TEHERAN – Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a profité du 31e anniversaire de la Révolution islamique pour radicaliser son discours avec la communauté internationale au sujet du pro
Après avoir annoncé le week-end dernier que l’Iran produirait de l’uranium à 20%, il a affirmé jeudi que cette production avait d’ores et déjà commencé et qu’elle triplerait dans un proche avenir.
Il a en outre assuré que le pays était désormais capable de produire de l’uranium enrichi à plus de 80%, soit près du seuil nécessaire pour fabriquer une bombe atomique, mais qu’il ne le ferait pas car il n’en avait pas besoin.
Devant des centaines de milliers de partisans rassemblés place Azadi (Liberté), dans le centre de Téhéran, le chef de l’Etat, réélu en juin dans des conditions contestées, a redit que le régime n’avait pas l’intention de se doter de l’arme nucléaire.
Mais en réponse aux accusations occidentales voulant que Téhéran cherche à s’en doter secrètement, Mahmoud Ahmadinejad ajouté que, si l’Iran changeait d’avis, il le ferait savoir publiquement.
« Quand nous disons que nous ne construisons pas de bombes nucléaires, cela signifie que nous ne le ferons pas parce que nous ne croyons pas en leur possession.
« La nation iranienne est assez courageuse pour que si un jour nous voulions construire des bombes nucléaires, nous l’annoncions publiquement sans avoir peur de vous », a-t-il dit à l’adresse des Occidentaux.
Il a précisé que sur le site de Natanz l’Iran avait actuellement « la capacité d’enrichir à plus de 20%, voire à plus de 80% ». « Mais comme nous n’en avons pas besoin, nous ne le ferons pas. »
« MOMENT CRITIQUE »
Le durcissement du discours d’Ahmadinejad intervient quelques jours après l’échec apparent des négociations avec les six grandes puissances qui cherchent à contrôler son programme d’enrichissement – Etats-Unis, Chine, Russie, France, Grande-Bretagne et Allemagne.
« Pourquoi pensent-ils qu’en produisant du combustible à 20% un événement majeur s’est produit ? Actuellement, à Natanz, nous avons la capacité d’enrichir l’uranium à des niveaux bien plus élevés », a-t-il dit.
Selon des estimations américaines, l’Iran ne sera pas en mesure de produire de l’uranium « de qualité militaire » avant 2013.
Les six ont proposé à l’Iran de leur livrer du combustible enrichi à 20% pour son réacteur médical de Téhéran en échange de l’exportation de sa production d’uranium faiblement enrichi, le but étant de l’empêcher de conserver un stock susceptible d’être enrichi à 90% et utilisé à des fins militaires.
Selon des dirigeants iraniens, Téhéran reste prêt à un tel échange, mais à des conditions que les Occidentaux ont jugé inacceptables, à savoir qu’il choisisse lui-même les quantités concernées.
« Venez nous donner du combustible sans conditions préalables. Nous sommes prêts à en acheter à tout autre pays prêt à nous en fournir, y compris l’Amérique », a lancé Ahmadinejad, avec une pointe de défi.
A Londres, le Premier ministre britannique, Gordon Brown, a estimé que le moment était « critique pour la relation entre l’Iran et le reste du monde », que la communauté internationale éprouvait un sentiment d’impatience et que moment était venu d’envisager de nouvelles sanctions au Conseil de sécurité.
Les puissances occidentales y sont favorables, la Russie a dit s’y résigner et la Chine semble ne pas vouloir briser la façade d’unité des six grandes puissances.
Marc Delteil pour le service françaisgramme nucléaire de Téhéran.