Pour faire face aux règles douloureuses, apparemment tous les moyens sont bons, pourvu que ça calme. D’aucunes ne sont jamais allées voir un gynécologue et préfèrent faire confiance à la médecine traditionnelle ou au pharmacien du coin.
Pour mettre fin à leur calvaire mensuel, beaucoup de filles font recours à la médecine traditionnelle. Elles la trouvent plus efficace, d’autant qu’il y a de la résistance par rapport à certains médicaments. ‘’Si j’utilise des médicaments traditionnels, c’est parce que les cachets que je prenais ne font plus d’effet. Le pharmacien m’a proposé beaucoup de calmants, en vain.
C’est par la suite que j’ai décidé de recourir à la médecine traditionnelle’’, justifie Fatima Tamba. Même si elle reconnaît que celle-ci n’est pas totalement efficace, elle arrive parfois à dormir et à se reposer. ‘’Quand j’utilise les tisanes, la douleur s’apaise. Je profite de ces minutes ou de ces heures pour dormir. Je reconnais que les médicaments traditionnels ne sont pas efficaces à 100%’’, avoue-t-elle.
Ngoné Sow, elle, a toujours eu recours aux médicaments traditionnels. Des tisanes ou infusions de feuilles que lui donne sa grand-mère. ‘’Je ne suis jamais allée à l’hôpital pour mes règles douloureuses. C’est pareil pour ma grande sœur. C’est ma grand-mère qui s’occupe de tout. Elle le faisait aussi pour mes tantes et même le voisinage. Mais, parfois même avec ces médicaments, rien ne change. J’ai l’impression parfois que cela augmente la douleur. Je suis tentée parfois d’aller à hôpital, mais j’ai peur de ‘casser’ le remède traditionnel conçu par grand-mère’’, confie Ngoné Sow.
Son inquiète réside sur les conséquences de cette médecine traditionnelle. Car sa grand-mère fait parfois des mélanges trop amers et ne communique jamais sur la provenance des plantes, des feuilles, entre autres. ‘’J’ai peur de contracter une maladie à cause de ces médicaments. Je ne sais même pas d’où ça vient ou s’ils sont propres à la consommation. On a juste une confiance aveugle en notre mamie. Comme c’est une tradition, je suis obligée de la suivre’’, se résigne-t-elle.
Absence de consultation gynécologique
Même avec cette forte douleur handicapante, certaines filles n’ont jamais consulté de médecins. Elles vont juste voir un pharmacien qui leur propose des anti-inflammatoires et autres médicaments. Elles pensent juste que c’est une situation normale. Elles ne font que prendre des cachets sans connaître les conséquences ou effets secondaires. C’est le cas de Maïmouna Ndiaye.
Cette adolescente a juste suivi les conseils de sa grande sœur. ‘’Depuis que j’ai commencé à avoir des dysménorrhées, je n’ai jamais consulté de médecin. C’est ma grande sœur qui a commencé par me donner des médicaments qu’elle achète à la pharmacie. Depuis lors, tous les mois, j’achète ce médicament. Je n’ai pas encore de problèmes. Je prie Dieu de ne pas en avoir. Je n’ai même pas cherché à savoir pourquoi j’ai ces règles douloureuses. Pour moi, c’est tout à fait normal, même si parfois la douleur est inexplicable’’, confie la jeune fille.
Même son de cloche chez Adja Ndaté Sylla. Sauf que cette dernière est allée directement voir le pharmacien du coin. ‘’Je suis allée directement à la pharmacie demander des calmants pour règles douloureuses. Le pharmacien m’a proposé deux médicaments différents. Le premier n’a pas pu arrêter la douleur. J’y suis retournée le lendemain prendre l’autre’’, explique Adja Ndaté Sylla. Mais, par la suite, elle a dû changer à nouveau de médicament, à cause d’une résistance.
‘’A chaque fois qu’un médicament ne marche pas, je vais voir le pharmacien. Pourtant, il m’a une fois conseillé de me faire consulter. Mais je ne l’ai pas fait. Je pense qu’il n’y a rien de grave à prendre des cachets sans consultation, si l’on parvient à calmer la douleur’’, se rassure-t-elle.
Beaucoup de filles vivent leur dysménorrhée sans consultation médicale. ‘’Cela est très dangereux. Normalement, quand on a des règles douloureuses, il faut aller voir un gynécologue. C’est à lui de vous prescrire les médicaments à prendre. Ce que font les filles est très dangereux Il faut se faire consulter et arrêter avec les médicaments traditionnels’’, conseille Virginie Malack, une sage-femme.
(Source : EnQuête)