Les dépôts de gaz de Vito gaz, Diprom et Total sont à sec. Une pénurie est en vue, puisque la société Itoc, qui devait décharger un bateau dans la fourchette 16-18 Septembre, l’a finalement repoussé au 24, puis au 29 courant. Une situation qui a mis la Société africaine de raffinage (Sar) dans tous ses états. Elle qui s’était pourtant engagée à payer à Itoc ses 6 millions d’euros avant déchargement du butanier. Est-ce l’appel d’offre que compte lancer l’Etat en Octobre qui chauffe les nerfs ?
Depuis samedi dernier, les dépôts de gaz de Vito Gaz et Diprom sont à sec, Total devait suivre avant-hier et le gaz a commencé à se faire rare depuis samedi dernier. C’est dire qu’une pénurie de gaz, qui trouve son origine dans le report à deux reprises d’un déchargement de 4000 tonnes de la société Itoc, pointe son nez. Une situation qui a fini par faire monter la tension entre Itoc et la Société africaine de raffinage (Sar), et pour cause.
D’un commun accord, Itoc et l’Etat avaient programmé un butanier pour la fourchette 16-18 Septembre. Puis Itoc a décidé de reporter le déchargement au 24 courant, avant d’annoncer à la Sar que le bateau sera finalement à Dakar le 29 Septembre prochain. Entre temps, Itoc a exigé par lettre en date du 22 de ce mois que la Sar lui paye ses 6 millions d’euros (environ 4 milliards Cfa).
« La Sar nous doit 11 millions d’euros. Si nous ne recevons pas les 6 millions d’euros, nous ne pourrons pas payer à notre fournisseur. Nous avions averti les autorités pour que la Sar respecte ses engagements », explique un cadre d’Itoc. Réplique d’une source proche de la Sar : « Qui dit le contraire ? Mais nous avons toujours fonctionné comme ça ! Nous avons toujours respecté nos engagements. Avant que le bateau décharge on paye 4 milliards de Fcfa, c’est-à-dire 6 millions d’euros. Un autre bateau arrive dans huit jours et on paye le reliquat ainsi de suite. Chaque année, c’est un marché de 50 milliards de Fcfa que nous donnons à Itoc. Et toujours, nous lui payons qu’importe la situation. C’est l’intérêt de la Nation qui est en jeu ».
La société dirigée par Carmélo Sagna, comme il le réitère lui-même dans un courriel envoyé à Itoc, samedi dernier, s’est « formellement » engagée à opérer ce virement avant le déchargement du butanier, qui devait arriver à Dakar. N’empêche, cet engagement n’a pas évité la situation actuelle, qui n’est pas sans faire sortir l’Etat de ses gonds. Dans le même courriel, Carmélo Sagna ne se gêne pas de déplorer cette situation et juge regrettable que les populations « doivent souffrir » avec cette pénurie qui pointe son nez. Qui plus, si la Sar et Itoc ont pu ficeler un partenariat qui s’est étendu depuis plusieurs années, c’est parce que, malgré tout, la confiance règne entre les deux parties.
La Sar, aujourd’hui donc, s’étonne qu’Itoc n’ait pas proposé des solutions de substitution, pour assurer la continuité de l’approvisionnement du pays, en faisant venir des lots plus réduits ou en « détournant » un autre butanier, pour éviter une pénurie. Quoi qu’il en soit, le ministre de l’Energie, Samuel Sarr, a déjà fait comprendre que l’Etat allait prendre ses responsabilités face à cette situation « inadmissible ». Pour dire que les relations entre le Ministère de l’Energie et Itoc s’effritent. « On va vers le clash entre Samuel Sarr et Itoc, c’est sûr », croit savoir des sources autorisées qui affirme que le ministre de l’Energie se déploie pour amener un bateau à Dakar, sans le concours d’Itoc.
Si les autorités cherchaient encore une alternative hier, il reste que des sources proches du dossier croient savoir que l’origine de cette guerre des nerfs est à chercher ailleurs. En effet, les mêmes interlocuteurs renseignent que l’Etat a décidé de lancer un appel d’offres en Octobre prochain pour l’approvisionnement du pays en gaz. Le fournisseur, qui gagnera cet appel d’offres, aura en même temps la tâche de construire un Centre de stockage de gaz.
Cheikh Mbacké GUISSE
lasquotidien.info