Pendant longtemps, Yankuba Badjie a été la terreur des Gambiens sous le régime de Yahya Jammeh. L’ancien directeur des services de renseignement du président gambien déchu a été arrêté dans la nuit du lundi par la police de son pays. Dans la foulée, Sheikh Omar Jeng, le directeur des opérations de la National intelligence agency (NIA), a lui aussi été arrêté.*
Depuis 48 heures, Yankuba Badjie et Sheikh Omar Jeng sont placés en garde à vue au commissariat de police de Brusubi. Ils y sont soumis à des interrogatoires sur des dizaines de dossiers relatifs à des cas de disparitions, d’enlèvements, ou encore d’assassinats commis sous le régime dictatorial de Yahya Jammeh, battu le 1er décembre dernier aux urnes. Sous Yankuba Badjie, la redoutable NIA était devenue un instrument de terreur d’Etat dont la brutalité a été la clé de voûte de l’édifice de l’ex-président. Des témoignages concordants de rescapés, de personnes détenues ou même d’anciens agents de la NIA indiquent comment les hommes et les femmes de cet appareil répressif ont eu droit de vie ou de mort sur leurs victimes. Les actes de tortures infligés aux personnes arrêtées par la NIA frisent souvent l’horreur.
Plusieurs survivants renseignent que les méthodes de la NIA pouvaient atteindre des niveaux de cruauté inouïs, lorsque Yankuba Badjie et Sheikh Omar Jeng soumettaient leurs prisonniers à la merci des Junglers, les tueurs à gage de Yahya Jammeh. Dans de tels cas, les femmes étaient toujours battues et violées. En ce qui concerne les hommes, les sévices pouvaient les mener de vie à trépas. C’est le cas de l’opposant Solo Sandeng, mort en avril 2016, après avoir été battu et étouffé par des Junglers et l’équipe de tortionnaires de la NIA. Son corps n’a jamais été revu, depuis lors, tout comme ceux de centaines de personnes dont les familles réclament désormais les restes.
D’ailleurs, le Président Adama Barrow, sitôt retourné à Banjul, a ouvert un service auprès de la direction générale de la police nationale gambienne et du ministère de la Justice pour permettre aux familles de personnes disparues, ou mortes des suites d’arrestation de la NIA de pouvoir porter plainte. Pour rappel, Yankuba Badjie a été limogé en fin janvier dernier, lorsque le Président Barrow a rebaptisé la NIA State Intelligence service (SIS). Depuis quelques semaines, des voix se faisaient de plus en plus entendre pour réclamer l’arrestation de Yankuba Badjie et des éléments qui le secondaient dans son entreprise de terreur.
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