L’ostracisme dans le milieu professionnel au Sénégal ou comment se débarrasser d’un collaborateur sans se salir les mains
Le milieu professionnel au Sénégal est le théâtre de beaucoup d’incohérences dans l’organisation du travail : profils de poste mal définis, mission de travail inexistante, compétences en total décalage avec les fonctions occupées, promotions arbitraires, recrutements avec complicité familiale ou clientéliste, bref le milieu professionnel, c’est tout…sauf une cour de récréation !
L’activité professionnelle qui semblait hier encore être une valeur essentielle juste après la famille est devenue aujourd’hui pour beaucoup une source de stress et d’exclusion. On parle beaucoup du harcèlement sexuel au bureau mais bien moins du harcèlement moral, cette forme de souffrance sournoise et insidieuse infligée sur le lieu de travail de façon durable, répétitive par certaines personnes à leur collègue de travail, simplement pour nuire, détruire, exclure, casser la résistance, extraire une plus-value ou assouvir un plaisir pervers. Les raisons sont souvent diverses et variées et poussent inexorablement le ou la collègue victime à se retrancher dans une solitude aux conséquences souvent désastreuses. Malheureusement les victimes le plus souvent sont des femmes.
Au pays de la Téranga, que l’on soit dans le public ou dans le privé, il est de plus en plus fréquent de voir des collaborateurs mis à l’écart ou victime de rejet hostile souvent pour des considérations nullement liées à leurs compétences mais plutôt sur une base de mauvaises pratiques managériales.
Qui parmi nous n’a pas rencontré une de ces formes d’ostracisme :
- Empêcher un salarié de faire correctement son travail en l’ignorant complètement dans la marche de l’entreprise, en ne lui adressant pas la parole ou encore en le privant de conditions matérielles de travail (téléphone, ordinateur, courrier, imprimante…).
- Faire courir des rumeurs sur sa personne ou ses compétences et en même temps lui affecter des tâches dévalorisantes pour corroborer ces rumeurs.
- Refuser systématiquement et sans aucune raison valable toute formation qualifiante demandée par ce salarié et aussi toute augmentation qui pourrait faire apparaître un soupçon de satisfaction à l’égard de son travail
- Déconsidérer le salarié en le ridiculisant devant ses collègues ou ses supérieurs, en attaquant ses convictions personnelles, sa manière de s’habiller ou encore lancer des calomnies sur sa vie privée
- Le discréditer dans son travail : travaux inutiles ou humiliants, tâches très inférieures ou très supérieures à ses compétences
- Le mettre dans un bureau que personne ne souhaite avoir parmi ses collègues, et surtout faire en sorte qu’on l’oublie le plus souvent
- Donner des ordres et contrordres pour le déstabiliser tout en prenant la précaution de le déshonorer par des attitudes, des gestes ou des paroles déplacées etc…
Des cas pratiques, on pourrait continuer à en citer encore et encore…Le jeu restant le même : mettre la « victime » en faute en suscitant un mouvement d’humeur de sa part ou l’avoir à l’usure. Déstabilisé, empêché d’être performant, le harcelé finit par prêter le flanc aux critiques. Il est alors facile de s’en séparer pour incompétence ou faute professionnelle.
Que faire, alors ?
Dans les entreprises, on laisse généralement faire, car on estime que les salariés sont des adultes qui doivent régler leurs problèmes entre eux. Même si le harcèlement moral est un délit qui pousse inexorablement vers la démission, la première des options est de résister lorsque l’on se trouve face à ce genre d’agressions répétées et durables.
Il ne faut pas hésiter à mettre les DRH et les médecins du travail devant les faits pour désamorcer toute forme de discrimination naissante. De par leur position de créateurs de lien social au sein de l’entreprise, ils sont les personnes les plus indiquées pour jouer les médiateurs.
Si ce recours ne trouve pas d’issue favorable, alors les syndicats, s’ils existent, peuvent aider à trouver réparation au tribunal du travail.
Mais il serait tellement plus cohérent de négocier un départ à l’amiable avec un collaborateur ‘encombrant’ que de chercher à réduire son pouvoir d’influence !
Qu’y gagne-t-on, finalement ?
Parfait Madame, cela se fait surtout dans les compagnies privees la ou parfois on t’appelle pour te reprocher un cas qui est archifaux puis te sanctionner pour ca et parfois meme, tu te retrouves avec une lettre de licenciement directe! Le systeme « mo ma neex » et personne ne dit rien sur ca! Beaucoup de cas ont ete declares devant les tribunaux depuis des annees, rien n’a ete regler et les pauvres malhonnettement licencies sont les grands perdants!!! quels roles jouent les inspections et les tribunaux de travail!???
Tout ce qui est relaté existait en effet dans le monde du travail, partout dans le monde … il y a des années. On retrouve ces phénomènes, de nos jours dans des pays pauvres, j’allais dire en développement. Il me semble qu’il faudra d’abord mettre un terme à ces représentations qui sont empruntées d’un autre siècle. Représentations que sont PAYS DE LA TERANGA en parlant du Sénégal ou La France Pays de la déclaration Universelle des droits de l’homme en oubliant d’ajouter « du CODE NOIR). Que vous arrivez au Sénégal par voie terrestre, aérienne ou par la mer, vous serez accueilli par des sans abris des deux sexes vivotant dans les arcades des grandes villes. C’est vous dire que la notion de Téranga est toute relative. Pour nous centrer sur le sujet qu’évoque Madame DIA (en question), il faudra, je crois, interroger le droit du travail (les acteurs économiques), les accords de branches (Conventions collectives) s’ils existent et LE CONTRAT. Madame DIA nous apprend que « L’activité professionnelle qui semblait hier encore être une valeur essentielle juste après la famille est devenue aujourd’hui pour beaucoup une source de stress et d’exclusion ». Cette activité n’a jamais paru, au Sénégal (j’attends une thèse pour démontrer le contraire) protéger TOUS ses acteurs. Les syndicats corporatistes à l’exemple des enseignants ont su dans l’histoire des rapports sociaux tirer leur épingle du jeu des forces en présence. L’expression de ces forces (grèves …) est souvent incomprise, discréditée … Aujourd’hui le monde des PME et des micro-entreprise souffre du respect d’un cadre (qui vaut ce qu’il vaut, mais existe néanmoins au Sénégal). Nous attendons, et sommes intéressé par la diffusion du rapport d’activité du tribunal des prudhommes de Dakar et des autres villes, du rapport d’activité des syndicats et par voie de conséquence d’une information du publique sur les recours en cas de désaccord attesté par le CHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail). le CHSCT est obligatoire pour les établissements de plus de 50 salariés. Et dans les micro établissements (moins de dix, moins de vingt salariés, quelles sont les dispositions en terme de protection du salarié? Madame DIA doit nous donner des éléments d’analyse globale du phénomène qu’elle dénonce certes de façon admirable.
Cette situation s’est surtout aggravée depuis que des APRristes sont à la tête des sociétés d’état. Parce que leur objectif est le recrutement de force pour l’APR, l’ostracisme est énorme envers tout travailleur qui ne se montre pas APRiste. ET cela devient une hostilité affichée lorsque le travailleur se montre opposant à l’APR. Et ceci est vérifiable partout.
Quelle ressemblance avec Harlem Désir ?
C’est vraiment triste! En plus tout ce que vous avez exposé n’est que le coté visible. Il existe le coté mystique qui est souvent fatal (NA DE MBA MOU DOFF).
Triste réalité ….
j’approuve tout ce que vous dites,et j’ajouterai même que ce jeu de pouvoir est l’apanage de ceux qui n’ont pas mérité leur ascension professionnelle. il est promu par ce qu’il est là pour les sales besognes,il ment aux supérieurs ,il se meut dans un faux personnage pour montrer que c’est un bon travailleur .
Mais comme dieu est grand,naturellement ce menteur souffre souvent mais en cachette et il n’est jamais satisfait . En fin de compte il finit mal.
Le problème c’est que la fin du népotisme approche.Ces pratiques sont tellement répandues qu’il faut qu’au niveau de l’Administration un audit des relations familiales soit opéré.Souvent on se débarrasse d’un collaborateur pour recruter un parent proche.
Il y a aussi « prends mon parent et je prendrai le tien (entre patrons dans les grandes SA et l’Administration).
Il est temps de légiférer et de surveiller aussi de prés « à compétences égales je préfère prendre un parent ». Avec l’aide des écoles privées les patrons nous fourguent plein d’incompétents : il faut le prendre il a un Master en …n’importe quoi.
Dans les PME, c’est carrément la fin du salariat :ma femme, ma fille, ma nièce, mon frère, mon neveu etc…Jusqu’au jour le propriétaire meurt emportant son entreprise dans sa tombe.
Pour juste compléter votre argumentaire, il n’y a pas que les syndicats ou le DRH à impliquer pour une solution harmonieuse. Au cas ils interviendraient et qu’il y ait un entêtement du collègue que faire alors et ce d’autant plus que généralement ce sont les chefs d’entreprises eux-mêmes qui s’adonnent à de telles pratiques.
Généralement l’agent est tellement persécuté qu’il se voit obligé de démissionner ou, à défaut d’une démission, le Chef d’entreprise profite d’une moindre faute pour le licencier.
La question qui se pose est comment se protéger? Comment faire la preuve de tels harcèlements? La preuve est essentielle dans pareilles situations. Quant on parle de preuve, il ne s’agit nullement que d’apporter des témoignages, les collègues par peur de représailles peuvent craindre les sanctions émanant du Boss.
Il s’agira alors de recourir aux services d’un huissier de justice. Ce dernier étant un agent assermenté au service de la justice avec comme mission de constater des faits ou actes de par leur authenticité, pourront constater l’effectivité de l’agression subie par la victime. Avec de tels éléments de preuve, la victime pourra bénéficier de la protection de la loi et emmènera l’employeur à réfléchir par deux fois avant de poser certains actes.
Problème réel au Sénégal. Faire le vide pour « gérer » sans ambages avec famille, amis et larbins.
Je confirme … je l ai vecu 6 ans voir un peu plus… j en suis sortie miraculeusement plus forte … mais c est courant effectivement.
Les Dhr et autres laissent faire en général … ils se battent souvent pour des faveurs en oubliant de se battre pour les droits des travailleurs
Thème d’actualité Nathalie mais traité de façon presque superficielle. Il y a beaucoup d’efforts pour améliorer notre environnement professionnel et dès lors notre productivité. Malheureusement ce genre de débat est rare dans nos pays. Nous travaillons peu (de temps) et trop mal. L’esprit d’équipe, n’en parlons pas alors.