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Les banques doivent elles disposer du pouvoir de création monétaire ?

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Cette question génère des oppositions manifestes et enrichissantes entre économistes. Devant l’instabilité financière qu’induit le système bancaire à couverture fractionnaire, la majorité des économistes répondent NON à cette interrogation qui est au cœur de notre réflexion.
Aujourd’hui, il ne se passe pas dix (10) ans, sans qu’une crise ne perturbe les économies de marché. Ce système frauduleux entretenu par les banquiers depuis des siècles, est la plus grande escroquerie silencieuse que l’humanité ait connue. A cet effet, Marshall McLuhan, « gourou » des médias disait que « Seuls les petits secrets doivent être protégés. Les grands sont gardés secrets par l’incrédulité du public. ».
Notre système financier basé sur la couverture fractionnaire, met en danger toute notre économie. En effet, l’impossibilité de contrôler ce type de système est devenu manifeste avec la kyrielle de crises que l’Occident offre à l’économie mondiale depuis des siècles. Et après chaque crise, un délire réglementaire et prudentiel envahit la sphère politico-financière pour consolider davantage l’hégémonie des banques ! Ce système permet des crédits irréels et illusoires, en plus clair les banques sont autorisées à prêter plusieurs fois la même somme, donc autoriser à prêter ce qu’elles n’ont pas !
Le secteur bancaire n’est pas une industrie comme les autres, précisait Tobin (1987) car son fonctionnement produit des externalités fortement dommageables pour les autres secteurs surtout dans l’activité de création monétaire qui a un pouvoir déstabilisateur et spoliateur.
La BCEAO, aujourd’hui, gardienne de notre politique monétaire, est devenue l’organe de paupérisation de la zone Uemoa et l’institution qui assure au mieux son rôle : nous maintenir dans l’état de sous développement hérité du Colon français.
Dans le grand débat de souveraineté monétaire, scandé par tant de mouvement dans notre zone, un aspect a été occulté, par ignorance ou peur, et c’est le crédit !
L’arnaque du siècle a été rendu possible par la confusion que des économistes à la solde des banquiers ont semée entre la monnaie et le crédit. En effet, ces deux notions très étroites prêtent à équivoque dans les économies de marché où règnent en maitre absolu les faux monnayeurs bénis par la BCEAO qui n’est centrale que de nom. Pourtant la pensée libérale authentique est contre ce vil procédé de vol institutionnel à travers la création monétaire débridée et un esprit d’ « agiotage » comme l’a si bien signalé Walras dans son appréciation du système bancaire.
De grands auteurs libéraux se sont opposé à ce système de couverture fractionnaire qu’ils évoquaient comme une source de déstabilisation et d’enrichissement illicite des établissements financiers. Nous pouvons y citer, David Ricardo et les auteurs de la « Currency school » tels Walras, Von Mises, Von Hayek, les tenants de « l’école de Chicago » comme Friedman, Simons, Knight, Fisher, Vinner, mais aussi les auteurs du « Narrow banking » comme Tobin, Stiegler etc. Maurice Allais aura le plus enrichi cette doctrine avec des propositions concrètes et réalistes sous la forme du « 100% money ».
Ce qui semble bizarre est que ces recherches et théories ont été censurées de la sphère du débat pour une réforme monétaire. Il nous semble que le lobbying bancaire a bien éradiqué toutes vérités en contradiction avec sa posture de vol organisée avec la complicité des Etats.
Il serait légitime de nous interroger sur la cause de cet amalgame si savamment entretenu ?
Il faut restituer d’abord à l’histoire une vérité, à savoir que la monnaie n’a pas remplacé le troc, mais plutôt le crédit. Le troc n’a existé qu’en tant de crises et guerres en atteste les tables sumériennes trouvées.
Aujourd’hui, les états ont confiés la création monétaire à des institutions et ces dernières sous le couvert malhonnête des réserves fractionnaires permettent à des banques privées de participer pour leurs propres comptes et contre la communauté à cette opération. Dans la zone UEMOA, c’est la BCEAO qui a en charge l’émission monétaire (mais c’est la France qui l’assume à Pessac et Chamalières).
L’arnaque dans ce monde moderne réside dans cette création qui demeure flou. Au début, la création était strictement publique pour deux raisons :
La monnaie était essentiellement centrale (fiduciaire et divisionnaire).
Les banques étaient publiques ou à participation publique majoritaire.
Au Sénégal, et dans la quasi-totalité des pays de l’Afrique de l’ouest, le secteur bancaire est contrôlé par des étrangers à plus de 70% prenant en otage toute l’économie du pays. C’est bien dans la monnaie que l’équivoque est sérieusement entretenue. En observant les agrégats monétaires (M1), on se rend compte que la monnaie scripturale constitue aujourd’hui la majeure proportion de la monnaie en circulation soit plus de 80%. Une monnaie de dette ou monnaie d’écriture, crée ex nihilo de manière injuste et profitante à des bandits à col blanc.
La dictature bancaire est désormais institutionnalisée avec la Banque des Règlements Internationaux qui édicte des normes et règlementations à l’endroit des banques centrales qui ont trahi leurs missions. L’argent reste au cœur de tous les débats et demeure le nerf de guerre de toute politique économique sérieuse. Il faudra tout simplement démocratiser l’argent en rendant les bénéfices de la création monétaire au peuple souverain.
Cet exercice ne sera pas facile, avec une BCEAO obéissante à la France et détenant dans son conseil d’administration des français ayant droit de véto. Cette BCEAO qui œuvre contre le développement en luttant que contre l’inflation (une inflation d’origine exogène) sans objectif de croissance. L’inflation optimale qui favoriserait l’envol de notre économie a été calculée et tourne selon tous les experts autour de 8%, alors pourquoi ou pour qui l’objectif de 3%. L’incohérence de la BCEAO est sans commune mesure, étant plus au service des banques étrangères que des Etats.
Il urge aujourd’hui de réformer tout le système monétaire afin de rendre à César ce qui l’appartient. Beaucoup d’éléments nous invitent à cette réforme à commencer par l’inefficacité de notre politique monétaire et l’inanité des réglementations mises en place, mais surtout le terrorisme bancaire subi par les populations et conduit par une oligarchie financière en expansion perpétuelle.
Le 100% money est une solution de construction économique de notre zone UEMOA non optimale qui mérite une révision générale. Cette révolution se fera en trois étapes, et la prospérité sera une réalité :
Imposer la couverture intégrale.
Scinder l’activité bancaire en deux (investissement et commerciale).
Replacer la banque Centrale au service de l’Etat.
L’argent, au-delà de ses fonctions économiques et politiques, a une dimension sociale qu’il faut réhabiliter afin de réduire l’injustice et d’éradiquer la pauvreté. L’humanité gagnera la bataille de la pérennité dans la solidarité et la justice et cela passera inéluctablement par la « révolution de l’argent ».

M Oumar DIAGNE
SG du Rassemblement pour la Vérité (RV).

1 COMMENTAIRE

  1. Les banques devraient même être interdites, lui ils nous parlent de leur octroyer le pouvoir de création monétaire. Comme si elles ne l’ont pas encore. Et la monnaie de singe qui envahit le monde, dépréciant la valeur même de la monnaie ?

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