L’un des phénomènes les plus préoccupants au Sénégal, est la consommation de l’alcool par les jeunes. Certains pourtant étaient promus à un avenir prometteur, avant qu’ils n’en deviennent accrocs. Les plus «chanceux» suivent des traitements de désintoxication, contrairement aux autres qui croupissent en prison ou sont devenus des clochards. Il est très rare de circuler dans des quartiers de Dakar sans voir un bar ou une boutique d’alimentation en boisson alcoolisée. En 2005 une enquête faite par «Market Access Database, Wine Institute» a révélé près de 24 millions de bouteilles d’alcool sont consommés par an au Sénégal, pays à 95% de musulmans.
A la Médina, comme dans les autres quartiers de Dakar, le constat est le même : les bars et boutiques où l’on vend de l’alcool, pullulent. De la rue 6 au canal Gueule Tapée, en passant par la rue 39, on note une présence manifeste et la floraison des bars très fréquentés par les jeunes.
En 2005 une enquête faite par «Market Access Database, Wine Institute» a révélé près de 24 millions de bouteilles d’alcool sont consommés par an au Sénégal, pays à 95% de musulmans.
Un gérant de bar de souligner qu’«avec 1500 F CFA, tu peux avoir 2 litres d’alcool dans le Corps», soutient-il. Ce dernier reçoit toute sorte de clients, des jeunes aux personnes du troisième âge, en passant par des adultes. L’alcool, il en existe pour toutes les bourses : 800 FCFA, 1000FCA, 1.500FCFA, 2.000FCFA etc. Cela dépend des types de boissons que vous voulez.
Jeune et de teint clair, il a commencé à prendre de l’alcool à l’âge de 20 ans. Il a introduit le milieu, dit-il, par le biais d’une mauvaise fréquentation. «Quand tu fréquentes des gens qui consomment, il y a de fortes chances qu’ils t’entraînent. C’est ce qui m’est arrivé en goûtant à l’alcool. Aujourd’hui, je suis devenu accroc, puisque je ne peux pas rester toute une journée sans boire. C’est pourquoi nous disons aux jeunes, qui n’ont pas encore découvert le milieu de s’en éloigner parce qu’il n’y rien de bon». Souligne t-il.
Pour ces jeunes, c’est important d’être dans le même état que leurs pairs, au risque d’être considéré comme un loseur. Donc, c’est dans le souci d’intégrer un groupe que certains jeunes boivent de l’alcool. «On continue de consommer de l’alcool comme si on était tenté par le «seytané»(satan ou le diable)». Appelons-le jules, ce jeune au visage complètement défiguré par l’alcool. Pourtant, il donne l’air de quelqu’un qui n’est pas conscient de ce qui lui arrive, puisque pour lui, «il ne fait que goûter à l’alcool». Réponse qu’il nous servie lorsqu’on lui a fait la petite blague «qu’il était dans les vapes» : «Nous sommes que de petits consommateurs, «gnoun dagnou moss rek » ( on ne fait que goûter) ».
Et d’ajouter : «Nous achetons notre consommation soit dans les bars soit dans les boutiques d’alimentation. Dés fois, on achète une bouteille de gin qu’on partage. Parfois, l’on se procure des canettes, en somme, cela dépend de notre goût du jour et nos moyens financiers», indique t-il.
Ainsi les sorties fréquentes avec des amis et la présence, dans l’entourage, de buveurs, sont devenues des occasions pour les jeunes de s’adonner à l’alcool. Alors que pour d’autres, la consommation d’alcool s’explique par les mauvaises relations avec leurs parents, un échec en milieu scolaire. Kalidou alias kalse témoigne : «on boit de l’alcool pour rechercher du plaisir. Au début, c’était une affaire de jeunesse et de feeling. Par la suite, c‘est devenu sérieux. Maintenant on est devenu carrément dépendant. La preuve en est que, même tard dans la nuit, nous sommes obligés d’aller chercher l’alcool », dit t-il.
L’alcool est devenu une occasion pour les jeunes de se retrouver tous les jours et tous les week-ends. Ces derniers justifient leur dépendance par des d’ordre psychologies et la pauvreté.
PRISE EN CHARGE DES PERSONNES ALCOOLIQUES : Les structures sanitaires font défaut
Au Sénégal, il n’existe pas jusqu’à présent un centre dédié spécifiquement aux personnes victime de l’alcool. En dépit du nombre important de celles qui souffrent des maladies associées à l’alcool. Le seul qui existe est Centre de Prise en charge d’Intégrée d’Addiction de Dakar (Cepiad), fruit d’un partenariat entre l’État du Sénégal et Fonds Mondial ESTHER, la Mairie de Paris et l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) qui prend en charge les personnes droguées. Cet établissement très récent a été installé en décembre 2014 et se trouve à l’hôpital Fann.
Par ailleurs, au-delà des soins et de l’assistance fournie aux personnes dépendantes de la drogue dans le cadre du respect des droits humains, le centre se veut un diapositif destiné à la recherche sur les addictions. Son équipe est constituée de médecins, d’addictologues, de spécialistes en pathologie VIH, des infirmiers, des biologistes et d’intervenants communautaires.
Le Centre qui «répare » les corps abîmés
Au CEPIAD, il est facile de reconnaître les patients. Certains d’entre eux montrent des signes d’énervements ou de calme. Alors que pour d’autres, l’alcool a laissé des stigmates sur le visage : des lèvres enflées, un corps tremblant sans arrêt. Ce patient témoigne sous l’anonymat : «Je suis là depuis plus d’un an. Mon séjour au centre m’a permis d’abandonner l’alcool. Je suis maintenant conscient de mes actes. Je souhaite rompre définitivement avec l’alcool. Il est important que les autorités veillent à notre réinsertion, pour notre bien-être, pour le bien-être de la société. Les risques de replonger dans l’alcool sont grands », affirme-t-il. Un autre patient, explique «qu’il suit un traitement au CEPIAD depuis quelques mois. Je me portais mal au début. Maintenant, je me sens beaucoup mieux“, dit-il, souhaitant, lui aussi, la mise en place d’une politique de “réinsertion » des malades victimes de l’alcool à la fin du traitement médical.
Il suffit d’un quitus pour ouvrir un bar
Les débits de boissons, au terme de l’article premier de la loi, sont ouverts au public. Sont aussi considérés comme débits de boissons, les établissements dont l’activité principale n’est pas la vente de boissons : restaurants, auberges, hôtels, pensions, cantines d’entreprises. Tout exploitant (propriétaire ou gérant) d’un débit de boissons doit avoir une autorisation. Pour les bars, night clubs et les débits de boisson, la licence est délivrée par le gouverneur par arrêté à la suite de la vérification par la Division de la consommation et de la sécurité des consommateurs.
L’autorisation d’importation émane du Ministère du Commerce et notamment de la division de consommation et de sécurité des consommateurs. Cela fait suite à une analyse documentaire et technique du produit à importer, (la facture de l’alcool, le certificat sanitaire du pays d’origine et le fiche technique de la boisson).
Des échantillons de boissons doivent impérativement être envoyés à la direction de la Consommation pour analyse dans un laboratoire dédié. Il faut que la boisson soit conservée à 20° ou moins. On exige même la mention du numéro, a dit le chef de Division de la Consommation et de la sécurité des consommateurs, Issa Wade.
Le décret de 1997 reste toujours valable.
Nombre de bars au Sénégal : C’est confidentiel
Sur les statistiques du nombre de bars demeure une information confidentielle. Pour les bars clandos les mesures sont toujours prises. «Vous voyez chaque jour que la police est en train de réprimer. Pour les bars, la police fait toujours des descentes inopinées pour voir s’ils sont en règle. Sinon on procède à une fermeture provisoire, en attendant qu’ils se régularisent », a indiqué l’adjoint du Préfet de Dakar, Abou BA.
Les maladies liées à l’alcool
Les médecins ont plusieurs raisons scientifiques pour montrer les effets néfastes de la consommation de l’alcool. Parmi les maladies, on peut cite: L’œsophagite, la gastrite, la pancréatite et l’hépatite. Il y a aussi la neuropathie périphérique, l’atrophie corticale, l’atrophie cérébrale, les symptômes connus causés par la consommation de l’alcool. Sans compter d’autres déficiences tels que le béribérie, la pellagre. C’est dans la prise importante de l’alcool que résultent cardiomyopathie, l’hypertension, l’artériosclérose coronarienne, les angines de poitrine et les attaques cardiaques.
Cependant, la déficience de l’acide folique est la manifestation la plus commune d’une consommation excessive d’alcool donnant lieu à une anémie macrocytaire. La thrombocytopénie, ainsi que d’autres anomalies sanguines ne sont pas rares chez les alcooliques. Les effets des maladies hématologiques sont longs et variables.
Par conséquent les effets de la consommation d’alcool surtout chez les femmes méritent une attention particulière. Les femmes sont plus vulnérables aux cirrhoses résultant de l’alcool que les hommes. Durant la grossesse, la consommation d’alcool peut avoir des effets néfastes sévères sur le fœtus. Le syndrome alcoolo-fœtus et de plus en plus reconnu par la profession.
Les maladies de la peau peuvent aussi être liées à la consommation d’alcool. L’eczéma, la dystrophie et les infections des ongles, la stomatite anguleuse (inflammation de la bouche) sont des maladies courantes chez les alcooliques.
sudonline.sn