XALIMANEWS – Un million de Rohingyas vivent en Birmanie, depuis des générations pour certains. Mais les Birmans les considèrent comme des Bangladais, en faisant la plus importante population apatride au monde. La crise actuelle, avec plus de 370.000 personnes enfuies au Bangladesh voisin depuis le 25 août, s’enracine dans la partition des Indes britanniques, qui incluaient Birmanie et Bangladesh. Qui sont-ils?
Ces musulmans sunnites parlent une forme du chittagonien, dialecte bengali utilisé dans le sud-est du Bangladesh, d’où ils sont originaires. La plupart vivent en Etat Rakhine, dans le nord-ouest de la Birmanie, mais ils sont apatrides, la Birmanie leur refusant la citoyenneté.
La loi birmane sur la nationalité de 1982 spécifie en effet que seuls les groupes ethniques pouvant faire la preuve de leur présence sur le territoire avant 1823, date de la première guerre anglo-birmane, peuvent obtenir la nationalité birmane. Les représentants des Rohingyas assurent qu’ils étaient là bien avant cette date.
Des milliers d’entre eux ont fui le pays ces dernières années par la mer pour rejoindre la Malaisie ou l’Indonésie. D’autres ont choisi de fuir vers le Bangladesh, où des dizaines de milliers fuient depuis les violences de fin août entre armée birmane et rebelles rohingyas.
Quelles sont leurs conditions de vie?
Considérés comme des étrangers en Birmanie, les Rohingyas sont victimes de multiples discriminations – travail forcé, extorsion, restrictions à la liberté de mouvement, règles de mariage injustes et confiscation des terres. Ils ont également un accès limité à l’éducation, ainsi qu’aux autres services publics. Depuis 2011, et la dissolution de la junte militaire ayant régné pendant près d’un demi-siècle sur le pays, les tensions entre communautés se sont accrues. Un puissant mouvement de moines nationalistes n’a cessé ces dernières années d’attiser la haine, estimant que les musulmans représentent une menace pour la Birmanie, pays bouddhiste à plus de 90%.
Quelles sont les précédents épisodes de violence?
En 2012, de violents affrontements ont éclaté dans le pays entre bouddhistes et musulmans faisant près de 200 morts, principalement des musulmans. En octobre dernier, nouvelle poussée de violences: l’armée a lancé une grande opération après l’attaque de postes frontières par des hommes armés dans le nord de l’Etat Rakhine. Accusant les forces de sécurité de multiples exactions, des dizaines de milliers de civils avaient fui leur village. Le scénario se répète depuis fin août, de façon décuplée.
Les attaques à l’origine de l’opération de l’armée ont été revendiquées par l’Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA), un groupe qui a émergé récemment, face à l’absence d’avancées sur le dossier par le gouvernement birman. Une commission internationale dirigée par l’ex-secrétaire général de l’ONU Kofi Annan a récemment appelé la Birmanie à donner plus de droits à sa minorité musulmane des Rohingyas, faute de quoi elle risque de « se radicaliser ».
Source: 7sur7.be