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Suppression de la fonction de Président de la République , un préalable à l’Émergence du Sénégal

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Je ne cesserai jamais de dire que le fond du problème dans nos pays est le système absurde dans lequel nous nous sommes enfermés et refusons de sortir. Un système que nous n’avons ni choisi , ni conçu ou songé à améliorer. S’il est vrai qu’il ne faut pas changer une équipe qui gagne, serait il nécessaire de préciser qu’une équipe qui perd tout le temps devrait être changée? Autrement dit, après plus de 60 ans d’indépendance, avec le système actuel, nos États peinent toujours à répondre aux attentes les plus basiques des populations et rien n’a été fait pour changer de système.

La pauvreté, la misère sociale, les inégalités, l’analphabétisme, la famine, le chômage, n’ont fait que s’accentuer. Pendant ce temps, nos politiciens professionnels au pouvoir n’ont cessé de devenir, de plus en plus, riches avec un train de vie digne d’un milliardaire saoudien. Le paradoxe est que malgré un tel échec du système, nous refusons de nous poser les bonnes questions afin d’apporter les bonnes mesures correctives.

Aux petits maux, les bons remèdes dit-on. Je trouve absurde que des millions de citoyens acceptent de confier leur destin en tant que nation à une seule personne. Dans nos pays,le Président de la République a trop de pouvoirs. Il se fait tailler la part du lion dans la constitution. En effet, toutes nos constitutions successives ont été intégralement rédigées par et pour étendre sans cesse les pouvoirs de ce dernier. La preuve en est qu’ à chaque Président, élu, sa propre constitution taillée sur mesure avec la complicité de juristes corrompus.

D’ailleurs, cette attitude égoïste saute aux yeux à l’article 37 de notre constitution qui précise qu’il lui est interdit de cumuler la fonction de Président de la République avec celle d’un mandat électif (député, conseiller municipal par exemple) ou d’employé dans le secteur public ou privé mais, paradoxalement, l’article précise que « Toutefois, il a la faculté d’exercer des fonctions dans un parti politique… ».

Justement, le nœud du problème se trouve dans le fait qu’il est incompatible de défendre les intérêts du peuple tout en étant chef d’un parti, d’un clan qui fait passer ses intérêts avant ceux du peuple. Nous pouvons constater qu’au lieu de travailler afin de respecter leurs promesses électorales, nos différents chefs d’État qui se sont succédé sont plutôt obstinés par l’obtention d’un second mandat ou la conservation du pouvoir quel qu’en soit le prix.

Ce qui, non seulement, installe le pays dans une campagne électorale permanente mais l’oblige à récompenser les membres de son parti dans un souci de les fidéliser par des nominations partisanes légitimées par la constitution. Ainsi, la séparation des pouvoirs est bafouée. Le Président arrête la liste des députés qui, au lieu d’être des représentants du peuple, se comportent comme des robots de la majorité présidentielle.

Toute la nation se retrouve, ainsi, otage d’un clan qui, sous couvert d’un parti, pille les ressources en créant de nouveaux riches sortis de nulle part. Une autre raison qui justifie la suppression de la fonction de Président de la République est que celle ci nous coûte excessivement chère. Officiellement, le budget de la Présidence est de près de 73 milliards d’après la loi finance 2016, ce qui est déjà trop.

A celui ci, on peut ajouter plus de 600 milliards en fonds politiques gérés dans une totale opacité. Il devient absurde pour un pays pauvre très endetté de maintenir un tel train de vie du Président de la République avec ses centaines de ministres conseillers et conseillers spéciaux. Nul, à part lui et son entourage, ne connaît vraiment leur nombre exact.

Au nom de quoi, une personne devrait elle gouverner seule pendant plusieurs années en ayant le pouvoir de nommer à tous les emplois civils et militaires, d’être le Chef suprême des armées, Président du conseil supérieur de la magistrature, de déterminer la politique de la nation, d’être le responsable de la défense nationale et le Conseil national de sécurité , d’avoir le droit d’accorder la grâce simple ou la grâce amnistiante… ? De tels pouvoirs ont pour conséquences les dérives que nous observons depuis 1960 dues à l’ivresse d’un pouvoir exécutif qui échappe à tout contrôle par le peuple qui l’a élu ou par ses représentants.

Nos réalités sont différentes de celle de la France, à qui nous avons hérité le même système politique. En France, il y a un minimum d’indépendance de la justice. Elle peut, par exemple, mettre en examen, en toute indépendance, un ancien président de la République, ce qui semble être impossible dans nos pays. Je propose donc la suppression de la fonction de Président de la République.

Il faut rendre le pouvoir au peuple souverain grâce à un régime parlementaire avec un Premier Ministre qui ne peut être élu que pour un mandat de 7 ans non renouvelable. Son action est évaluée à mi-mandat à travers une consultation systématique du peuple par voie référendaire qui lui renouvelle ou non sa confiance.

Bien-sûr, pour éviter une instabilité politique, il faudra définir une large majorité en cas de révocation (par exemple 60% des voix au minimum). Tous les postes de l’administration devront faire l’objet d’un concours ou d’un appel à candidatures et seul les critères de probité morale, de loyauté, de patriotisme et de compétences devront faire la différence entre les candidats. Les députés devront se présenter dans leurs localités sous aucune bannière politique.

N’importe quel citoyen qui jouit de ses droits civiques pourra être candidat. Ainsi, les listes conçues par les partis politiques sont supprimées. Un député ne percevra plus un salaire (traitement) fixe mais plutôt une indemnité en fonction de son taux d’assiduité. Il peut être révoqué à travers un référendum local en cas de défaillance notoire. Le Premier Ministre ne pourra interférer dans aucun dossier judiciaire. Il sera privé d’un pouvoir de grâce.

Cependant, un organe composé de personnes dont leur sagesse est reconnue et les expériences remarquables pourra se réunir une ou deux fois par an avec des professionnels de la justice et d’experts, traditionnellement consultés dans les cours et tribunaux, pour étudier les possibilités de grâce ou d’amnistie. Je propose également la suppression des fonds politiques qui pourront faire l’objet d’une gestion transparente par un organe à définir.

Ces fonds constituent un excellent moyen pour financer la transhumance et récompenser une clientèle politique. La fonction de Président de la République nécessite un pouvoir judiciaire indépendant et suffisamment outillé pour veiller au respect des lois et de la constitution. Elle nécessite également un pouvoir législatif, réellement indépendant, qui contrôle l’action de l’exécutif.

Le système actuel est pire qu’une monarchie. Il plonge nos hommes politiques dans une forme de course, à la quête et à la conservation du pouvoir, qui ne peut en aucune façon être dans l’intérêt du peuple, censé être souverain. Ce dernier continue de tout faire pour survivre dans un monde qui s’apparente, de plus en plus, à une jungle où les plus forts s’unissent et écrasent les plus faibles qui sont divisés à force de manipulations.

Serigne Mbacké FALL

4 Commentaires

  1. Le problème du Sénégal et de beaucoup de pays du tiers monde n’est pas lié à une inefficacité de leur régime politique, mais plutôt à une question de l’État de droit. Je veux dire que quel que soit le régime politique qui est appliqué (présidentiel, parlementaire ou autre) si les lois et les institutions sont défaillantes, nous n’irons nulle part. Si le régime présidentiel était non propice au développement et à la bonne gouvernance, les États-unis ne seraient jamais développés. Nous devons insister sur le renforcement de nos institutions comme la justice et les institutions de contrôle et mettre en place de bonnes lois qui protègent ces institutions. Sans institutions solides et des lois modernes, quel que soit notre régime politique, nous ‘irons nulle part.

    • Ceux qui ont eu l’intelligence de penser et inventer la République n’ont pas créé les institutions comme simple décor ou pour rien ou pour applaudir. Ils n’ont pas non plus décrété pour leur propre plaisir que les pouvoirs exécutif, judiciaire et législatif sont totalement indépendants. Ces principes et institutions, ils les appliquent pour que la République qu’ils ont inventé soit une République, tout comme ils appliquent les principes scientifiques qu’ils ont inventés pour que l’avion puisse décoller à 12 000 mètres d’altitude et y rester en équilibre sans s’écraser. La moindre dérogation du pilote à ces principes scientifiques qu’ils ont inventés conduirait à l’écrasement de l’avion. Pour faire le parallélisme des formes, la moindre dérogation aux principes républicains édictés par les inventeurs de la République conduirait à l’écrasement de la République. C’est aussi simple que cela. La vérité, elle toujours simple. Si ça devient compliqué, c’est parce qu’on s’éloigne de la vérité, c’est vrai même dans une démonstration mathématique!

  2. UNE SEULE ALTERNATIVE POUR SAUVER NOTRE PAYS DU NAUFRAGE ; C’EST ROMPRE AVEC L’OPTION LAÏQUE ET PARACHEVER NOTRE DÉMOCRATIE ET NOTRE DÉCOLONISATION !!!
    Oui, je persiste à affirmer que notre République n’est pas une véritable démocratie, puisque sa Constitution interdit la formation de partis politiques s’inspirant d’une confession (religion) , tels les partis ‘’démocrates-chrétiens’’, pourtant observés dans les ‘’grandes démocraties’’ ; et il s’agit-là, à l’évidence, d’une violation manifeste de la liberté d’opinion qui est le premier pilier des droits de l’Homme. Et c’est dire que notre pays ne sera jamais une véritable démocratie tant que les dispositions restrictives de notre Constitution imposant la laïcité ne seront pas abrogées [Article 1 et 4]. Oui, la laïcité ne se décrète pas ; c’est une question de rapports de forces – Que les démocrates le reconnaissent !!!
    En vérité, tout peuple obéit à un processus de maturation, avec des étapes incontournables ; et à chaque étape, ses capacités, mais aussi ses insuffisances (limites) ; c’est ainsi qu’après plus de cinquante ans d’indépendance, il faut nécessairement une véritable introspection, devant déboucher sur une nouvelle vision du monde, car tenant forcément compte de l’évolution ‘’naturelle’’ de nos convictions religieuses et philosophiques, et qui devrait impacter très significativement les secteurs essentiels qui sous-tendent notre émergence : l’éducation, la santé et l’économie. Oui, nous ne serons jamais réellement indépendants tant que nous n’aurons pas réformé la vision du monde que l’Occident nous a imposée ; nous devons être reformatés à partir de nos propres valeurs que notre religion – l’Islam, en l’occurrence, nous enseigne et qui ne sont guère différentes de celles prônées par les autres religions monothéistes (Christianisme et Judaïsme). Aujourd’hui, plus de cinquante ans après notre accession à l’indépendance, il faut déplorer que l’idéologie que le colonisateur nous a laissée n’a pas varié d’un pouce ; c’est ainsi que dans notre pays, musulmans à plus de 95%, on continue de renouveler notre fidélité indéfectible à l’option laïque [‘’Dieu entre parenthèses’’] héritée du colonisateur. Et c’est là, à l’évidence, la preuve irréfutable que nos dirigeants méconnaissent véritablement les enjeux de l’Heure, dans toutes ses dimensions. Oui, notre développement se fera avec l’Islam ou ne se fera pas – Un défi coranique !!!
    Malheureusement, nos hommes politiques ont délibérément opté d’ignorer Dieu dans leurs démarches ; ils ne croient qu’à leur expertise (raison), quoique se réclamant croyants (musulmans ou chrétiens) ; oui, ils ont mis ‘’Dieu entre parenthèses’’ et ont délibérément choisi les libres-penseurs (agnostiques et autres incrédules), comme guides, modèles et maîtres à penser. Comment pourraient-ils donc agencer une cité juste et nous faire accéder à l’émergence véritable ? Oui, une République fondée sur la laïcité ne peut qu’être fragile, comme le suggère cette parabole coranique :
    (41) Ceux qui ont pris des alliés (modèles ou protecteurs) en dehors d’Allah, ressemblent à l’araignée qui s’est donnée maison. Or la maison la plus fragile est celle de l’araignée. Si seulement ils savaient ! (29. L’Araignée : 41 – Al-Ankabût)
    Et c’est dire que notre République est sur une trajectoire d’auto-destruction, tant qu’elle n’aura pas entrepris sa ‘’dé- laïcisation’’. Oui, le ‘’temps de la dé- laïcisation’’ a véritablement sonné ; il est donc grand temps que nos hommes politiques le sachent, car il n’y a pas une autre alternative pour leur salut et celui de notre pays. Oui, la prise du pouvoir par les ‘’religieux’’ est inéluctable – Mission du Mahdi (retour de Jésus) oblige ! Et cela tout homme politique ou intellectuel clairvoyant ne peut pas ne pas le comprendre.
    https://docs.google.com/document/d/18vHemkv-EB76jlNxUbz1isalwEWLo8GLslTQ2tGOAUI/edit?usp=sharing

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