La traque des biens supposés mal acquis doit être relancée. C’est l’appel du Coordonnateur du Forum Civil, Mohamadou Mbodj, aux autorités publiques, lancé hier, dimanche, sur les ondes de Sud Fm au cours de l’émission Objection. Pour lui, le blocage du dossier sur la traque, est un message d’encouragement à l’endroit de tous ceux ou celles qui ont commis des crimes financiers. Quant à la gestion de la commande publique, son diagnostic en a conclue à un surenchérissement des coûts sur les réalisations et les programmes du gouvernement. Sans compter le gré à gré qui monte en flèche. Le patron du Forum Civil demande, en outre, une réévaluation de l’Ofnac qui est à mi-mandat.
Le Coordonnateur du Forum Civil, Mohamadou Mbodj, a plaidé hier, dimanche, au cours de l’émission Objection de Sud Fm Sen radio, pour la reprise des dossiers sur la traque des biens supposés mal acquis. Il soutient que l’Etat du Sénégal, en s’attaquant à l’impunité des crimes financiers, a permis, en 2014, à notre pays de faire en grand bond en avant dans la lutte contre la corruption. «La traque est bloquée. Il y a une liste de vingt-cinq responsables de l’ancien régime qu’on n’a pas utilisée. Le premier, on a négocié sa libération dans des conditions que personne ne connaît et aujourd’hui, il est au Katar. Les amendes cumulées de six responsables avoisinaient 1000 milliards de F Cfa. La traque était instituée pour lutter contre la corruption et si on l’arrête, c’est comme une sorte d’encouragement », dit-il, avant d’ajouter : «Maintenant, il y a quelques dossiers de fonctionnaires, c’est bien de continuer comme cela. Mais il faut articuler cette relance au premier dossier des vingt-cinq qui figuraient sur la liste du procureur Alioune Ndaw».
Par ailleurs, M. Mbodj a lancé un appel aux autorités pour une réévaluation de l’Ofnac qui est à mi-mandat. «L’ancienne présidente avait indiqué qu’en ce qui concerne la déclaration de patrimoine, seulement 51% des assujettis à cette loi se sont acquittés de leur devoir de citoyen. Et parmi les 49% qui font de la résistance, une partie est constituée de fonctionnaires, et l’autre partie, ce sont les élus. Il faut qu’on évalue tout cela», fait-il remarquer.
L’invité de Baye Omar Guèye a aussi jeté le regard sur la gestion de la commande publique. Le diagnostic en a conclue à un surenchérissement des coûts sur les réalisations et les programmes du gouvernement. Pour multiplier l’impact d’un programme ou d’une réalisation, le contrôle de la corruption, peut aider à aller plus vite, dit-il.
En plus, cette même gestion de la commande publique, se signale, fait remarquer le coordonnateur du Forum Civil, par la montée en flèche du gré à gré. Même s’il précise qu’en soi, le gré à gré, ne renseigne pas sur le niveau de corruption, M. Mbodj n’a pas manqué de relever qu’il porte des risques élevés de corruption. «On nous dit que l’objectif est d’aller vite dans les réalisations, mais il faut évaluer et voir si nous l’avons atteint », souligne-t-il.
Se prononçant sur l’état de la corruption en général au Sénégal, le patron de Forum Civile note qu’«on est en situation de progression pour tendre vers l’intégrité, on n’est pas encore à mis chemin, c’est-à-dire la moyenne mondiale. Nous avons trois outils qui travaillent sur la mesure de la corruption : Il y a l’indice de perception de la corruption, c’est les résultats de ce classement que nous avons rendu public il y a quelques semaines, il mesure la grande corruption dans l’administration publique (agences publiques) et dans la classe politique, c’est-à-dire la corruption passive, ceux qui reçoivent des pots-de-vin. Le deuxième indice qui mesure la petite et moyenne corruption et ses transactions corruptrices entre les usagers du service public et les fonctionnaires à certain niveau de responsabilité.
Les premiers agents publics sont dans la haute administration, on l’appelle le baromètre. Il le mesure dans les secteurs et fait un classement, par exemple dans l’impôt, la justice, la police, la douane etc. Il y a un troisième outil qui est l’analyse de la perception des pays exportateurs, développés et intermédiaires. Ce dernier renseigne sur la grande corruption». En 2014, il s’’est réjoui du travail fait par les autorités : «en 2014, on est à 43ème place sur 100. Pour la première fois l’Etat lance la traque des biens mal acquis en s’attaquant à l’impunité des crimes financiers, en engageant un certain nombre de réformes et en tentant de mettre en place des lois favorables à lutte contre la corruption, d’ou la création de l’Ofnac, la déclaration de patrimoine etc», note le patron du Forum Civil.
En effet, au plan politique, Mohamado uMbodj constate un décrochage des électeurs qui ne croient plus à la classe politique en général. Et cela s’explique, dit-il, par le fort taux d’abstention. «Cette situation somme les partis de se réformer, mais en lieu et place, ce sont des conflits. Il n’y a pas de débats à l’interne, ces partis sont en crise et génèrent des contre-valeurs, ils sortent des leaders qui sont porteurs de ces contre-valeurs : de corruption, d’absence de transparence et d’autoritarisme», regrette-il.
Pour ce qui est de la coalition Benno Bokk Yakkar, Mohamadou Mbodj milite en faveur d’une réévaluation des compagnonnage des alliés : «l’accord de 2012 a fait son temps. Il faut le renégocier, que chacun aille aux législatives et puis discuter de l’accord sur la base du poids chacun à l’issue de ces élections, c’est ça la transparence. L’opposition est dans la même situation. Il y a risque d’effritement dans les deux camps. Et le deuxième mandat de MackySall porte les germes d’une implosion de la majorité», souligne M. Mbodj.
En outre, l’invité de Baye Omar Guèye a abordé la question des relations avec nos voisins dont la Gambie et la Mauritanie. Pour ce qui est du premier (Gambie), il invite à plus d’humilité et de respect dans nos rapport avec ce pays. Concernant le second, il dira : «Sur la Mauritanie, on fait preuve de laxisme. Il faut être plus ferme sur les principes, on ne peut pas prendre les pêcheurs comme des canards. De son côté, il faut que l’Etat contienne les pêcheurs dans les limites du terroir sénégalais et en conformité avec le droit international. Ce n’était pas nécessaire de faire pression sur un groupe de presse et de présenter des lettres d’excuse, nous sommes dans un Etat de droit, s’il (le Président Aziz, ndlr) se sent lésé dans ses droits, la justice sénégalaise est là. Nous n’avons pas à nous agenouiller devant Aziz. Même si les pêcheurs commettent des fautes, on doit les juger, mais on ne doit pas les éliminer, c’est un crime contre des innocents»,peste-t-il.
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