Suspense total sur “l’affaire Pape Thiam”. Le dernier acte du procès des présumés meurtriers du taximan sénégalais, qui se déroule depuis le mardi 10 janvier dernier, n’a pas encore révélé grand chose sur l’auteur du coup de feu, ayant entraîné la mort de notre compatriote.
Encore sous le choc, après plus de deux années vécues sans leur proche, la famille de Pape Thiam peine toujours à comprendre ce qui s’est réellement passé au soir du dimanche 16 novembre 2014. Le jour, où le jeune taximan sénégalais de 31 ans a été assassiné par balles par quatre jeunes adolescents dans le 5103 Garden Green Way (Newburg, Louisville).
Les faits marquants de la journée du vendredi 13 janvier ont été les témoignages de Quinton Lewis et Larico Lowings, deux jeunes parmi les quatre arrêtés dans le cadre de l’affaire, au lendemain du meurtre. Leurs témoignages respectifs ont été battus en brèche par les avocats des deux co-prévenus, à savoir ceux de Anu White et Barry Morris. Ce dernier nommé a été désigné par les deux autres comme l’auteur présumé du tir meurtrier, alors que Anu White a été présenté comme le cerveau du gang, ayant muri et planifié la rencontre avec Pape Thiam.
Le film du meurtre raconté par…Lowings et Lewis
Selon Larico Lowings, âgé aujourd’hui de 19 ans (17 ans au moment des faits), “le dimanche 16 novembre 2009, on n’était pas à l’école. C’était un jour non-ouvrable. On était entre amis chez Barry Morris. Anu White, Quinton Lewis, Barry Morris, et moi-même. Il y’avait également la grande soeur de Morris dans la chambre. Cette dernière fut la petite amie de Quinton Lewis. C’est Anu White qui discutait avec un gars au téléphone, parce qu’ayant mis sur Craigslist un avis de vente d’un téléphone de marque “Iphone 6”. Je ne connais réellement pas le gars avec qui il communiquait. A un moment donné, Anu White lui a remis une fausse adresse. Le gars (Pape Thiam) est venu, mais il s’est rendu compte que l’adresse qu’il lui avait donnée était fausse. Ensuite, il est reparti. Ne l’ayant pas vu, Anu White, communément appelé “D”, a repris contact avec lui, mais cette fois par texte message. Environ 2 heures plus tard, le gars est revenu à bord de son taxi. A partir de là, on a décidé d’aller le rencontrer. Anu a pris mon téléphone, qui était de marque “Galaxy” pour le présenter au gars. Il parait que le mec est Africain, vu son accent. Après, avoir reçu le phone des mains de “D”, le taximan n’était pas disposé à le conserver, arguant que ce n’est pas un “Iphone 6”. Il était prêt à payer 600$ pour acquérir le phone. Mais, on lui a présenté un “Samsung” à la place du “Iphone 6” comme convenu. Le “Samsung” était mon portable. Ca m’appartient. C’est en ce moment précis que Barry Morris a sorti un pistolet, qu’il pointe en direction du chauffeur. Il lui demande de sortir tout argent qu’il détenait. Le gars nous avait déjà montrés quelques billets. Je pense qu’il gardait le reste dans sa poche ou quelque part dans son taxi. De toute façon, je n’en sais pas grand chose. Barry Morris n’a donné aucune chance au gars, lui permettant de sortir une quelconque somme. Il a aussitôt tiré sur lui. J’ai entendu 4 à 5 coups de feu. Je n’en revenais pas, car son acte m’a surpris. Après les coups de feu, le taxi a démarré de vive allure pour s’écraser sur un arbre. Le taximan voulait s’échapper, mais peine perdue. Il était déjà atteint. On s’est retrouvé quelques part ensuite et on a demandé à Barry Morris, pourquoi il a fait ça ? Il a répondu par “je ne sais pas”. On est tous rentré chez nous. J’ai reçu un coup de fil de la part de la soeur de Barry Morris, qui soutenait être au courant de ce qui venait de se passer et qu’elle était disposée à témoigner à la police pour nous tirer d’affaire, á condition qu’on n’y associe pas le nom de son frère. Je lui ai répondu juste que “quelque chose venait de se produire et qu’elle le dise à sa mère”. Une chose qu’elle n’a pas faite. Le lendemain, lundi, je m’apprêtais à partir à l’école à 6h20 du matin. Je me suis rendu compte que la neige tombait dehors. C’est en regardant les infos à la télévision que je me suis rendu compte que les écoles avaient fermé leurs portes à cause du mauvais climat. Quelques instants plus tard, vers 6h30, quelqu’un est venu taper à notre porte. C’était le détective qui venait procéder à mon arrestation”, telles sont les déclarations de Larico Lowings devant la barre.
Quinton Lewis, pour sa part a donné une thèse presque identique à celle de Larico Lowings.
Irrégularités notée dans les témoignages
Cependant, ces thèses ont été battues en brèche par les avocats de Barry Morris et Anu White, qui dénotent certaines irrégularités dans les propos et notamment dans la position de Lowings par rapport au taxi que conduisait Pape Thiam. Larico Lowings déclare qu’il était de l’autre côté de la rue au moment des faits, alors que dans son témoignage, il décrit la discussion entre Anu White et Pape Thiam. Alors, comment est-ce possible d’être éloigné du taxi et d’entendre ce qui se tramait autour ? Dans ses propos préliminaires faite à la police au lendemain des faits, Lowings déclarait que Anu White avait planifié l’attaque et en même temps c’était lui le tireur. Des propos contradictoires avec ceux tenus devant la barre vendredi.
Quinton Lewis également a été épinglé par les avocats, du fait qu’il avait désigné Anu White comme le tireur présumé durant son interrogatoire à la police, alors que dans son témoignage à la barre, il a accusé Barry Morris d’être le meurtrier de Pape Thiam. Il dit entre autre qu’il n’avait pas vu l’arme du crime, alors qu’auparavant il avait donné les caractéristiques de l’arme utilisée aux policiers enquêteurs. Il soutient, également que Anu White n’était pas sur les lieux au moment du crime, mais il est venu après.
La décision du jury très attendue ce mardi
Larico Lowings et Quinton Lewis soutiennent avoir pointé Anu White au début de l’enquête, parce que celui-ci n’était pas un jeune de Louisville, mais plutôt de Florida et qu’ils tentaient de protéger leur “ami” Barry Morris qui vit dans le même quartier qu’eux, à Newburg.
Les membres du jury sont attendus ce mardi 17 janvier pour décider de la culpabilité ou non d’Anu White et de Barry Morris. Ils sont les seuls à pouvoir le faire, selon la juridiction américaine. Mis, à part eux, personne d’autre ne peut prendre une telle décision. Quatorze personnes ont été choisies pour composer le jury.
Du coté de la famille, on croise les doigts et attend impatiemment la décision du jury et la peine encourue par Anu White et Barry Morris dans le cadre de l’affaire Pape Thiam.
Papa Waly NDAO, à Louisville (Kentucky, USA)
Papa Waly NDAO
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