnée par un homme qui est à la fois diplomate de carrière et politique, c’est-à-dire un homme rompu à la tâche et aux pratiques auxquelles doit être confronté le leader d’une organisation internationale. Sa connaissance des rouages est un atout indéniable surtout lorsqu’on sait qu’il est issu d’une institution (Unesco) qui a expérimenté un vaste programme de réformes et de façon exemplaire. Son expérience acquise en 18 ans à l’Unesco associée à sa connaissance du champ politique africain, pourrait être la solution à l’expérimentation d’un nouveau paradigme, qui consisterait à faire sortir la Commission de l’Union Africaine de sa politisation outrancière actuelle pour céder le pas au pragmatisme et à l’action.
    Le panafricanisme, on le sait est un pari sur l’avenir, une vision dynamique. Pour que les réformes soient conduites, il faut des personnes capables de les conduire, et ces personnes sont celles qui jouissent d’une expérience en la matière. L’Afrique a besoin de rompre avec la diplomatie du mégaphone et d’entrer dans une diplomatie qui associe (1) Politique, (2) technocratie, (3) société civile et (4) recherche. Cette diplomatie est celle qui comprend que les problèmes et les dynamiques qui se produisent à l’échelle locale, continentale et globale se doivent d’être encadrées par des hommes et des femmes qui sortent des schémas de la politique politicienne, sujette au copinage et à la manipulation. L’Union Africaine a besoin de compétence. Si les problèmes ne sont pas traités à leurs racines, il n’y aura pas de changement. Et ceci commence maintenant avec une nouvelle génération de dirigeants, car l’UA mérite mieux que le cinéma actuel de ses dirigeants, car nous savons d’avance qu’il ne mènera nulle part, si ce n’est pour troubler davantage des eaux saumâtres déjà fortement troublées par le fonctionnement actuel. Les procédures et les agissements de Macky Sall et de ceux qui l’ont soutenu, sont pour le recul de l’Afrique.
    Par Dr. Hugues Awanhet Ntawanga
    Anthropologue et Politologue gabonais
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