Un rapport public brandi de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP), en 2015, remet au goût du jour la question des accords des marchés publics avec une forte présence des cabinets étrangers. Avec un taux de 63% des parts de marchés de prestations intellectuelles aux cabinets étrangers contre 37% pour les Sénégalais, le principe de la préférence nationale, en vue de promouvoir l’expertise nationale, est loin d’être appliqué.
Au vu de certaines données et statistiques, la situation devient alarmante et d’après les acteurs, la donne n’a cessé d’accroitre depuis des années avec l’arrivée, dans beaucoup de secteurs, des Français, Marocains, Saoudiens et Turcs. En 2014, environ 40 milliards des marchés de prestations intellectuelles ont été octroyés au global avec une part de moins de 40% pour les nationaux, soit environ 14 milliards tout au plus. Un taux qui, selon les professionnels sénégalais, reste très faible et participe à désengager les acteurs. Une situation qui, pour le moins, implique l’Association des professionnels de l’ingénierie conseils du Sénégal (Apics). Ces professionnels avisent sur la situation. «Nous devons être au moins majoritaires sur le volume des marchés, nous demandons à l’Etat d’appliquer le principe de la préférence nationale, seul gage pour que l’émergence soit assurée en termes de création d’emplois, de participation au produit intérieur brut (Pib)», explique M. Daffe, président de l’Apics qui assure, par ailleurs, que l’expertise locale est à saluer dans beaucoup de domaines. Les ingénieurs conseils, selon leur président, interviennent, entre autres, dans les secteurs des routes, de l’assainissement et l’hydraulique ainsi que les aménagements hydro agricoles avec une panoplie de cabinets qui travaillent, ainsi, dans l’ingénierie conseil au Sénégal. «Sans l’émergence de ces cabinets, il ne peut y avoir d’émergence !», plaide-t-il, au sortir d’une table ronde qui a permis aux acteurs de mener un plaidoyer en faveur d’une révision, par l’Etat, des principes fondamentaux des marchés publics.
Quid de la sous traitance des cabinets étrangers
Au moment où les professionnels expriment leur désarroi, il ressort d’un constat que nombre d’ «experts» étrangers pratiquent la sous-traitance sur des cabinets sénégalais. Un manque de professionnalisme déploré, de part et d’autre, qui sature le milieu. Il est encore évoqué, dans un autre registre, le manque de rigueur de certains cabinets qui, avec toute la compétence, piétinent pourtant sur les dispositions d’octroi ou de gestion des marchés publics ou prestations intellectuelles. «Force est de reconnaître que la plupart des entrepreneurs sénégalais manquent souvent de rigueur quand il s’agit de respecter les normes, les délais ou la disponibilité des moyens ou ressources. La plupart d’entre eux s’arrangent pour être moins disant aux appels d’offres et préfèrent gagner des marchés», souffle une source. D’où l’importance d’être plus ambitieux sur le volet. A ce niveau, l’Apics mène un combat de haute volée pour que les professionnels soient, désormais, conscients et prêts pour assurer une présence sur tous les appels d’offres. Par ailleurs, ils plaident, tout aussi, pour la transparence, craignant que cette inégalité soit, à la base, des problèmes de transparence. «Nous savons ce qui se passe globalement sur le marché international avec des marchés discutés ailleurs et des rétro-commissions. Nous n’avons pas la preuve de tels faits au Sénégal. Mais nous avons des soupçons. C’est comme si beaucoup de marchés sont discutés à des niveaux qui ne sont pas dans le code des marchés».
XALIMA, la rédaction