Il y a du pétrole sous nos tropiques ! Diront les sénégalais avertis qui vont, tout de suite, penser aux retombées politiques et économiques, naturellement… Mais il s’agit d’un processus laborieux, aviseront les professionnels, avant que du pétrole ne sorte du fond des blocs sous-marins et que la production et la vente du premier baril ne profite à l’Etat du Sénégal. Avant, il devra investir ou faire appel à des compagnies pétrolières pour mettre en place une véritable industrie dont le processus implique, souvent, de réels enjeux, de part et d’autre, face à des accords plus ou moins bien négociés.
Une industrie en marche
L’annonce d’une découverte de gaz et de pétrole au Sénégal a été faite, pour la première fois, en 2013. Il a fallu, par la suite, faire travailler des ingénieurs géologues, à partir d’une exploration des blocs sous-marins au moyen d’études de terrain et d’études sismiques pour s’assurer des possibilités d’installation de forage d’exploration. Un forage d’exploration permet aux techniciens de mener des recherches physiques pour trouver du pétrole ou du gaz. Naturellement, les Compagnies Pétrolières Internationales (IOC), entre super majors et autres exploitants, qui squattent la chaîne de valeur des hydrocarbures, s’invitent dans la sphère pour des propositions à l’Etat du Sénégal afin de s’impliquer au processus de recherche avec des moyens colossaux dont le Sénégal ne dispose pas. Il faut rappeler que ce genre d’opérations reste un gros investissement, sur une longue chaîne, pour les Sociétés Pétrolières Nationales (CPN) qui, au passage, contrôlent 90% des réserves (stockage du produit brut) et 75% de la production de pétrole et de gaz (exploitation et raffinage).
Au Sénégal, un puits de pétrole, selon sa profondeur, coûte entre 60 et 100 millions de dollars, allant jusqu’à 60 milliards de francs CFA. Pour avoir une grande part du capital d’une exploitation d’hydrocarbures, il faut naturellement que les Etats en supportent les charges. A ce jour, l’industrie pétrolière sur nos tropiques a fait 177 puits d’exploration entre le Sénégal, la Mauritanie, la Gambie, la Guinée Bissau et la Guinée Conakry avec près de 60% de réalisation. Pour le Sénégal, des sites d’exploration (pour les recherches) sont aussitôt localisés. Aujourd’hui, ils donnent entière satisfaction et concernent les zones de Kayaar, Sangomar, Rufisque et Saint-Louis. Ils sont exploitées, à partir de 2014, par des compagnies pétrolières internationales (CAIRN ENERGY, BP, KOSMOS ENERGY, TOTAL) et autres exploitants (TIMIS CORPORATION dont les parts sont repris par KOSMOS ENERGY) sur la base d’accords avec l’Etat du Sénégal, représenté par Petrosen, qui est également principal actionnaire sur l’ensemble des opérations de la naissante industrie pétrolière au Sénégal.
Quels accords pour le Sénégal ?
Il faut noter qu’à l’heure, le Sénégal pénètre un nouveau marché avec une industrie pétrolière en pleine croissance, les recherches ayant presque toutes abouti à la découverte d’importants gisements de pétrole et de gaz au niveau des différents puits exploités par les compagnies pétrolières présentes pour les opérations. Entre l’exploration qui concerne la recherche gaz et de pétrole et la production (production de barils à partir des réserves), il y a la phase actuelle de développement qui concerne l’évaluation, entre autres, le volume de la découverte et cette fois, avec des études d’impact poussées. Sur la base de documents publiés par l’Etat, le «contrat d’exploration et de partage» des hydrocarbures voudrait que la plupart des compagnies s’engagent pour 90% d’investissement, sur une première phase d’exploration, qui implique 10% de Petrosen. Une offre assez mesurée, selon les experts qui revisitent, dans cette opération, le format standard dans le marché des hydrocarbures ; le Sénégal n’étant pas une puissance financière, il ne pourrait pas supporter les charges en amont. Ensuite, l’Etat du Sénégal devra négocier, très prochainement, des contrats d’exploitation des réserves et de la production, prévue à partir de 2018. Cette prochaine étape, tant attendue, doit permettre au Sénégal de compter son premier baril de pétrole sur le marché en 2020. Un enjeu de taille qui va, certainement, orienter la politique économique au Sénégal, impliquant, plus ou moins, des risques sur des accords bétons allant sur une trentaine d’années avec des compagnies pétrolières puissantes (super majors) mais, naturellement, en recherche de profits. Des négociations qui suscitent déjà de vives spéculations sur la sphère politique et sociale au Sénégal.
XALIMA, la rédaction
« Un enjeu de taille qui va, certainement, orienter la politique économique au Sénégal… ». Cet enjeu de taille mérite de figurer en bonne place dans les thèmes de campagne des prochaines législatives. Il devrait même être le thème central de ces élections parce déterminant absolu dans l’avenir de notre Nation.
Le Senegal doit se doter d un socle socio -economique prospectif d abord , ensuite viendra le petrole comme perspective valable .
Wassalam