WADE est une bête politique disait un politologue pour confirmer SENGHOR qui l’appelait « Ndiombor », le rusé : certes un couteau à double tranchant. Une multitude de défauts soldés d’autant de qualités le décrivent. On note en lui une humanité sans pareille, par ailleurs même excessive. Mais son excès de générosité vis-à-vis des biens de l’Etat annula son bilan à l’issu de ses douze années de pouvoir. Car tout excès est nuisible.
Néanmoins si nous avions à imiter cet homme charismatique, ce vétéran de l’opposition sénégalaise, ce serait son humanité politique et sociale qui l’aurait accordé sa force de manager des foules. Contrairement au fondateur de l’APR qui, dit-on, n’aurait hérité de lui que des défauts ; ce qui le rend pire que son maître. Pour paraphraser Coulibaly, l’ex-patriote, mais parlant, cette fois-ci, de son bien aimé, ami et bienfaiteur, nous dirons qu’il est « un opposant au sein de son propre parti » : toujours sur le point de riposter même contre ses propres camarades de parti ou de coalition. Vous l’avez sûrement entendu dire : « Je n’accepte pas que mon parti… m’impose comment je dois gouverner. » « Vous m’indisposez… Le moment est venu d’arrêter… » « Je suis le Président de la république, je nomme donc qui je veux. »
Pour dire vrai, notre pays est confronté à un problème de leadership. Depuis 2014, son Gouvernant a cessé d’être performent. C’est pourquoi Aboul MBAYE ne pouvait plus rester avec lui, de peur d’être contaminé. Car notre homme fort aurait stoppé d’être de bonne foi. On tourne sa veste pour devenir le contraire des espoirs du peuple. On trahit toutes ses promesses électorales et s’allie aux personnes les plus malhonnêtes et médiocres du Sénégal. On trace un plan ouvrant droit vers une perpétuelle campagne électorale, avec les slogans les plus prétentieux et hyperbolique. Il a vraiment très bien « … copié tous les défauts de WADE sans avoir une seule de ses qualités. » Pour Babacar Justin, il « … est tombé dans le piège de l’interdiction : désormais il va beaucoup embastiller, beaucoup traquer. Sans assez travailler. »
Sa malchance serait sa mésaventure avec le Président Abdou DIOUF, l’héritier france-africain de SENGHOR. D’ailleurs le seul fait de choisir une telle personne comme conseiller, lui serait très préjudiciable. Car le prédécesseur de WADE est en retard sur le plan stratégique et à la retraité politique : il ne sais plus que notre pays est indépendant ; il est hanté par sa première rencontre avec le fils de Diogoye qui s’est réalisé pendant la colonisation. En réponse à son cousin, qui disait : « Laissez le Président Macky SALL continuer à œuvrer pour faire émerger le Sénégal avec l’appui discret et désintéressé du Président Abdou Diouf… » Nous répliquerons comment le Président DIOUF peut-il être désintéressé par la continuation de sa propre mission france-africaine ?
Aujourd’hui notre pays est la proie d’hommes à peine soucieux de son émergence. Comment peuvent-ils développer, même un village, par la démagogie et le népotisme ; avec un discours apparemment fertile, mais en réalité pauvre, stérile et assoiffé de toute logique, menant indubitablement vers une impasse économique et socioculturelle.
Le juge Kéba MBAYE avait bien raison quand il disait lors de son cours inaugural du
14 décembre 2005 : « … j’ai eu le sentiment très net que…, les Sénégalais, à tort ou à raison, instruits de ce qui semble être la doctrine des autorités qui les dirigent, la confiance en leurs seuls hommes supposés fidèles et non à tous les Sénégalais compétents, se sont déterminés à prendre une assurance contre les aléas de la vie politique de notre pays. Cette assurance vous le devinez, consiste à se prémunir contre des jours futurs durant lesquels on est écarté de sa « place » ou de tout. Elle conduit, quand on est encore dans une bonne « place », à rien d’autre qu’à la recherche de biens par tous les moyens, d’où la déviance vers l’enrichissement illicite…, la corruption sous toutes ses formes, l’absence de l’amour de la nation. »
Il avait aussi raison quand il poursuivait : « Nos amis les Marocains qui avancent à grands pas vers le développement… Quand on les interroge sur la situation de leur pays, ils parlent non de politique mais plutôt d’éducation, de santé, de salubrité, d’ordre et de discipline… Quand on interroge un Sénégalais sur la situation de son pays, il parle de remaniement ministériel, de querelles ou de limogeages politiques. Que nos dirigeants politiques m’excusent. Mais ils savent tous comme moi que ce n’est pas la politique politicienne qui développe un pays…, que ce genre de politique est le métier le plus facile du monde. Il ne nécessite ni études, ni apprentissage. »
En définitive « des moutons dirigés par un lion sont plus redoutables que des lions dirigés par un âne. » (Douglas Mac Arthur)
Assane Bocar NIANE
Parcelles Assainies, Dakar
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