La psychose de 2004 est encore là, quand des populations de Bargny, pour contester la spoliation de leurs terres par la Sococim, ont fait face à la police pendant des semaines. Cette fois encore, les mêmes populations sont sorties pour dire non au ministre des Collectivités locales qui veut ériger un quartier de leur commune en commune. Sendou est aujourd’hui sous la coupole des hommes du président qui y ont érigé des forteresses.
(Correspondance) – Ils sont venus de partout, y compris des villages environnants, pour manifester contre l’érection du quartier Sendou en commune. Et même des habitants de Sendou ont fait le déplacement. Pour le porte-parole des manifestants, Issa Ndoye, il est inadmissible qu’un quartier d’une commune soit érigé en commune seulement pour régler des problèmes politiques. ’Notre commune fait 65 mille habitants là où le quartier de Sendou en compte mille. Ce qui montre l’impopularité de la décision du ministre Aliou Sow, c’est que la majorité des populations, dont même des habitants de Sendou, s’y opposent’, déclare Issa Ndoye.
Pour montrer la légitimité de leur action, les manifestants ont brandi l’article 79 du Code des collectivités locales qui stipule que lorsqu’une localité n’a pas suffisamment de ressources pour se développer, elle ne doit pas être érigée en commune. ‘Par conséquent, Sendou, qui ne peut même pas enregistrer 10 mille francs de recettes, ne doit pas être une commune. D’abord, sur le plan démographique, le quartier n’a pas mille habitants. Aux dernières élections, il y a eu trois bureaux de vote pour 714 votants. Donc tout est contre l’érection de Sendou en commune’, explique le porte-parole des manifestants.
Pour les différents orateurs dont des libéraux et des membres de la société civile, c’est une boulimie foncière qui est à l’origine de ce projet. Et pour faire face à ce forcing, un plan d’action a été concocté. Les différentes classes d’âge seront convoquées pour une large sensibilisation. La communauté Léboue de Yoff et de Dakar sera impliquée dans le grand combat, annonce-t-on. Les Lébou de Bargny se souviennent encore de la grande bataille de 2004 au cours de laquelle trois jeunes avaient été interpellés, puis libérés par le président Wade.‘Nous allons nous organiser dans l’unité pour mener le même combat contre les spéculateurs fonciers’, crie un responsable des jeunes. En attendant, les populations interdisent l’accès de Sendou au président Wade et à son ministre des Collectivités locales.
ÉRECTION DE SENDOU EN COMMUNE : A l’origine, l’emprisonnement du plus grand spéculateur foncier de Bargny
Tout serait parti de l’arrestation d’Arona Ndoye, frère du délégué de quartier de Sendou, pour ‘vente illicite de terrain’. La première fois, il a été libéré après que le maire Mar Diouf paye une caution de huit millions. Une seconde fois, le maire socialiste a encore cédé 25 parcelles pour le sauver de prison. Mais, cette fois, l’édile de Bargny, qui n’en peut plus, soutient qu’il serait malhonnête de sa part d’intervenir pour libérer ce courtier qui continue de vendre des parcelles d’autrui. C’est alors que le frère d’Arona Ndoye se rend auprès de nombreuses personnalités qui ont construit de belles villas dans le quartier, tous des proches du président Wade, pour les informer. Et Lamine Faye, neveu du président Wade, a promis sa libération, mais en retour, il exige que le prisonnier et tout le village regagne le Pds. Mieux, le garde du corps du président Wade promet de s’en ouvrir au président Wade pour que Sendou soit érigé en commune.
Sentant le coup fourré, Mar Diouf propose au conseil communal la division de Sendou en trois quartiers, avec notamment deux pour les autochtones et un autre pour les étrangers. Au même moment, le président de la République gracie par un décret le courtier. A sa sortie de prison, lui et son frère seront reçus par Wade. La famille Ndoye, qui contrôle tout le village, a aussitôt convoqué un meeting de ralliement pour le Pds. Et c’est au cours de ce meeting que le ministre des Collectivités locales aurait pris l’engagement d’ériger Sendou en commune. Ce qui profitera certainement aux ministres et autres personnalités de l’Etat qui ont mis la main sur les nombreuses terres au bord de la mer. On peut citer Idrissa Seck, Abdoulaye Diop, Lamine Faye ou encore Cheikh Tidiane Sy.
walf.sn