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Profil du député(e) de la Diaspora et enjeux politiques

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Le démarrage officiel de la campagne pour les élections législatives n’a pas encore commencé, mais, déjà, des ambitions se précisent dans la Diaspora. Aux Etats Unis, des Sénégalais se dévoilent sur des plateaux de télévision, dans les radios, sur des journaux en ligne ou sur des réseaux sociaux. Ils en ont pleinement le droit.

Ce foisonnement de candidatures qui se profile à l’horizon exige, toutefois, une esquisse de portrait du candidat ou de la candidate qui doit nous représenter à l’hémicycle de la place Soweto. Nous, Sénégalaises et Sénégalais de la Diaspora, en avons aussi le devoir.
Avec humilité, nous explorons les qualités qui nous paraissent essentielles et sur lesquelles nous pouvons tous concourir. D’autres peuvent s’y ajouter, mais nous nous limitons à celles-ci :
Le candidat doit être une personne connue au sein de la communauté sénégalaise de la Diaspora où il (elle) réside et doit être engagé pour la cause de leur bien-être.
Le candidat doit comprendre les problèmes de nos compatriotes et, surtout, les problèmes des femmes qui constituent le maillon faible de la Diaspora. La connaissance de ces problèmes peut être acquise au sein des organisations sectorielles ou multisectorielles ou par les interactions quotidiennes avec eux sous toutes ses formes. Une équidistance avec nos compatriotes dans leurs vies quotidiennes ne peut militer en faveur d’une candidature sérieuse.
Le candidat doit être un bon communicateur. Il doit pouvoir non seulement articuler clairement les problèmes auprès des pouvoirs législatif, exécutif ou même judiciaire, mais également, suivre l’évolution du traitement de ces problèmes jusqu’à leur résolution.
Le candidat doit afficher les traits d’un leader et démontrer une capacité d’anticipation. Ces traits se forgent dans les organisations et dans les relations quotidiennes avec les humains. La capacité d’anticipation s’acquiert à travers la recherche quotidienne de la bonne information.
Le candidat doit être une personne intègre et crédible. Une personne qui « ne traine pas de casseroles» et digne de confiance.
Le candidat doit avoir un esprit rassembleur. Il doit être capable d’échanger avec tous les Sénégalais, nonobstant leurs sensibilités politiques. Un député de la Diaspora n’est pas un député d’un parti ou d’une majorité. Il représente les intérêts de tous les Sénégalaises et Sénégalais sous sa juridiction.
Le candidat doit comprendre, enfin, les politiques publiques et montrer une aptitude à
identifier des opportunités et les corréler aux besoins des Sénégalais de la Diaspora. Il doit avoir de bonnes relations avec les décideurs pour diligenter la résolution nos problèmes.

Au regard de ces qualités génériques du député de la Diaspora, le candidat doit prendre l’engagement d’une assiduité aux sessions parlementaires et rendre compte à ses mandants.

Il sied, par ailleurs, en tant qu’acteur politique et militant de l’APR USA, d’y greffer d’autres considérations stratégiques propres aux partis politiques ; le nôtre compris. Et la question cruciale est celle-ci: Avons-nous « le bon cheval » sur lequel on peut parier ?

La centralité de cette question repose sur une pratique du vote au Sénégal. Certains Sénégalaises et Sénégalais votent selon la tête du client ; nous voulons dire du candidat. Ils peuvent ne pas lire les programmes, mais votent suivant leurs accointances avec le candidat. Nous pensons que nos compatriotes de la Diaspora gardent, toujours, leur « Senégalité » et épousent cette même logique. Nous en sommes convaincus ! Par conséquent, l’aura et la représentativité du candidat constituent des leviers puissants pour sécuriser un succès électoral au-delà des préalables de l’unité et de la mobilisation et permettent d’engranger les voix de la majorité, des voix des indépendants, de la société civile, et même de l’opposition.

Un militantisme engagé, soutenu et polymorphe exprime, aussi, une qualité politique essentielle pour une investiture au poste de député. Des exemples de ce militantisme résident dans le « marketing » des politiques économiques et sociales de la majorité, mais, en outre, se manifestent dans un effort de massification du parti. Un militantisme sporadique ne peut être un critère d’investiture pour un militant. De même, une longévité ou une responsabilité dans le parti, ou les deux, sans une action militante, ne peuvent être des critères de discrimination positive.

La combinaison de toutes ces qualités génériques et stratégiques maximise la probabilité d’une victoire certaine aux législatives. Et disons-le nettement ! Ici aux Etats Unis, une poignée de nos camarades les remplissent et nous les connaissons.

La perte des élections législatives dans la Diaspora, pour nous la majorité, n’est pas une hypothèse. Le président de la République l’avait affirmé aux militants du parti lors de son dernier séjour à Washington D.C. Le Premier ministre l’a récemment réitéré ; il a aussi invoqué les enjeux de ces élections et nous le citons: « le président de la République Macky Sall ne pourra pas gouverner sans une majorité à l’assemblée. » Dès lors, la victoire à ces prochaines élections législatives dans la Diaspora et au Sénégal reste un impératif, mais elle nécessite l’identification de ces «ces bons chevaux» capables de l’assurer et l’unité autour de ces candidats.

L’aéronef « Sénégal » est, aujourd’hui, en pleine vitesse de croisière comme nous l’avions tantôt exprimé dans une de nos précédentes contributions. Une cohabitation politique, le rêve de l’opposition, équivaudrait à un amerrissage lourd de conséquences désastreuses. Le clash inévitable entre le président de la République et un Premier ministre, issu de l’opposition, freinerait la mise en œuvre des programmes économiques et sociaux. Qu’adviendrait-il alors du PSE ? Le rangerait-t-on dans les poubelles de l’histoire ? Bref ! Un scepticisme nous anime.

Le spectre d’une cohabitation politique inquiète les Sénégalais, car une alternative crédible à l’offre politique, économique et sociale du président Macky Sall n’existe pas. L’opposition s’active, actuellement, plus dans la confection d’une liste ou des listes pour les législatives que dans l’élaboration de programmes de développement pour Sénégal. Nous précisons qu’une offre ou programme de développement économique et social ne se développe pas précipitamment. Elle doit être bien pensée. Et si ce programme existait, celui de quel parti serait mis en exécution en cas de victoire ? L’argument du changement pour le changement ne peut convaincre les Sénégalais et le simple citoyen Epsilon qui veulent des réponses aux problèmes économiques. Et des questions ne manquent pas pour l’opposition. Par exemple, quel taux de croissance proposeriez-vous aux Sénégalais ? Qu’offririez-vous aux agriculteurs, pécheurs et éleveurs pour améliorer leurs productions? Que soumettriez-vous aux jeunes pour résorber le chômage ? Ce sont ces réponses que le président Macky Sall apporte, présentement, dans son PSE et les autres programmes. Nous doutons que l’opposition puisse faire des propositions meilleures, concrètes et documentées que celles en exécution au Sénégal.

Une cohabitation encouragerait un maintien du statu quo et l’instauration d’une campagne électorale permanente au détriment du travail. Une cohabitation ne peut réussir que si les acteurs partagent la même vision et les mêmes objectifs ; en Ouolof : « Sou djiko yi bokoule, guiss guis yi bokou niou, deukale bi ake ande bi dou mana nek ». Une campagne électorale permanente plonge le pays dans une tension constante, génère l’insécurité et fait fuir les capitaux ; ce qui n’est pas dans l’intérêt du Sénégal.
L’expérience de la cohabitation politique dans certains pays développés révèle un échec dans l’atteinte des objectifs politiques, économiques et sociaux. La France du président Chirac et du Premier ministre Jospin ou les Etats Unis du président Obama et du congrès républicain l’illustrent parfaitement.

En définitive, le peuple sénégalais conviendra avec nous que le Sénégal de la période 2017-2024, en chantier, n’en a nullement besoin, car nous voulons et réclamons la poursuite de cet élan pour l’émergence. Le chemin est long et une pause ne se justifie pas.

Certes, des ajustements dans la gestion de certains programmes gouvernementaux s’imposent et le président et son gouvernement s’y attèlent vigoureusement. C’est l’occasion d’inviter le gouvernement à diligenter la réactualisation et/ou l’élaboration de plans de contingence dans tous les secteurs névralgiques afin d’atténuer les «turbulences », somme toute normales, qui frapperont inéluctablement ce « vol » dans lequel le président Sall est le « commandant de bord » et le Premier ministre le « pilote ».

Le président Macky Sall n’a pas le don d’ubiquité, un attribut du Tout-Puissant, mais que certains veulent lui octroyer. Il ne peut non plus être assimilé à un « Deus ex machina » capable de résoudre tous les problèmes en temps réel et à l’échelle nationale. Ses prédécesseurs ne l’ont jamais été et ses successeurs ne le seront guère. Soyons réalistes ! Ses représentants dans l’administration centrale et décentralisée l’aident dans ces tâches de résolution des problèmes avec des contraintes sociologiques, anthropologiques, économiques, politiques, et/ou géopolitiques. Cependant, nous, Sénégalais, devons les épauler dans l’exercice de leurs fonctions et nous dresser en sentinelles du développement, car le Sénégal nous appartient.

Le président Macky Sall mérite une majorité à l’assemblée nationale au vu de son bilan prestigieux au-delà des espérances. Son compagnonnage avec les Sénégalais dans son option irréversible pour l’émergence du Sénégal demeure, en dernière instance, un devoir patriotique. Nous croyons fermement que certains membres de l’opposition sont des patriotes et ils aideront à la réalisation de cet objectif.

Notre vénéré guide religieux El Hadji Abdoul Aziz Sy Dabakh, qu’Allah soit satisfait de lui, disait en Ouolof : « So ame sa eumbeu te neka chi gal bouye beugue soukhe, boul niane sa eumbeu mouthie, waye nianale gal gui mouthie » ; en français : « si une personne a son baluchon dans une pirogue qui tangue dangereusement au point de chavirer, qu’elle prie non pas pour sauver son baluchon, mais plutôt pour sauver la pirogue. »
Citoyennes et citoyens de la Diaspora et du Sénégal, nous vous appelons à méditer cette sagesse le 31 Juillet 2017.
Ahmet Sarr,
APR Manhattan USA
[email protected]

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