La volonté des autorités gouvernementales d’éradiquer la mendicité, sous toutes ses formes, commence à porter ses fruits. Ainsi, la justice est entrée dans la danse et sept maîtres coraniques, qui risquent six mois de prison, ont été jugés hier, accusés d’incitation de mineurs à la mendicité, avec des talibés provenant de pays limitrophes du Sénégal.Alors que ces marabouts soutiennent que la mendicité est leur seule source de subsistance, les avocats parlent de décision pour faire plaisir aux bailleurs de fonds. Le gouvernement du Sénégal ne badine pas avec la mesure d’interdiction de la mendicité, sous toutes ses formes, dans la capitale sénégalaise. Après l’annonce faite par le Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye suivie de la police qui devrait appliquer la décision, la justice est entrée en jeu dans cette nouvelle politique instaurée par l’Etat contre les mendiants. Sept maîtres coraniques arrêtés depuis lundi dernier, ont été jugés hier, mercredi, pour incitation de mineurs à la mendicité. Yoro Kandé, Abdoulaye Anne, Ousmane Ndione, Yaya Mbalo, Mouhamadou Saliou Mballo, Ibrahima Dème et Boubacar Diao risquent de purger six mois de prison pour avoir ordonné à leurs talibés de tendre la main à travers les rues de la capitale.Cependant, les raisons qui poussent ces maîtres coraniques à ordonner à ces enfants talibés de mendier sont diverses. Yoro Kandé (28 ans) qui a sous son toit 20 talibés originaires de la Guinée-Bissau, affirme que la mendicité est sa seule source de subsistance. Par contre, pour Abdoulaye Anne (domicilié à la Médina), c’est pour le paiement de la location des locaux qui l’abritent lui et ses talibés provenant de Kolda. Le quinquagénaire Ousmane Ndione qui a sous ses ordres 25 talibés, se livre à ces pratiques depuis 20 ans, pour nourrir sa famille. Tous les autres maîtres coraniques qui possèdent des talibés qui viennent des pays limitrophes du Sénégal et de l’intérieur du pays sont d’avis que, c’est grâce à la mendicité qu’ils arrivent à nourrir leur progéniture. Une situation qui en appelle aujourd’hui à l’attention de la justice sénégalaise, avec notamment le procureur de la République, par ailleurs chargé de la protection des citoyens. C’est sous ce rapport qu’il va rappeler les mesures qui sous-tendent l’interdiction de la mendicité instaurée par le gouvernement du Sénégal. Le procureur de la République évoque, à ce propos, les fléaux qui guettent ces enfants de la rue, avec notamment les cas de pédophilie, la délinquance ainsi que les maladies diverses, surtout en cette période d’hivernage. Le substitut du procureur Baye Thiam de préciser à cet effet : ‘Ce n’est pas une nouvelle loi. La loi a toujours existé, mais l’application n’était pas toujours fréquente. Il appartient aujourd’hui aux autorités judiciaires de prendre des sanctions exemplaires contre ce genre de pratiques qui ne sont pas enseignées par la religion’. Les avocats chargés de défendre les sept maîtres coraniques ont fustigé le fait que cette loi n’ait jamais été appliquée auparavant. Ils parlent ainsi de la légèreté de l’Etat du Sénégal qu’ils indexent comme étant à l’origine de toute cette situation. ’L’interdiction de la mendicité n’est rien d’autre qu’une mesure prise pour faire plaisir aux bailleurs de fonds et aux institutions de Bretton Woods (Banque mondiale, Fmi). Il faut prendre en compte la tradition culturelle africaine et sénégalaise’. La conviction émane des robes noires qui sollicitent une peine d’avertissement assortie du sursis pour les marabouts. Au bout du compte, Yoro Kandé, Abdoulaye Anne, Ousmane Ndione, Yaya Mbalo, Mouhamadou Saliou Mballo, Ibrahima Dème et Boubacar Diao auront droit au verdict de leur procès, mercredi prochain. Pape NDIAYE |
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