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Devant le mal, le silence est soit coupable, soit complice …

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A l’entame de cet article, dont l’écriture a été motivée par tout ce que j’ai pu lire ou entendre ces derniers temps sur la toile, je viens préciser une chose, ou même deux : je ne suis pas une militante du parti au pouvoir – à savoir l’APR – et non je ne prends pas fait et cause pour mes « mbokkas » Hal – Pulaar. Dans un pays où le collage d’étiquettes semble être une activité fort lucrative, on n’est jamais trop prudent (e). Ceci étant dit, je peux continuer mon propos.

Une ethnie se définit étymologiquement comme étant « Un groupe social de personnes qui considèrent partager une ascendance commune, une histoire commune (historique, mythologique), ou un mélange des deux, une culture commune ou un vécu commun ». L’ethnie trouve donc sa quintessence, son socle dans la communauté. Mes cours d’instruction civique au primaire et au secondaire insistaient sur le commun vouloir de vie commune qui sous – tendait mon très cher pays le

devant le mal

Sénégal. Cours que je suivais à l’Institution Immaculée Conception de Dakar, établissement dirigé par des religieuses de la Congrégation des soeurs de l’Immaculée Conception. Religieuses qui étaient d’ethnie sérère pour la plupart. Moi, la Hal – Pulaar, née d’une mère 100% Pulaar et d’un père Hal – Pulaar et Ouolof, a été pratiquement éduquée par des sœurs sérère et chrétiennes. Ce métissage m’a valu d’avoir une famille localisée entre la Mauritanie, le Fouta, les régions de Thiès et Mbour. Je pense que ce métissage, on le rencontre dans la pléthore d’ethnies que compte le Sénégal : Ouolofs, Hal – Pulaar, Sérères, Mankagnes, Manjacks, Diolas, Ndiagos, Sarakholés … Nous sommes tous, à des degrés différents, parents. Cette parenté s’extrapole sur le domaine des plaisanteries : c’est ce qu’on appelle le cousinage à plaisanterie. On se charrie, on insiste sur la gourmandise d’un tel eu égard à son groupe ethnique, à son ardeur au travail, et j’en passe.

Mais ce cousinage à plaisanterie n’est pas toujours innocent, car une différenciation a toujours été faite entre ceux qui parlent ouolof et ceux parlant leur dialecte. Avec peu ou prou de méchanceté, certains grossissaient les attributs physiques ou psychiques des individus. Mes parents Pulaar pour leur part, ont une aversion (qu’on se le dise) bien connue pour la langue ouolof. Née et grandi à Dakar, j’ai pu parler le ouolof, avant de baragouiner le pulaar. Mais j’ai toujours entendu des phrases telles que « jolfo modjaani » ou « hâaal pulaar », pour m’intimer l’ordre de parler pulaar, au détriment du ouolof, jugé indigne. Je me moquais de l’indignation de ma tante ou de ma grand – mère quand elles me tenaient ce genre de discours, leur rétorquant qu’elles en faisaient trop. Chez ma grand – mère maternelle, je parlais pulaar, et chez ma grand – mère paternelle, le ouolof était de rigueur. Aucun problème là – dessus.

Quand on me demande mon nom de famille – comme il est de rigueur dans certains cercles sénégalais – et que je réponds Kane, s’étonnant que mon pulaar soit si peu étoffé, je réponds crânement que mon père est à 50% ouolof et que ma partie pulaar est plus dense du côté de ma mère. Pour moi, ma double identité de ouolof et de pulaar va de soi. Tout comme mon prénom composé Ndèye Fatou, auquel je tiens viscéralement, ne supportant pas que l’on m’appelle Ndèye, ou encore Fatou. Le Sénégal, de par ses Chefs d’État, a toujours été le prolongement de ce métissage ethnique. Tous nos Présidents ont dans leur famille, une double appartenance ethnique. Et cela n’a jamais été un souci. Bien au contraire …

Mais depuis Mars 2012, et l’élection de notre 4e Président, en l’occurrence Son Excellence le Président Macky Sall, la question de l’ethnicisme a refait surface. Hal – Pulaar élevé en pays sérère, dans la région de Fatick, je ne me suis jamais appesantie sur ses origines, préoccupée que j’étais par sa capacité à nous mettre sur la route de l’émergence, tant chantée et promise. Est – ce dû au fait que la plupart des personnes accédant à de hauts niveaux de responsabilité étaient tous Hal – Pulaar ? Des amis ont maintes fois tenté de me faire réagir sur cette incongruité, mais je balayais leurs inquiétudes d’un revers de la main, arguant que c’était des oiseaux de mauvais augure et que c’était n’importe quoi ! Qu’est – ce que je me trompais …

Car je pense que du haut de mes trente années d’existence, c’est bien la première fois que les frustrations ethniques sont aussi flagrantes. Durant sa campagne électorale, et lors de ses nombreux passages en terre française, le futur Président Macky Sall était certes fortement soutenu par l’imposante communauté Hal – Pulaar de la diaspora, mais j’étais loin de m’imaginer que ces Hal – Pulaar s’érigeraient en maîtres à penser et réclameraient leur « dû », une fois l’un des « leurs » élu. Car c’est bien ce dont il s’agit maintenant.

« Neddo ko banduum ». En traduction littérale, cette expression veut dire que nous n’avons de richesse que nos parents. Par le vocable parents, il est bien évidemment fait mention des individus du même groupe ethnique. Cette tendance enfle, enfle et ne semble connaître aucune limite de nos jours. En atteste l’actualité récente, avec la vidéo de la dame dénommée Penda Bâ, qui répondait à des insultes proférées à son encontre dans un groupe Whatsapp, en débitant à son tour des insanités à l’encontre des Ouolofs. En est – on aujourd’hui réduits à cela ? Après un bref séjour carcéral, Penda Bâ est ressortie, ni vu ni connu. D’aucuns disent que cette brève incarcération est due au fait que Penda Bâ est une militante de l’APR, donc du parti au pouvoir. Sans aller jusque – là, je dirais que Penda, en raison de la gravité des faits, aurait dû constituer un exemple pour tous ceux qui auraient envie de brandir le drapeau de l’ethnicisme et de s’en servir comme facteur de division.

Le Président Macky Sall, au moment de son élection, avait comme slogan « La patrie avant le parti ». Alors je pense qu’il urge d’appliquer cette maxime et de quitter momentanément la sphère de la politique politicienne, le temps de régler cette question ethnique une bonne fois pour toutes. Il y va de notre cohésion nationale !

J’ai pu lire ça et là des articles, tentant maladroitement de défendre le Président et de minimiser les faits. Mais je sais d’expérience que les frustrations peuvent être les catalyseurs de quantité de dérives. La Côte – d’Ivoire et la suprématie de « l’ivoirité » en son temps est un exemple plus qu’éloquent. Il ne suffit pas de se dire que le Sénégal est un et indivisible et de se renfoncer dans son fauteuil moelleux en regardant ailleurs, mais bien d’adopter une position tranchée, et d’éteindre ce brasier. Nous avons dans ce pays une pluralité d’hommes et de femmes très à même de donner leur avis sur la question et d’éloigner les velléités ethnicistes de notre contrée. Se taire n’est évidemment dans ce cas pas une option !

Car devant le mal, le silence est soit coupable, soit complice …

Bonne lecture,

NFK

11 Commentaires

  1. Bravo Ndeye Fatou Kane. C’est cette posture de Vérité, de Franchise et de Courage que j’ai toujours connue mes parents Hal Pulaar, mes parents Wolofs, mes Parents Sereres, mes parents Diolas, mes parents Soninkes et mes parents de les autres ethnies du Sénégal. Étant Hal Pulaar, je confirme à 200 pour cent tout le contenu de votre texte. Yow Djiguene bou meune goor ngueu. Félicitations. Vous avez décidé de n’être ni coupable ni complice. J’ai dit que les Hal Pulaar n’ont jamais eu besoin d’un coup de pouce d’un quelconque Président pour se hisser au sommet à côté de nos parents Wolofs ou Sereres ou Diolas ou Soninke ou autres et l’histoire du Sénégal le montre à suffisance. Chers parents Hal Pulaar, n’acceptez jamais que quelqu’un vous utilise en car vous vous en êtes toujours sorti au sommet quelque soit le Président en place.

  2. Merci pour l’équilibre et bravo pour l’honnêteté que vous dévoilez en écrivant ces mots.
    J’ai vécu ce que vous écrivez et dans mon cas, l’un de mes parents est wolof et l’autre hal pular.
    C’est surtout quand j’allais du coté de ma partie parentale pular que j’avais des problèmes, on me faisait des reproches sur ma prononciation et ma diction et il m’était interdit de prononcer le plus petit mot wolof. J’en suis arrivé à ne plus y aller de mon propre gré car j’aimais très bien mon père et je ne comprenais pas qu’à travers ma personne, son ethnie soit ainsi traitée. Pourtant, jamais mon papa ne m’a tancé pour le fait de parler pular, il en était heureux d’ailleurs. je comprenais pas.
    Puisque la question est posée, il faut qu’on en discute car cette vision d’antériorité ethnique est très profondément ancrée chez certains de mes cousins, pas les plus instruits cependant.
    J’ai eu à discuter avec des certains intellectuels mais le probléme est qu’ils étaient parfois plus extrémistes que tous, avec des théories pseudo-scientifiques sur les origines du groupe pular qui les ferait naitre au pays des pharaons, à la Mecque. Le comble d l’ignorance est, tenez-vous bien_d’affirmer que Shangai en Chine a été créé par les peuls (parce qu’il existe Tiangaye au Fouta), que ce sont les peuls qui ont donné son nom au plateau du Guainaco dans les andes (Gaynako signifiant berger en pular).
    Cela peut prêter à sourire mais le danger est plus sournois, il faut comprendre le pular pour pouvoir le saisir.

    • Popopo celle là est la meilleure….De Shanghai en Chine jusqu’à Thiangaye au Fouta dans le Toro que je connaît bien. De Guainaco dans les Andes à Gaynako berger que je suis moi même et que j’ai fait dans ma tendre enfance et jeunesse. Je te crois mon frère à 100 pour cent car je connais nos parents peuls. Mais je n’ai jamais entendu d’aussi vertes et d’aussi pas mûres. J’en suis parti mort de rire au point où les gens qui m’observent dans le café où je suis actuellement sont partis en rire aussi sans rien comprendre pourtant. Tu as fais ma soirée mon cher frère. A diara guidam bandam. Yo alla weltine no mbeltiniri da kam ni, dialnouma no ndialniri da kam ni. Ya wour ndiouta balde gondoude e cellal e sourare. Hahaha…mdr

  3. Très belle plume et analyse pertinente. L’on se doit non seulement de lutter contre l’ethnicisme supposé du président mais surtout toute apparence d’ethnicisme pour la bonne et simple raison que le contribuable est de toutes les ethnies.

  4. Belle plume , chapeau bas.je suis du meme avis que toi sur plusieurs points ..cependant le halpoular ne « reprimande  » pas exclusivement son fils d avoir parle le wolof mais valable pour toutes les langues
    .les fils d immigres pourront temoigner que ca soit l anglais ,le lingala,le dioula et j en passe ..je suis convaincu que c est par souci de perenniser sa culture par ricochet sa langue qui en est le socle…ce n est vraiment pas le rejet de l autre j ‘ose esperer.. God bless senegal

  5. Il faut rappeller que les ethnicistes se trouvent dans toutes les communautés. si le peul dit que « jolfo wona neddo » « Allah bonni jolfo »etc…. le wolof dit que « peul dou nite » ou « peul dou mbokk »‘ il n y a pas de peuple élu mais il y a des personnes élus chez tous les peuples. il faut faire de sorte que les idiots qui sont issus de toutes ethnies ne menacent notre cohesion sociale et il n y arriverons jamais. pour le reste la fraternité exige aussi le respect reciproque. wassalam.

  6. A Mboroobé.
    Ce qu il faut comprendre le fait que le Ouolof est interdit aux enfants à la maison n’est pas une hostilité envers les Oulofs mais c’est une mesure conservatoire pour que les enfants apprennent leur langue maternelle. La diversité linguistique est une richesse à conserver et chacun doit etre fier de ses origines sans pour autant mepriser les autres. Pour ceux qui pretendent descendre des pharaons oubien parlent de changai et autres tu pers ton temps à colporter des sornettes et je suis un peu deçu que tu n’aies rapporté que les propos d’esprits tordus. Pourtant il y a bcp de tetes bien faites de gens équilibrés et coll chez les Hal Poular. Et toi tu ne choisis que ces exemples negatifs. Tu te dis issu de couple mixte Peul-Oulof mais ton parti-pris est patant C’est pitoyable. Telle ne devrait pas etre ta position. En plus l’heure est au serieux on na pas le temps aux rigolades. Il faut combattre tous les ethnicistes quelque soit leur appartenace. Comprends une chose au moins…il n y a pas de peuple élu mais des personnes élues chez tous les peuples.

    • dommage que le professeur Hamidou Dia n’ait pas su avoir la même compréhension lorsqu’il en veut aux wolofs pour les expressions « yéré wolof », « weeru wolof », « degueuntaane ndiaye », « sénégal ndiaye » etc. Chaque ethnie a le droit de concevoir le monde selon ses propres paradigmes et le wolof n’est pas une exception, comme a voulu faire croire professeur Dia!Pourtant, aucune de ces expressions ne comporte une insulte, un mépris à l’égard des autres communauté. Si les wolof comprenaient toutes les autres langues, peut-être qu’ils y découvriraient pire que ces expressions!
      Et puis, le wolof, après avoir dit « sénégal ndiaye », proclame « sante dekoul fenne »! Donc le ndiaye peut être toucouleur, sérère, diola, mandingue etc.

  7. Voici une analyse pertinente et pondérée.
    Le fait d’être une néo citizen dans un pays du Nord ne doit pas pousser nos compatriotes à s’ériger en donneurs de laçons via des injures au nom de la liberté de choquer.
    Certains néo citizen comme cette oisive de Françoise Helene Gaye doit ravaler ses symptomes de névrose .
    Son hystérie atavique ne l’autorise à pousser le jeune Assane Diouf à s’autodétruire.
    Helène délègue lâchement ses délires à Assane Diouf, en le manipulant avec des info erronées et le pousser à insulter de rage le maximum de Sénégalais, toutes couches sociales confondues.
    Tout le monde sait que Assane Diouf est fragilisé psychologiquement après beaucoup de déboires depuis son enfance et notamment conjugaux . Pourquoi est-il motivé pour excréter ses insanités plusieurs heures chaque nuit ? Comment Assane DIOUF peut-il laisser rester 3 heures avec sa fillette de 2 ans, en se grattant les narines et en proférant des injures quand il ne ricane pas comme un chacal affamé.
    Les services sociaux ou de protection de l’enfance vont se pencher sur les conditions d’éducation de cet enfant.
    Au nom de quoi cette fumière Hélène Françoise Gaye doit elle continuer sous traiter sa haine par le pauvre Assane Diouf qui n’est plus maître de ses facultés cérébrales. On se souvient de ses problèmes avec la mère de son 3ème enfant. Assane DIOUF en veut à ses propres parents et n’a pu panser ses blessures psychologiques infantiles.
    Ca se voit que Assane Diouf est devenu insomniaque et il commence à fantasmer sur la femelle Helène Françoise Gaye qui l’excite car ils ont une obsession commune focalisée sur tout ce qui symbolise l’autorité.
    Le délire de Assane DIOUF commence à friser l’érotomanie et mérite notre pitié.
    Quelle que soit les personnes qui dirigeront le Sénégal, Hélène Françoise Gaye deversera sur eux son fiel car elle a la conviction morbide que son nombril doit être un point de mire de la Nation. On peut dénigrer un système, sans faire l’apologie de la haine. Il suffit de relire les contributions redondantes et éthérées de Françoise Helene Gaye pour mieux comprendre les frustrations de cette narcissique obsédée.

    • Si Assane Diouf est le versant analphabète de l’intellectuel Souleymane Jues Diop, Penda Ba est le versant analphabète de l’intectuel Hamidou Dia. Les analphabètes ont insulté avec la langue qu’ils connaissent et les intellectuels ont insulté avec la langue de Molière. L’ironie, c’est que 3 sur 4 de ces insulteurs sont actuellement avec Macky Sall et le 4e contre lui.

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