Il avait été arrêté en Gambie, le journaliste Jamil Thiam avait échappé à une injection grâce à la presse sénégalaise

Loin d’être anodine, la situation actuelle en Gambie ne doit point constituer un séisme politico-médiatique international. Pour preuve, rare citoyen de ce beau pays n’est en réalité surpris de ce revirement du Chef de l’Etat gambien sortant Yahya Jammeh. Ce, malgré sa cuisante défaite qu’il a déjà officiellement reconnue.
Les exactions de Jammeh et de ses hommes ont fait souffrir le peuple qui, finalement avec le soutien décisif de sa diaspora, a démocratiquement tranché en toute connaissance de cause.
L’euphorie du verdict des urnes du 1 er décembre ne m’a pas fait jubiler pour autant. Je me suis voulu observateur mais également toujours conscient des possibles représailles à l’encontre d’amis, sénégalais et gambiens, vivant dans ce pays que les services de renseignements avaient remontés grâce au téléphone puis filés.
Mes 48 heures de détention en Gambie (garde-à-vue) équivalent en réalité à un mois de prison à Modelo de Bogota en Colombie où des détenus sont torturés, démembrés ou tués. Il y a eu indubitablement des frayeurs qui ont laissé des stigmates dans mon esprit.
Accusé d’être un espion à la solde de pays…, les éléments de la National Intelligence Agency (NIA), service de renseignements, ont procédé par des méthodes d’interrogatoire dignes du KGB de l’ex-Urss, post-stalinienne.
Arrêté pour avoir pris des photos, si j’ai échappé à la « guillotine », c’est grâce à la forte médiatisation de cette affaire par la presse sénégalaise, très suivie en Gambie. En réalité, malgré leurs exactions récurrentes qui galvaudent complètement la dignité humaine, Jammeh et ses fidèles restent de grands frileux.
La presse sénégalaise m’a sauvé, mais dommage qu’elle ne puisse le faire pour ces centaines d’innocents, gambiens et étrangers (beaucoup de guinéens) qui subissent les appréhensions de ce régime. Jusqu’à ce 1 er décembre, la Gambie avec Jammeh, à mon sens, a été la pire dictature du monde. C’est bien du passé, on l’espère.
Vive la diplomatie sénégalaise.
Merci à la presse de mon pays.
Jamil Thiam
Journaliste d’Investigation
www.wabitimrew.net