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Mankoo : une maquette surréaliste, mais incitative

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Les leaders de Mankoo n’ont pas réussi à s’entendre, mais ont réussi un grand coup : celui de créer l’événement politique. S’il a l’intelligence qu’on lui prête, Macky Sall comprendra que désormais il aura en face de lui des adversaires en compétition entre eux et dont les sympathisants attendront plus de détermination et de dureté. « Parfois on ne gagne pas, c’est l’adversaire qui perd. » Jusque-là, cette opposition a vivoté comme une sorte de tamponneuse cotonneuse et inappliquée. Plus maintenant, la mouvance présidentielle vient de perdre cette commode option de recourir à chaque fois que de besoin à l’argument du pareil au même. C’est déjà ça de gagné.

Decroix et consorts ont été unis par le ressentiment principal, mais ils ont été défaits par l’esprit et par le cœur, par le choc de leurs ambitions et de leurs appétits. Le goût prononcé d’en découdre avec Macky-l’agitateur a fait des membres de Mankoo des va-t-en-guerre. Hélas ! La plupart ne sont gladiateurs que de noms et de figures. Ils ne sont généreux que comme par dehors, mais au dedans, ils n’ont point d’esprit de sacrifice. Celui-ci est un esprit de dévotion, un esprit intérieur qui fait que les membres d’un seul corps réalisent et manifestent un véritable accord. C’est alors que ce corps devient un cœur, une âme, une foi et qu’il trouve conformité dans l’unité.

En possession de tous les pouvoirs, Macky Sall exerce son rôle ingrat d’agent recruteur et de déclencheur des reflexes de rempart puis d’assemblage des forces hostiles. Il tergiverse et capitule devant l’impérieuse nécessité de rigueur et de fermeté face à lui-même, face à la propension naturelle des princes à vaincre plutôt qu’à convaincre. Nos résistances au changement, nos doléances démesurées et souvent désarticulées ne résistent pas au simple gage tant requis de gouvernement sobre et vertueux. Pourtant, nous ne demandons pas la lune, pas l’impossible. Dès lors, le grand échec politique du fatickois, c’est de ne pas être en mesure de prouver suffisamment que le Sénégal a changé d’hommes et de pratiques.

Néanmoins, Macky Sall n’est pas à lui seul le problème. Il l’est conjointement avec ses adversaires de l’opposition classique enclins à user et à abuser des opportunités politiciennes. Ils constituent concurremment les prolongements du schéma dicté et repris inlassablement depuis les indépendances. Ça fait longtemps que, charmés et envoutés, ils babillent sans cesse et en chœur prières, incantations et vœux pieux, sous la baguette du grand maestro Sa majesté le Capital : rampe de développement, démocratie participative, institutions fortes, nouveau type de sénégalais, émergence et patati et patata. Ce n’est pas mal tout ça, mais il y a un préalable à tout ça. Il s’agit de la confiance retrouvée des citoyens vis-à-vis des pouvoirs publics.

La désagrégation de Mankoo Taxawu Sénégal n’est pas seulement un échec de l’opposition à parvenir à s’unir pour les élections législatives, c’est aussi et surtout un passage obligé pour réussir davantage à mobiliser. La cartographie politique commence à dévoiler ses formes et ses forces en présence. Par la suite, les résultats décevants pour certains et revigorants pour d’autres viendront favoriser et fortifier les coalitions pour 2019. C’est une grosse erreur que de croire qu’il en est fini de l’opposition, probablement perdante aux législatives de juillet. Si elle ne se contente pas de suivre le courant, mais d’indiquer clairement le cap, 2019 lui sera favorable à coup sûr.

Birame Waltako Ndiaye

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