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À quel « saint » se vouer?

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Guerre picrocholine par médias interposés entre Sidy Lamine Niasse et son grand frère Ahmed Khalifa, et ce dernier contre le « prédicateur » Iran Ndao; graves accusations proférées à l’endroit des Ibadous (terme à définir et à cerner), lors de la prêche de la korité, par l’ l’Imam Ratib de Dakar, dont les polémiques qu’avaient suscitées certains de ses propos dans une autre prêche, il y a quelques années, sont encore fraîches dans les mémoires; célébration de l’Aïd El Fitr dans la dissension – ce qui n’est pas nouveau – bien que la lune ait été aperçue à certains endroits du pays, reconnaissent en privée quelques membres de la commission lunaire dont l’utilité reste encore à prouver; mélange des genres à travers la chanson controversée de Youssou Ndour lors de la célébration du Kazu Rajab. Le silence, voire l’assentiment de certains guides religieux présents à la cérémonie aidant, il se croyait sans doute au festival Ya Salam, qui est l’une des plus grandes escroqueries religieuses qu’ait connues le Sénégal depuis des années.
Voilà malheureusement quelques événements ayant marqué notre landerneau religieux ces derniers temps.
Il n’est par conséquent pas surprenant qu’on se plaigne de la perte des valeurs et de la crise des modèles dans le pays. Car, quand les « autorités morales et/ou religieuses », ou du moins quelques-unes d’entre elles, perdent le Nord, ce sera difficile pour ceux qui les suivent de le retrouver. Surtout quand ceux-ci ne sont pas très critiques à leur égard et sont peu courageux ou éclairés pour poursuivre leur cheminement religieux tout seuls.
Il se pose dès lors la question du rôle et de la place des « autorités morales et/ou religieuses » dans notre société. Pour nous autres musulmans, si elles ne brillent pas par leur exemplarité comportementale, leurs enseignements utiles et leurs bons conseils, à l’instar du Prophète (P.S.L) dont ils réclament « l’héritage » urbi et orbi, elles auront certainement échoué dans leur mission.
Si le rappel, les souvenirs ou la nostalgie de Serigne Touba, Mame Maodo, Serigne Abdou et Serigne Saliou et d’autres célèbres autorités religieuses sont toujours vifs dans les mémoires et les cœurs, c’est parce qu’ils s’étaient distingués de par leur bon comportement et que leurs beaux enseignements sont restés utiles à la postérité. Ce qui est loin d’être le cas de nombre de guides religieux ou prétendus tels de nos jours, vu qu’ils semblent plus rivaliser dans l’acquisition des biens, du pouvoir, du nombre de disciples…que dans l’érudition et la noblesse du comportement.
L’époque où nous vivons est très compliquée, sinon confuse. C’est pourquoi, comme dans le champ politique, si l’on ne fait pas très attention, les médiocres vont occuper le terrain religieux. Pour parvenir à leurs fins, ils sont prêts à employer tous les moyens. Infatigables qu’ils sont, on les voit présents dans tous les médias. Ils parlent souvent plus fort que les autres et n’hésitent pas à verser dans l’acrimonie dans les débats pour toujours avoir raison. Pour contrer leur influence, il est nécessaire que la résistance s’organise. Les véritables « autorités religieuses et morales » et les citoyens éclairés doivent sortir de leur réserve pour occuper aussi le terrain de la communication puisque c’est là où tout semble se jouer. Et les disciples qui suivent aveuglément certains de drôles de maîtres doivent s’arrêter à un moment donné pour faire un bilan, une (auto)critique afin de voir clairement ce que ces derniers leur ont apporté de plus dans leur quête de bonté et de droiture.
La fracture religieuse est réelle et palpable dans le pays. Si rien n’est fait, elle ne fera que s’aggraver. On nous s’installera alors totalement dans l’univers que décrit Hampaté Bâ dans cette citation : « La foi est l’essence de la religion, laquelle est comparable à une atmosphère entourant un univers peuplé de trois catégories d’hommes : une masse crédule ; des prédicateurs aveuglés par des luttes de clocher ; enfin, des initiés qui ont trouvé Dieu et l’adorent en vérité et en silence ». Je me demande même si on n’y est pas déjà.

Bosse Ndoye
[email protected]
Montréal

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