De la période coloniale à nos jours, « les pratiques en période de campagne électorale n’ont véritablement pas évolué », a indiqué l’historien Omar Guèye, énumérant les invectives, les slogans et les accusations de tout ordre.
« Quand vous reprenez les ouvrages, les pratiques en période de campagne électorale n’ont pas véritablement évolué même si la violence était extrême notamment lors de l’élection à la députation ayant opposé le camp de Lamine Guèye à celui de Léopold Sédar Senghor en 1951 », a-t-il dit.
Omar Guèye, professeur assimilé en histoire contemporaine et moderne à la faculté des lettres et sciences humaines de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, s’entretenait avec l’APS sur les similitudes entre les batailles électorales de l’époque et celles que se livrent actuellement les hommes politiques sénégalais.
« On trouve les mêmes procédés pour animer les meetings, les mêmes accusations et les mêmes thèmes basés sur le village, le groupe ethnique et la religion », a rappelé Pr Guèye.
« Si on doit les comparer, on peut considérer que l’élite, c’était les anciens qui défendaient des causes, or on a l’impression que les hommes politiques de la génération actuelle, veulent en faire un métier », a schématisé l’historien.
L’enseignant au département d’histoire de l’UCAD a rappelé que « les candidats à la députation ou les députés étaient appelés pour défendre une cause ». A ce propos, il a cité le cas de François Carpot, le premier député métis élu en 1902 à l’Assemblée française, de Blaise Diagne qui avait été élu de 1914 à 1934 pour prendre en charge les questions de l’élite noire.
« Quand il [Blaise Diagne] a défendu certaines thèses, ses souteneurs lui ont tourné le dos et chacun de ses députés jusqu’à [Léopold Sédar] Senghor [élu pour la première fois en 1951] avait une mission à remplir », a-t-il résumé.
De Lamine Guèye, le natif de Kayes (Mali), l’historien a retenu sa lutte pour la fin de l’indigénat tandis que Léopold Sédar Senghor a mis fin à l’ostracisme dont ont été victimes pendant longtemps les habitants des zones rurales.
« Quand on entend des candidats actuels à la députation, on se demande leur motivation réelle », a-t-il dit, relevant que certains sont sûrs de ne pas être élus.
« Et la question [qui] mérite d’être posée, est-ce qu’ils ne sont pas là pour se faire de la publicité et retourner à leurs activités primaires à la fin des joutes électorales », s’est interrogé l’historien.