Le ministre des Affaires étrangères du Royaume-Uni, Boris Johnson, a indiqué mercredi que « toutes les preuves qu’il a pu voir suggèrent l’implication du régime de Bachar al-Assad » dans l’attaque chimique perpétrée la veille dans le nord-ouest de la Syrie.
Interrogé sur la nature de ces preuves, le chef de la diplomatie britannique n’a pas donné plus d’informations. M. Johnson a toutefois ajouté que le régime a « utilisé des armes illégales sur son propre peuple en toute connaissance de cause », parlant de « barbarie ».
Des images du correspondant de l’AFP montrent en effet des corps sans vie sur la chaussée, d’autres pris de spasmes et de crises de suffocation. Selon des médecins sur place, les symptômes relevés sur les patients sont similaires à ceux constatés sur des victimes d’une attaque chimique, notamment avec des pupilles dilatées, des convulsions et de la mousse sortant de la bouche. La nature du gaz toxique n’a pas encore été déterminée.
72 morts dont 20 enfants
Cette attaque aérienne dans une région du nord-ouest tenue par les rebelles a entraîné la mort d’au moins 72 personnes, dont 20 enfants, et provoqué une vague d’indignation internationale. Outre Londres, Washington et Paris ont pointé du doigt le régime de Bachar al-Assad, qui a démenti « catégoriquement » toute implication et accusé les insurgés d’être responsables de la tragédie.
Thèse russe
« Selon les données objectives du contrôle russe de l’espace aérien, l’aviation syrienne a frappé près de Khan Cheikhoun un grand entrepôt terroriste », a déclaré le ministère russe de la Défense dans un communiqué. Il abritait « un atelier de fabrication de mines artisanales, avec des substances toxiques », a affirmé le ministère, sans préciser si l’aviation syrienne avait connaissance du contenu de cet entrepôt.
« Arsenal d’armes chimiques »
« L’arsenal d’armes chimiques » était destiné à des combattants en Irak a ajouté le ministère, qualifiant ses informations d' »entièrement fiables et objectives ». L’utilisation de cet arsenal « par des terroristes a été à plusieurs reprises prouvé par des organisations internationales ainsi qu’aux autorités officielles » de l’Irak. L’armée russe ne précise donc pas si le régime syrien avait connaissance de la présence d’armes chimiques et surtout pointe de fait la responsabilité des « terroristes » en les accusant de détenir des armes chimiques.
Réaction de l’Union européenne
Les images horribles de l’attaque chimique perpétrée sur le sol syrien mardi « nous rappellent nos responsabilités », a déclaré mercredi la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini, à l’entame de la deuxième journée de la conférence de Bruxelles sur l’avenir de la Syrie.
« Ton des discussions »
Cette attaque donnera à n’en pas douter « le ton des discussions » qui se tiendront ce jour à Bruxelles, a quant à lui commenté le secrétaire général adjoint de l’ONU aux Affaires humanitaires, Stephen O’Brien. Les Nations Unies chercheront à « collecter toutes les preuves pour identifier les responsabilités » et amener ceux qui ont perpétré cette attaque « épouvantable » à « rendre des comptes », a-t-il ajouté.
Conférence de Bruxelles
La conférence de Bruxelles – à laquelle plus de 70 pays et organisations internationales ont été conviés – vise à faire le point sur les promesses de dons faites par la communauté internationale en février 2016 lors d’une réunion similaire à Londres.
« Unir la communauté internationale »
« Nous devons aussi unir la communauté internationale » afin de donner un « fort élan » aux discussions de Genève entre les parties impliquées dans le conflit syrien, ainsi qu’évoquer l’avenir du pays et sa reconstruction, a expliqué Mme Mogherini. L’absence à cette conférence d’acteurs importants sur le théâtre d’opérations syrien, tels la Turquie et la Russie, pourrait toutefois limiter sa portée.
Source: 7sur7.be