Au terme de l’observation, de la manière avec laquelle notre pays gouvernée, de l’indépendance à nos jours, bon d’entre nous peuvent bien noter une détérioration progressive et dangereuse de notre système électoral comme politique. En effet, notre système politique, pratiquement sclérosé, ne fait plus qu’accumuler des erreurs et imperfections, les unes sur les autres, du reste, sciemment voulues par tous les pouvoirs en place. Ceci, sans exception, est bien remarquable. Et, il est valable à tous les régimes passés et présents. Mais, de surcroît et malgré tous les graves dangers que ces erreurs peuvent engendrer, aucun de nos dirigeants, parmi ceux qui se sont succédé à la tête de notre pays, n’en a jamais fait cas, à plus forte raison, de songer ou tenter de les corriger sérieusement, par des réformes idoines, audacieuses et progressistes.
Et, je pense que nous sommes tous témoins, à pouvoir constater parfaitement, qu’à l’occasion de chaque échéance électorale, notre pays franchit encore de plus, un dangereux pas, vers une impasse éventuelle ou un blocage systématique du fonctionnement normal, démocratique, peu onéreux et consensuel de notre système politique. Et, à mon avis ce ne serait nullement pas de l’exagération, si nous considérions nos différents dirigeants, passés et présents, comme de simples robots, qui fonctionnent sur commande, et non dotés d’une intelligence autonome, qui leur permettrait de juger en toute objectivité et d’apprécier correctement certaines situations devenues réellement caduques, aux fins de leur éradication.
Au regard du jeu, ou plutôt, théâtre que déroulent nos politiciens et autres acteurs politiques déguisés dans notre champ politique, dire que notre pays va à la dérive et qu’il risque même, d’aller droit dans le mur, si rien n’est fait dans les meilleurs délais pour stopper cette tendance suicidaire, ne serait point de l’excès, mais bien au contraire, une vérité effectivement incontestable. Nous devons, objectivement, reconnaître que notre système politique et électoral a atteint ses limites réelles depuis fort longtemps. Par conséquent, il est ainsi, devenu obsolète, archaïque et même dangereux à la limite, pour un avenir politique paisible du pays. Voilà pourquoi, il est devenu impérieux, aujourd’hui, pour les gouvernants d’oser, enfin et courageusement, procéder à une réforme fondamentale et en profondeur de nos actuelles institutions, dans tous ses aspects, pour l’intérêt national.
Et, ceci nous ramène encore, à revenir une fois de plus, sur les Conclusions des Assises nationales et Recommandations la Commission Nationale de Réformes des Institutions si pertinentes et relatives à la question fondamentale, lancinante et récurrente des réformes majeures, nécessaires et arrivées à maturité. En effet, ces deux organisations, auxquelles on ne peut porter aucun soupçon de partialité, ont suggéré avec force et pertinence, au chef de l’Etat, le fruit de leur féconde réflexion, à savoir la nécessité absolue et incontournable, de procéder à toutes les réformes nécessaires et indispensables de nos institutions actuelles. Ceci, dans l’objectif louable de les mettre en conformité avec l’évolution scientifique, technique, sociale, etc. de notre époque, à cette étape cruciale de développement de notre pays. Si toutefois, nous procédions à ces réformes fondamentales, combien utiles, ce ne serait que de bon aloi. Et dans tous les cas, elles ne seraient que profitables et bénéfiques à notre pays, au lieu de nous voiler la face devant une réalité qui nous crève les yeux. Et, tout compte fait, notre retard à procéder de la sorte, nous sera préjudiciable et nous coûtera encore plus cher en termes de finance, sans compter, les risques d’implosion, que cela pourrait engendrer par ailleurs.
La pléthore, est en général, néfaste en tout.
Au demeurant, il est clair que le nombre exponentiel des partis politiques, près de 300 à présent, celui des 2700 listes électorales aux élections locales de 2014 ou bien des 47 listes pour les législatives à venir du 30 juillet 2017 ne font que nous donner une photographie nette et significative d’une situation déplorable. En outre, il s’y ajoute, un Gouvernement de plus de 40 ministres, une Assemblée nationale de 165 députés, 15 régions, 45 départements et 557 communes, un Conseil économique social et environnemental, un Haut conseil des collectivités territoriales, une Commission nationale du dialogue des territoires, des Agences nationales et tutti quanti. Tout cet attelage difforme et incohérent ne nous révèle, en fait, que le caractère pléthorique injustifiable et une folie des grandeurs ; comme du reste, un prétexte pour abuser d’une gestion gabegique et d’un train de vie dispendieux en charges récurrentes insupportables, pour un Etat, aussi pauvre que le nôtre. Et tout cela divorce naturellement, avec la sobriété qui devrait être la règle immuable, parce que source d’efficacité et de maniabilité facile. On le voit bien, la pléthore est aussi un prétexte de dépenses excessives inutiles et de corruption. La preuve, dans le cas d’une élection avec une pléthore de candidats, le coût des élections prend l’ascenseur pour atteindre des sommes faramineuses, lorsque l’on utilise le bulletin individuel, à la place du bulletin unique, qui est plus simple et beaucoup moins coûteux. C’est ainsi que, les dernières locales nous avez coûté 15 milliards tandis que les présentes législatives sont estimées à 16 milliards, sans compter les autres dépenses relatives à leur fonctionnement. Mais, au fond, qu’est ce qui doit motiver véritablement, nos gouvernants à faire des choix aussi dénués de tout bon sens, comme le peu de soucis qu’ils ont à économiser l’argent du contribuable, au point de procéder à des dépenses aussi folles, dans de pareilles situations ? Si ce n’est pas de la corruption, qui pourrait se déguiser sous le manteau d’un deal avec des imprimeurs bénéficiaires des marchés, allez savoir, quel devrait être, leur réel motif ?
Il faut noter, au passage, que certaines listes de candidatures aux différentes élections ne sont que, purement, fantaisistes ou alors, un prétexte fallacieux de vouloir justifier par-là, une supposée démocratie solide dans notre pays. Alors que, contrairement à ce que certains pourraient, faussement, croire, la pléthore, de partis dans un pays ou de candidatures à des élections, ne reflète pas ipso facto, l’expression avérée d’une démocratie solide. Elle peut même, dans une certaine mesure, exprimer plutôt, un signe révélateur d’une anarchie galopante ou d’un populisme effréné au sein du champ politique, dans le but uniquement, de tromper justement, les populations crédules, par un brouillage des cartes ou pistes, afin de ne pas y voir plus clair.
La vie, tout court, d’un être humain doit s’appuyer nécessairement sur des règles et normes, à plus forte raison encore, lorsqu’il s’agit, de celle de toute une communauté, en société.
Un Etat, tout simplement organisé, doit s’appuyer sur des règles et normes de vie, clairement, équitablement et judicieusement établies. Ce qui est généralement appelé, Constitution ou Charte fondamentale ou autrement dit, la colonne vertébrale dans le fonctionnement d’une République. Cette Charte est, en principe, approuvée par une majorité qualifiée du peuple d’un pays donné. Elle doit régir la bonne marche du pays en tout et sur la base de règles et normes arrêtées et prévues. Et, au demeurant, tout le monde est tenu de la respecter et de s’y référer en tout temps, tant qu’elle demeurera en vigueur. Elle doit être impersonnelle. Elle ne reconnaître, comme élément constitutif de la République, que le citoyen. Elle doit mettre, sur le même pied d’égalité, tous les citoyens, sans discrimination aucune, ni parti pris.
Succinctement, ce qui précède ci-dessus représente, les conditions nécessaires (règles et normes de vie) à remplir par les gouvernants, afin de satisfaire, le besoin de volonté de vie commune des populations à mieux vivre ensemble, dans l’équité, la convivialité et le respect réciproque. Hélas ! Malheureusement, tel n’est pas, très souvent le cas chez nous.
Il est évident que, si notre pays était doté demain, de gouvernants patriotes et suffisamment responsables, il ne maintiendrait pas un tel système politique en l’état, car, il est archaïque et ne répond plus à la réalité politique et sociale du moment. Oui, à cause de ses nombreuses tares et autres inégalités inacceptables, comme cette démocratie unijambiste en son sein, dans la gestion du pouvoir et qui fait toujours la part belle au parti du président de la république, etc. Toutes ces anomalies qui y sont notées ont pour seul but, de permettre à celui qui gouverne présentement, de pouvoir conserver le pouvoir le plus longtemps possible, à défaut de le conserver à vie.
Ainsi, à titre d’exemples nous allons citer quelques éléments négatifs, ou des pratiques obsolètes dans la vie politique de notre pays et qu’il faudrait y éliminer :
Le régime fortement présidentiel, avec sa boulimie à vouloir accaparer exclusivement tout le pouvoir à lui tout seul, avec un président de la République qui est en même temps, chef de parti politique, donc juge et partie ;
La pléthore, de partis politiques ainsi que des partis déguisés en mouvements, qui se créent à la pelle, sans pour autant, qu’ils respectent les obligations que leur impose la loi en vigueur dans ce domaine. Et précisément, dans le cas présent, ce sont tous les partis politiques confondus, y compris celui du président de la République, qui sont en infraction ;
L’entêtement à maintenir coûte que coûte le bulletin individuel pour toutes les élections, malgré son coût onéreux à place du bulletin unique, plus simple, pratique, rapide et moins coûteux ;
L’introduction ou l’injection du vice argent dans la politique sénégalaise, à la place des convictions en des idéologies et doctrines politiques de progrès économique et social a été néfaste. L’argent, fortement introduit pour l’achat des « consciences », a pris de l’ampleur, à partir de l’alternance 2000 avec Me Wade. Il est, ainsi, devenu un virus au Sénégal et, pratiquement, aujourd’hui, l’argent est au cœur même de la vie politique au Sénégal. Il a produit et façonné à travers la transhumance une ignoble race, d’hommes, d’origine animale, appelés les transhumants. Et la transhumance, a tendance à chasser de notre pays, le militantisme politique sincère et par conviction idéologique. D’ailleurs aujourd’hui, certains partis politiques, ne le sont que de pure forme. Ils ne font plus présentement ou rarement, référence à aucune idéologie. Ils ne font que de la figuration, parce qu’ils disparaissent en tant que partis, dès que les élections se présentent. Et à cette occasion, la plupart deviennent tout simplement, de vulgaires partis, à la recherche d’une coalition, de mère porteuse ;
Le mode du scrutin majoritaire est, assurément tout, sauf l’expression concrète de l’équité, de la démocratie, de la représentativité légitime et populaire dans une élection de suffrage universel, c’est véritablement de la pure escroquerie politique qui a été inventée, par je ne sais qui. Malheureusement, par opportunisme, nos politiciens ne le dénoncent que lorsqu’ils sont dans l’opposition, mais une fois au pouvoir, ils le conservent, en bénéficient et n’en font plus cas. C’est un scrutin à éliminer totalement de notre système politique et électoral, en faveur de l’introduction du 2e tour en l’absence de majorité absolue d’un candidat au 1er tour, afin que les élus puissent, au moins, avoir une légitimité par l’obtention de plus de 50% des voix, en ce qui concerne les élections locales et législatives ;
Aujourd’hui, dans notre pays, malheureusement, les vices sont en train de prendre la place des vertus. C’est ainsi que, lors du choix d’hommes et de femmes pour diriger, l’on préfère à présent, s’appuyer sur les vices tels que la roublardise, le mensonge, la corruption, l’incompétence, les relations amicales, parentales, etc., plutôt que sur les valeurs intrinsèques telles que le patriotisme, l’intégrité, la compétence et l’expertise avérée…, tout ce qui fait avancer les pays vers le progrès ;
A l’heure actuelle, à quelques exceptions près, nos hommes politiques ne se préoccupent plus que de la jouissance des délices du pouvoir. Ils sont ainsi, loin de s’engager à servir, par sacerdoce, leur peuple, afin de trouver de justes et adéquates solutions, aux multiples problèmes auxquels celui-ci est confronté depuis longtemps. Voilà pourquoi au demeurant, il est devenu un devoir impérieux, pour toutes les forces vives de notre pays, mais surtout davantage, pour les générations présentes et futures patriotes, de procéder au préalable et avant tout, à la moralisation et à l’assainissement de notre société, en lui ôtant toutes ses tares si néfastes qui la gangrènent. C’est une condition sine quoi none, si toutefois, nous avons l’ambition légitime, de vouloir nous sortir réellement, du ghetto dans lequel nous moisirons depuis l’indépendance.
Bonne fête de Korité à tous !
Mandiaye Gaye
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La moralisation et l’assainissement, du système et de la vie politique au Sénégal, sont à présent devenus indispensables et incontournables.
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