Mamadou Lamine Diouf, jugé hier devant le juge correctionnel du Tribunal départemental, a pris 6 mois assortis du sursis. Une chance pour le garçon qui a commis le crime de lèse majesté en se faisant passer pour un procureur, dans le dessein de gagner le cœur d’une fille. Il a tout de même réussi son pari, puisque la dame a cédé à ses avances.
Se faire passer pour un procureur, c’est très osé ; surtout que les risques d’emprisonnement sont quasiment certains lorsqu’on se fait prendre. C’est pourtant ce qu’a fait Mamadou Lamine Diouf. En effet, Lamine Diouf n’a pas du tout hésité à se faire passer pour le « procureur Diouf », juste pour gagner le cœur d’une dame, en l’occurrence Adja Gnagna Sarr. Et il faut dire qu’il a bien réussi le coup. Car, celle-ci va céder aux avances du garçon dès l’instant qu’elle a appris que ce dernier est « procureur ».
L’histoire a commencé, il y a à peine deux mois. Lamine Diouf, qui était avec des amis, aperçoit une nymphe qui passait son chemin. Il est totalement ébloui. C’est le coup de foudre. Il fait le pari avec ses camarades qu’il va « gérer » la fille. Le défi est lancé. Il l’aborde immédiatement et parvient à avoir son numéro de téléphone. Il est né en 1982, donc beaucoup moins âgé que la dame, mais lui fait croire qu’il a 39 ans. Peu importe. Petit à petit, il parvient à gagner la confiance de Gnagna Sarr. Ainsi, au cours de leurs discussions, il laisse entendre à cette dernière qu’il est procureur, aidé en cela par ses amis qui vont jouer le jeu.
En effet, ces derniers expressément, l’appellent « procureur » lorsqu’il est en compagnie de la fille. Et celle-ci va mordre à l’hameçon. Sans davantage faire durer le suspense, elle accepte de sortir avec le garçon. Mais Lamine ne va pas se limiter à cela. En effet, un jour, un de ses amis qui a fini par nouer une relation intime avec la copine de sa dulcinée l’a appelé au téléphone pour lui demander comment s’est terminée l’histoire du prévenu qui avait un problème avec la banque. Il répond qu’il l’a condamné à un mois ferme (comme si c’est le Parquet qui infligeait les peines). Mais, lorsqu’il parlait avec son ami, ce dernier avait mis son téléphone en main libre de sorte que sa copine pouvait tout entendre. En fait, c’était une combine de leur part. Et cela va porter ses fruits puisque la fille est immédiatement allée raconter à Gnagna Sarr que son amant est réellement procureur. Poussant le bouchon plus loin, Lamine Diouf a fait semblant d’appeler le commissaire de Dieupeul pour « lui donner des instructions ». Ce, devant la fille qui n’y a vu que du feu.
Le « procureur » faisait le tour de la ville pour montrer à sa dulcinée « ses » villas
Et pour couronner le tout, il s’est promené un peu partout en ville à Castor, aux Hlm…, toujours en compagnie de sa dulcinée, pour lui montrer des maisons qui lui « appartiennent ». Cependant, Gnagna Sarr qui n’était pas dupe avait tout de même des doutes, du fait que son amant n’avait pas un port vestimentaire très chic : jamais de costume, pas de véhicule et presque toujours en tenue relaxe. C’est ainsi qu’elle s’en est ouverte à un ami qui saisit le commissaire de Dieupeul. Un piège a été tendu au garçon pour le jeter dans les filets de la police. Émettant des regrets devant le commissaire, la fille s’est désistée de sa constitution de partie civile.
Seulement, le Parquet s’est auto saisi de l’affaire pour poursuivre le garçon pour usurpation de fonction. Mais Lamine Diouf a tenté de se dérober hier devant le juge correctionnel du Tribunal départemental de Dakar, niant totalement les faits. Il a fallu le concours de son avocat pour lui tirer les vers du nez. La page pathétique de l’histoire, c’est les déclarations de la fille. En effet, entendue hier, Gnagna Sarr a déclaré d’un ton clame : « ce qui m’a fait mal, c’est qu’il m’a menti. J’ai fait mes investigations et j’ai appris qu’il était un arabisant. Mais, il aurait pu me le dire et je l’aurais aimé beaucoup plus ». Trop tard. Après deux mois passés ensemble à se la couler douce, Gnagna Sarr voit son désormais ex-amant envoyé en taule. Hier, dans ses réquisitions, le Parquet a requis 6 mois assortis du sursis. Une peine « d’avertissement », dira-t-il. Le Tribunal a suivi le Parquet dans ses réquisitions.
Alassane DRAME
lasquotidien.info