XALIMANEWS-Des jeunes sénégalais font exception à la règle en période de grandes vacances scolaires. Alors que la plupart de leurs camarades croquent à pleines dents les trois mois de répit scolaire entre sorties à la plage et autres activités ludiques, eux ont choisi d’exercer une activité rémunérée, devenant ouvriers, domestiques de maison, marchands ambulants…
Ce n’est nullement la passion qui pousse ces jeunes issus de familles démunies à exercer de tels métiers mais plutôt la volonté de gagner de l’argent qui leur permettra de subvenir à leurs besoins durant la prochaine année scolaire.
Elève dans un collège d’enseignement moyen (Cem) public dans la région de Fatick (134 km de Dakar), Sita Faye a fait le trajet jusqu’à la capitale, rien que pour trouver un emploi de domestique. Aînée d’une fratrie de cinq enfants, l’élève en classe de 4ème a été engagée en tant que telle pour 15.000 francs CFA le mois.
«Les revenus que gagne notre mère, veuve depuis des années, ne peuvent pas couvrir nos frais de scolarité», explique la collégienne de 16 ans, notant que c’est pour pallier ce manque qu’elle a opté pour cet emploi qui lui permettra de contribuer à sa manière au budget familial de la rentrée.
«Mes gains ajoutés à ceux de mon petit frère, vendeur d’eau fraîche durant la période des vacances, pourront couvrir les dépenses de scolarité des trois membres de la famille qui fréquentent l’école», a poursuivi l’adolescente, notant que c’est la troisième année consécutive qu’elle passe ses vacances à travailler à Dakar.
Matar Faye s’improvise, pour sa part, ouvrier en maçonnerie durant cette la période des vacances. «Poursuivre ses études est devenu difficile à cause de la cherté des frais de scolarité», dit-il. Une raison suffisante pour le pousser à trouver une solution à sa situation précaire.
«Je mélange du ciment et je transporte les briques et autres matériaux sur les chantiers, et ça me permet de gagner 2000 francs par jour», note Matar.
Abdoul Sow, qui se prépare à entrer en classe de 4ème au collège, a trouvé une solution loin des tâches pénibles et fatigantes. «Je fais le tour des arrêts de bus et garages de taxis pour vendre de l’eau fraîche», explique-t-il, ajoutant qu’il vend ses sachets d’eau purifiée à 50 francs cfa l’unité.
«J’aurais aimé être avec mes amis pour jouer au football mais la rentrée est pour bientôt et il faut de l’argent pour les cahiers et livres sans compter les frais d’inscription », fait-il encore observer.
Entre faire le linge, la vaisselle et le nettoyage de la maison moyennant une rémunération mensuelle de 20.000 francs CFA, Aminata Gaye dit ne pas souffrir de «conditions de travail difficiles», étant habituée à faire pareilles taches chez elle. «Très jeune, j’ai été initiée par ma mère aux travaux domestiques», explique la collégienne originaire de la région de Thiès (70 km de Dakar).
Seule, un peu perdue dans un nouvel environnement, sa ville et sa famille qu’elle a quittées un mois plus tôt, lui manquent. Ce scénario lui fait souffrir quelques fois. Une souffrance qu’elle réussit cependant à gérer, « l’essentiel est de gagner de l’argent pour préparer la rentrée scolaire », se console-t-elle.