En 2016, les destinations se sont partagées plus de 1,2 milliards de touristes internationaux selon l’Organisation Mondiale du Tourisme. L’industrie aérienne mondiale compte 1 629 compagnies aériennes, 27 271 avions, 3 733 aéroports, 29,6 millions de départs programmés chaque année et transporte 2,7 milliards de passagers par an. L’Afrique qui, elle-même, a accueilli 58 millions de touristes en 2016, pourrait doubler ce nombre jusqu’à hauteur de 134 millions en 2030.
L’aéroport constitue pour les touristes une jauge de la destination. Il représente pour eux comme pour les voyageurs d’affaires le premier contact avec un pays. Les aéroports favorisent les activités économiques en encourageant le commerce international et le tourisme. A cela s’ajoute le fait que l’aéroport est un lieu par excellence de concentration de touristes, de l’embarquement et du débarquement, il est le siège de l’aviation civile; il est le dépôt et la zone de maintenance des avions.
Les aéroports peuvent donc être des atouts précieux dans le développement du tourisme. Cependant, du fait de la non compréhension des exigences internationales beaucoup d’aéroports du continent africain ne fonctionnent souvent pas à pleine capacité surtout que les infrastructures touristiques voisines et les parcs industriels ne rencontrent pas l’intérêt des investisseurs, et vice versa.
Les décideurs politiques ont souvent considéré la collaboration entre les compagnies aériennes et les aéroports essentiellement sous un angle opérationnel qui renvoie plutôt à la réduction des temps de correspondance, à l’optimisation des flux de passagers, etc., Aujourd’hui, l’enjeu est tout autre, il s’agit de bâtir une collaboration qui peut également contribuer au développement du tourisme dans le pays.
L’État doit alors construire une logique de collaboration qui puisse revaloriser la spécificité et l’identité sénégalaise. Cela doit être un enjeu majeur tant pour les acteurs aériens que pour l’ensemble de la filière du tourisme. On doit toutefois relever que la valorisation du Sénégal en tant que destination pour les passagers finaux ou en correspondance est loin d’être une réalité. Une revalorisation de la destination Sénégal à travers son nouvel aéroport exige que celui-ci soit la maison d’une compagnie aérienne qui marche. En effet, tous les grands aéroports sont en même temps sièges de compagnies aériennes fortes. Blaise Diagne ne sera un grand aéroport que s’il est la maison d’accueil d’une Air Sénégal SA forte or c’est l’un des problèmes du pays car nous en sommes au troisième représentant de l’aviation sénégalaise en à peine 15 ans.
Il est ainsi clair que le travail de représentation d’un pays ne peut se faire uniquement par l’aéroport, ce travail suppose une forte collaboration et l’implication de l’ensemble des parties prenantes (État, compagnies aériennes, entreprises de tourisme, etc.).
Pourtant de nos jours, l’aéroport est une étape presque indispensable dans le parcours du voyageur, il est souvent perçu comme une contrainte, une expérience intrinsèquement stressante surtout dans nos pays avec la longueur des files d’attentes, la succession d’étapes fatigantes, l’amateurisme, la foule, les bagages, les enfants errants et les pertes de temps énormes. Le niveau d’organisation face à ces difficultés différencie les aéroports et fait que les uns surnagent sur les autres.
Plusieurs recherches s’accordent sur le fait que les voyageurs se font très rapidement une image d’un pays dès les premières interactions et sensations à l’aéroport. Ce sont parfois des impressions ou des perceptions nées des premiers contacts. Qu’elles soient positives ou négatives, elles impactent durablement l’image que les passagers aériens peuvent se faire d’un pays de transit (même sans y avoir mis les pieds) ou d’accueil.
Les sénégalaises et les sénégalais qui ont eu la chance d´avoir vu des aéroports modernes, ont toujours été gênés par l’obsolescence et le caractère surannée de l’aéroport international Léopold Sédar Senghor. Cet aéroport donne une impression d’une simple gare d’aéronefs ou un ennuyeux purgatoire où on ne fait qu’attendre le prochain vol avec tout le désordre qui règne autour (Toilettes insoutenables, vendeurs ambulants encombrants, porteurs de bagages harceleurs, taxis vieux et dangereux, etc.).
Bien qu’apparaissant comme un bijou de rêve, si l’on n’y prend garde, le nouvel aéroport peut tomber dans les mêmes travers que l’ancien surtout quand on sait que le désordre semble prendre sa source au Sénégal. Il est temps qu’un grand ménage soit fait et que Blaise Digne de Diass ne soit pas la réplique de Senghor de Yoff.
Avec l’ouverture de l’aéroport Blaise Diagne, le gouvernement du Sénégal a tout intérêt à définir, intégrer et entremêler les politiques du tourisme et de l’aviation. Aujourd’hui, l’aviation est plutôt considérée comme un stimulant économique, et non comme une source d’imposition. Et c’est par cette voie seulement que l’Aéroport international Blaise Diagne arrivera à stimuler le tourisme.
L’ouverture, l’opérationnalisation et le management de l’Aéroport de Diass doit s’offrir les qualités requises et exceller sur tous les aspects, de la propreté à la connectivité, en passant par l’accessibilité et le service auprès du client. Rien ne doit être négligé, restaurants, espace de détente, hôtel et piscine accessibles à tous. C’est seulement ainsi qu’on pourra se hisser au niveau enviable de nos concurrents.
Notre nouvel aéroport ne doit pas rater son lancement, s’il est déjà moderne dans sa conception, son management ne doit souffrir d’aucun amateurisme ni d’archaïsme. Des services d’innovation qui facilitent aux passagers leur correspondance et parfois même leur séjour aéroportuaire doivent donc entrer en jeu. Pour s’arrimer au niveau des standards internationaux, l’Aéroport International Blaise Diagne doit s’ouvrir aux infrastructures modernes avec des magasins détaillants qui offrent des services variés, des endroits où on peut manger et boire, car le shopping étant aujourd’hui fondamental dans l’expérience des passagers, l’aéroport se comporte comme un centre-urbain, offrant aux voyageurs et aux visiteurs beaucoup de choses à voir et à faire.
On peut par exemple munir notre nouvel aéroport de bibliothèque où les passagers qui font une longue escale peuvent se réconforter avec un bon livre en attendant leurs vols. Disposer de petits salons de thé, où les voyageurs peuvent se recourber sur des chaises confortables et se détendre. Une chose banale mais de plus en plus essentielle est aussi une connexion Wi-Fi gratuite ainsi que des stations Internet sans frais disponibles pour ceux qui ne disposent pas de leurs propres appareils. Des distributeurs automatiques de banque performants et opérationnels 24h/24.
Et surtout ne pas badiner avec la propreté. Celle-ci est une exigence élémentaire des plateformes aéroportuaires, des toilettes au tarmac en passant par les couloirs divers, l’espace doit être maintenue permanemment propre.
Il me semble bon de rappeler que les meilleurs aéroports sont ceux dont le personnel est sympathique et multilingue avec un haut sens de l’organisation. C’est en cela que les aéroports asiatiques surclassent leurs homologues occidentaux devenus trop paranoïaques.
À l’instar des grands aéroports, il faut déjà penser faire de cette plateforme une zone pratique, quand on sait que l’aéroport Blaise Diagne est dans une zone déserte, ouverte et vierge. Ainsi, il serait par exemple judicieux de créer dans les environs de l’aéroport des lieux de détente et de divertissement comme des pistes cyclables pouvant proposer même aux voyageurs avec une longue escale, des locations de vélo, de patins à roulettes, etc. pourquoi ne pas construire un musée pour attirer des excursions, des jardins et espaces verts entretenus pour ceux qui veulent se reconnecter à quelque chose de proche d’un cadre naturel entre les vols. Un parc de visiteurs pour les riverains, un mini-golf, une grande piscine, etc. seraient aussi de bons éléments pour l’attractivité de ce nouveau bijou. Ces astuces sont essentielles pour que l’aéroport fasse de Diass une ville vivante au lieu de reverser tous ses hôtes à Dakar. Elles le sont aussi pour la compétitivité de l’aéroport.
La communication à l’intérieur de l’aéroport est importante, que cela soit dans les panneaux de sensibilisation, de signalisation et d’orientation car pour les aéroports l’orientation est toujours parmi les principales demandes des clients. Ces derniers sont souvent perdus par la mauvaise communication au sein des aéroports, il est donc nécessaire que l’aéroport de Diass, même s’il n’est pas un aéroport énorme comme on le voit souvent dans les pays développés, réponde à cette demande accrue des passagers dont la première exigence est la fiabilité des panneaux de communication et de systèmes de signalisation.
L’aéroport étant par essence le lieu d’arrivée et de départ du touriste, il est indispensable d’avoir un centre ou office d’information touristique. Il aura pour rôle principale de fournir des informations sur l’ensemble du territoire. Les responsables de cette structure doivent être multilingues et peuvent fournir des informations sur les sujets liés aux détails des transports vers les différentes zones et sites touristiques; des plans gratuits offerts sur la destination Sénégal, les villes, les parcs, etc; des brochures fournissant des infos sur les différents services de location de voiture; répondre aux besoins des visiteurs, les aider à trouver un hôtel, leurs Ambassades, ainsi que les différentes Attractions Touristiques.
Enfin, l’aéroport n’étant qu’un maillon, essentiel au demeurant, d’une chaîne logistique ; il ne pourra pleinement jouer son rôle que si son accessibilité terrestre est facile. Or, celle-ci repose exclusivement sur les routes et les autoroutes, chose qui n’est pas totalement réglée au Sénégal car si le train express régional est là pour rendre l’aéroport plus accessible et en peu de temps, L’inflexibilité et le manque d’infrastructure ferroviaire ne permettront pas au TER qui est dans la phase de projet de jouer ce rôle, il faut donc penser à un système de bus bien structuré pour juguler ce manque.
Bref, Nous attendons du nouvel aéroport qu’il soit un haut lieu d’organisation et de méthodes. On ose espérer donc que l’ouverture prochaine de l’aéroport international Blaise Diagne constitue une réponse au manque de compétitivité et d’organisation de l’aéroport Senghor mais aussi à la concurrence exacerbée qu’il subit.
Dr Papa Elimane FAYE
PhD en Tourisme, Japon
E-mail : [email protected]
Faire de l’Aéroport international Blaise Diagne un moteur de l’attractivité touristique sénégalaise
Date:
J’ai lu l’article avec intérêt et surtout la fin quand vous dites « Enfin, l’aéroport n’étant qu’un maillon, essentiel au demeurant, d’une chaîne logistique ; il ne pourra pleinement jouer son rôle que si son accessibilité terrestre est facile. Or, celle-ci repose exclusivement sur les routes et les autoroutes, chose qui n’est pas totalement réglée au Sénégal car si le train express régional est là pour rendre l’aéroport plus accessible et en peu de temps, L’inflexibilité et le manque d’infrastructure ferroviaire ne permettront pas au TER qui est dans la phase de projet de jouer ce rôle, il faut donc penser à un système de bus bien structuré pour juguler ce manque. »
M. FAYE, savez vous que le TER et l’autoroute à péage passent à quelques mètres d’une usine de plomb? Savez vous que quand vous arrivez au point de péage, vous êtes à moins de 50 mètres de cette bombe scandaleuse qui envoie ses effluves sur l’hôpital pédiatrique de Diamniadio , un orphelinat ( qui ne peut pas ouvrir au risque de faire des victimes) et les populations qui vivent à moins de 500 mètres (norme légale), a détruit toute la flore , la faune environnante et les activités de cueillette? Pensez-vous sincèrement que les touristes vont respirer deux fois le plomb pour les beaux yeux des sénégalais?
Ces investissements ( AIBD et l’autoroute à péage), qui ont coûté très cher aux contribuables risquent d’être boycottés parce qu’il y a des gens qui protègent les indiens qui ont installé l’usine GRAVITA (plomb), des gens qui refusent d’appliquer les recommandations de la Direction de la Protection civile qui a prescrit depuis 2011 la délocalisation de l’usine de plomb. Pire, les usagers de l’autoroute et du TER devront aussi faire avec l’usine SOMETA (usine de fer qui enfume toute la zone et c’est visible à des kilomètres à la ronde) mais aussi une usine de goudron. Ce lieu est devenu une sorte de zone industrielle,alors qu’il n’y a pas eu, au préalable, une analyse environnementale.
Si les protestations des sénégalais ne font aucun effet, voyons avec les touristes!!
La question qui se pose c’est » Où se trouve l’intérêt du Sénégal? »
Si on doit fermer tot ou tard l’ aeroport de Dakar, on devait transferer l’ aeroport International Leopold Sedar Senghor a Ndiass et appeler l’ autoroute ou le TER Blaise Diagne. Sinon ce serait injuste de fermer l’ aeroport de Dakar avec Senghor.
Je comprends pas du tout pourquoi le nouvel aéroport va porter le nom de Blaise diagne.
Il y a déjà des noms Blaise diagne partout.
En me documentant, j´ai appris qu´il était franc mâcon avec rien qui me semble particulier pour autant d´honneur.
On doit commencer a réhabiliter un mamadou dia ou alioune ardo sow pour ses immenses bienfaits…