Nous encourageons l’Association Sénégalaise pour la Promotion de l’Astronomie (ASPA), pour le travail remarquable qu’ils font. Elle serait à l’origine de beaucoup d’efforts salutaires effectués dans le domaine de l’observation du croissant lunaire au Sénégal. Seulement nous la conseillons d’impliquer d’avantage, au plus haut niveau, des spécialistes avérés des sciences islamiques (charia, hadith…)
Nous serons certes avec elle, à « la gare des avancées scientifiques et technologiques » ; nous monteront, à ses côtés, dans le train du progrès « pour essayer de changer le monde » mais nous ne serons jamais avec quiconque tentera de changer la religion. Car le Prophète (PSL) dit : « Toute nouveauté (en religion) est une innovation, toute innovation est un égarement et tout égarement mène à l’enfer. »
Assurément, l’observation du croissant lunaire de tous les mois est non seulement une adoration, mais elle est aussi une obligation. En fait toute pratique inhérente à une obligation est, elle-même, une obligation. Dans ce cas qu’en dites-vous si nous considérons tous sans équivoque que l’observation du premier croissant est une nécessité pour le commencement du jeûne du mois de Ramadan et du pèlerinage à la Mecque et pour la célébration des deux fêtes de la Korité et de la Tabaski ?
Toutefois aucun acte d’adoration n’est laissé à la discrétion du serviteur. Ainsi en impliquant, dans sa noble mission, des spécialistes avérés de la religion, l’association réduirait, sans doute, les marges d’erreurs de ses efforts très louables.
Nous savons très bien qu’il est formellement interdit à quiconque, dans notre religion, d’inventer ou de décider, à sa guise, une quelconque manière de servir son Seigneur. Allah, exalté soit-Il, dit : « Ou bien auraient-ils des associés (à Allah) qui auraient établi pour eux des lois religieuses qu’Allah n’a jamais permises ? » (Sourate 42 – Verset 21)
Monsieur Maram KAIRE dit : « Le samedi 24 juin, il sera impossible de voir à l’œil nu le croissant lunaire au Sénégal, en Afrique, en Europe et en Asie. La surface éclairée de la Lune sera de 0,88%, ce qui en fait un croissant extrêmement faible nécessitant un instrument astronomique (télescope, jumelles…) pour pouvoir le trouver. La Lune se couchera à 20h13, soit 31mn après le Soleil qui se couche à 19h42. La carte de visibilité montre que sur l’étendue du globe, la possibilité d’observation à l’œil nu ne concerne qu’une partie de l’Amérique latine. »
Ici le problème qui se pose est que, ce samedi 24 juin 2017, des déclarations sont faites relativement au croissant lunaire, aperçu au Sénégal : à Dakar vers fora, à Diandère, à Keur Ayib et autres ; dans la sous-région : en Gambie, au Niger, au Mali, au Burkina Faso, en Algérie ; au moyen orient : en Arabie Saoudite, au Koweït, en Jordanie et dans d’autres zones dans le monde…
Le Prophète Mouhammad (PSL) dit : « le mois (lunaire) ne dure que 29 jours. Ne commencez votre jeûne que lorsque vous voyez le croissant et cessez-le quand vous le voyez. Si vous ne le voyez pas, faites vos estimations. » C’est-à-dire à trente (30) jours. De manière plus explicite, Il dit encore : « Commencez votre jeûne dès que vous voyez le croissant naissant et finissez-le dès que vous voyez le croissant du nouveau mois. Si la vision n’est pas possible, estimez que Chabbân dure trente jours. »
Cependant quand le Messager de Dieu (PSL) nous dit dans le premier hadith « le mois ne dure que 29 jours », ceci ne met-il pas en exergue implicitement cette conjonction, cet alignement Soleil-Lune-Terre, qui a lieu, en moyenne, les 29 de tous les mois ? Et sachant que le mois lunaire ne dure que 29 jours, le Prophète (PSL) ne nous a pas ordonné de considérer le lendemain comme le début du mois suivant mais il a posé cette conditionnalité très évidente et sans équivoque : « Si la vision n’est pas possible, estimez que Chabbân dure trente jours. »
Bizarrement pourquoi cette méthode qui marche bien dans d’autres pays, ne peut pas marcher au Sénégal. Nous estimons-nous plus pieux que les autres musulmans du monde ? Ne faudrait-il pas évoquer notre mauvaise foi, plutôt qu’un problème d’utilisation de moyens techniques modernes ?
Pourtant avant les indépendances des Etats africains, c’était le Gouverneur Général de l’AOF (Afrique Occidentale Française), un mécréant, qui nous transmettait les informations du croissant lunaire et tous les musulmans ouest-africains célébrait ensemble, dans le consensus, toutes les deux fêtes musulmanes.
En outre ces divisions dans le cadre de l’observation du croissant lunaire n’étaient pas connues pendant le règne de Léopold Sédar SENGHOR qui était un chrétien. Ses trois successeurs musulmans sont-ils inscrits dans la logique du « diviser pour mieux régner » avec leur commission nationale d’observation du croissant lunaire qui refuse de revenir sur sa parole quelles que soient les informations reçues après sa déclaration ?
Pourtant en 2013, nous sommes tous témoins que la Cour Suprême de l’Arabie Saoudite est revenue sur sa déclaration après vingt et huit (28) jours de jeûne pour reconnaitre une erreur qu’elle avait commise au commencement du mois de Ramadan 2013 malgré les risques de polémiques qui s’affichaient.
En définitive, l’islam ne peut que se réjouir des progrès scientifiques et technologiques modernes, notamment ceux de l’Astronomie, de la Médecine, de la Physique, des Mathématiques… Bien qu’aucune science ne puisse constituer une base de vérification de vérités islamiques. Car une vérité scientifique, étant humaine, est toujours imparfaite ; par conséquent, elle peut toujours comporter des erreurs, alors qu’une vérité islamique est parfaite et immuable. Allah (SWT) dit : « … jamais tu ne trouveras de changement dans la règle d’Allah et jamais tu ne trouveras de déviation dans la règle d’Allah. » (Sourate 35, verset 43). Bien que la bonne compréhension d’une telle vérité nécessite toujours l’aide experte d’un savant qui regroupe, en lui, à la fois une piété ferme et une connaissance avérée.
Fort de ce constat, il serait très grave de faire une confirmation des vérités islamiques par des vérités scientifiques qui sont susceptibles de changer à tout moment. Dans une émission télévisée, le Professeur Souleymane Bachir DIAGNE exhortait d’éviter cette expression : « l’islam l’avait dit il y a sept siècles » par rapport à des découvertes scientifiques, car cette vérité bien défendue par la science et conforme à ce moment à l’islam, peut être réfutée par la science, elle-même, n’importe quand.
Donc évitons de tomber dans l’innovation quant à la recherche d’informations sur le croissant lunaire qui constitue certainement un acte d’adoration et une obligation pour les musulmans. Le Prophète (PSL) dit : « Celui qui accomplit un acte sur lequel il n’y a pas notre ordre alors cet acte sera rejeté. » Néanmoins l’utilisation de moyens efficaces pour l’accomplissement de cette noble action ne peut se passer des avancées technologiques modernes.
Assane Bocar Niane
Parcelles Assainies, Dakar
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