LE QUOTIDIEN – A Thiès, les travailleurs de la santé sont sortis de leur cadre professionnel pour dénoncer leurs mauvaises conditions de travail et leur situation sociale. Ils menacent de paralyser le système prochainement.
«Les agents de santé communautaire de la région de Thiès vont perturber voire paralyser le système sanitaire», menace le porte-parole des agents sanitaires, Ndiène Sombèle Séne, hier à l’occasion d’un sit-in qu’ils ont tenu dans les locaux de la région médicale en réaction au dernier recrutement survenu dans leur secteur. «Un recrutement qui a laissé en rade tous les agents communautaires, qui exercent dans les structures sanitaires de la région. Un état de fait que rien ne saurait expliquer. Nous avons subi une formation sanctionnée d’un diplôme. Depuis plus de neuf ans nous exerçons à différents niveaux de la pyramide sanitaire et parmi nous il y a des infirmiers-chefs de poste, des majors de service et des sages-femmes responsables de structures sanitaires qui abattent, de jour comme de nuit, le même travail que celui de nos camarades recrutés dans les autres régions qui appartiennent au même système que nous avec le même statut. Alors, pourquoi cette discrimination, cette injustice qui consiste à recruter des agents d’autres régions pour laisser en rade ceux de Thiès», s’interrogent-ils avant d’interpeller : «Les pouvoirs étatiques en général et la tutelle en particulier pour que des dispositions idoines soient prises pour corriger ce tort alors qu’il est encore temps. Si, d’ici une semaine rien n’est fait dans le sens d’une prise en compte des agents de santé communautaires de la région, nous allons tout mettre en œuvre pour paralyser le système à Thiès et même au-delà si nécessaire».
Venu leur prêter main forte, le secrétaire général de l’Union régionale du Sutsas de Thiès, Ndiogou Sarr Dièye indique que cette «manifestation des agents de santé communautaire n’est que l’expression d’un ras le bol d’une accumulation de frustrations vécues par ces professionnels qui font partie du système. Des professionnels qui ont largement contribué à l’élévation des indicateurs de la région. Ils ne font pas moins de 150 au total et si on pousse l’analyse, on se rend compte, qu’au plan structurel, il n y a pas moins de 30 postes de santé dans la région qui ne sont pas gérés par des agents communautaires».
Pour dire, selon lui, «qu’au-delà même de la frustration et de l’injustice qu’elle engendre, la situation telle qu’elle est pose un problème d’insécurité tant pour les populations que pour l’Etat. Et ne serait-ce que pour çà, il temps que l’Etat et le ministère particulièrement cessent de mettre entre parenthèse Thiès pour des raisons de distance et de proximité avec Dakar. Il y a les mêmes droits pour les populations de Fongolimbi que pour celles de Mbousnakh. Alors il est inacceptable que les trois grands districts sanitaires les plus peuplés de la région soient tous frappés par le même phénomène. Il est inacceptable que nos structures soient gérées par des agents qui ne sont pas reconnus par l’Etat et qui ont par conséquent la latitude de faire ou de ne pas faire».
Il ajoute, «même s’il est vrai que nous sortons d’un recrutement, il y a des analyses qui peuvent être faites par rapport à cette opération. Car il y a, dans ce recrutement, beaucoup de fonctionnaires qui sont «recrutés» tout comme il y a beaucoup d’aides-infirmiers au moment où des diplômés qui gèrent nos structures sont laissés en rade». Et d’indiquer «trop c’est trop et il faut arrêter».