Rafael Nadal est contre, Pep Guardiola est pour… Le projet de référendum d’autodétermination de la Catalogne ne laisse pas le monde du sport indifférent. Avec, en creux, cette question : que va devenir le FC Barcelone ?
S’il est un terrain sur lequel les sportifs rechignent à s’aventurer, c’est bien celui de la politique. En Espagne cependant, certains athlètes n’hésitent pas à s’exprimer sur l’un des sujets les plus sensibles du moment : le projet de référendum d’autodétermination de la Catalogne, dont le vote est prévu le 1er octobre malgré l’opposition du pouvoir central.
À peine était-il rentré de New York – où il a remporté, le 11 septembre, le troisième US Open de sa carrière –, que Rafael Nadal s’exprimait sur la question. « Je crois que [ce vote] ne devrait pas se produire parce que, de mon point de vue, chacun doit respecter les lois », a déclaré le tennisman dans une interview au quotidien espagnol El Mundo. Les lois sont ce qu’elles sont et on ne peut pas les ignorer ; juste parce qu’on a envie de les ignorer. Je ne peux pas brûler un feu rouge, parce que ce feu rouge ne me paraîtrait pas correct.
Madrid considère en effet que le référendum est illégal et contraire à la Constitution.Au lendemain de l’arrestation de 14 hauts responsables catalans, la Cour constitutionnelle a annoncé, jeudi, avoir infligé de lourdes amendes à 24 personnes impliquées dans l’organisation du référendum.
« Tout ce que nous voulons, c’est voter »
Malgré la pression imposée par le pouvoir central, le gouvernement régional, dirigé par Carles Puigdemont entend bien maintenir le scrutin. C’est ce qu’espère en tous cas Pep Guardiola, l’entraîneur catalan de Manchester City. « Tout le monde le sait, toute l’Europe le sait : tout ce que nous voulons, c’est voter, car il ne s’agit pas d’indépendance, mais de démocratie, a déclaré le technicien. Je suis convaincu que cela se déroulera de manière civique, et que comme l’a assuré Carles Puigdemont, président du Parlement régional, nous allons tous pouvoir voter le 1er octobre prochain ».
L’ancien coach du FC Barcelone est l’un des militants les plus connus de la cause indépendantiste. Comme le rappelle L’Équipe, en 2015, l’entraîneur s’était officiellement engagé en politique en s’inscrivant sur une liste défendant le droit à l’indépendance.
Mais la plus grande vitrine sportive et médiatique de l’autodétermination catalane reste le FC Barcelone. Mercredi, le club a publiquement apporté son soutien au référendum. « Après les faits survenus ces derniers jours, et en particulier [mercredi], en lien avec la situation politique de la Catalogne, le FC Barcelone, fidèle à son engagement historique en faveur de la défense du pays, de la démocratie, de la liberté d’expression et du droit à décider, condamne toute action susceptible d’empêcher le plein exercice de ces droits », peut-on lire dans un communiqué du club. « En ce sens, le FC Barcelone manifeste publiquement son soutien à toutes les personnes, structures et institutions qui travaillent pour garantir ces droits », a conclu le Barça, qui dit vouloir respecter « la volonté de la majorité du peuple de Catalogne ».
Fini le Clásico ?
Reste qu’en cas de sécession de la Catalogne, le FC Barcelone, et les autres clubs catalans, ne pourraient plus concourir au sein de la Ligue espagnole. « S’il n’y a pas de négociation bilatérale, il est impossible que [les clubs catalans] puissent jouer en Liga, a prévenu Javier Tebas, le patron du championnat de football ibérique. Ce serait une Liga sans les équipes catalanes, mais pas seulement en football, en Liga ACB [basket], en Liga Asobal [handball]. Les équipes catalanes ne pourraient disputer aucune compétition en Espagne, du moins dans ce qui resterait de l’Espagne ».
Fini donc les célèbres Clásico opposant les deux grands clubs rivaux que sont le Real Madrid et le Barça ? Une éventualité que certains ont du mal à envisager. « Je n’imagine pas une Liga espagnole sans Barcelone, a déclaré Zinedine Zidane, l’entraîneur du club de la capitale. Je ne l’imagine pas, en tant que passionné de football. Le Barça doit rester pour toujours dans ce championnat », a estimé le champion du monde 1998. « Je ne sais pas ce qui va se passer exactement. Il y a des gens pour, des gens contre, c’est un débat compliqué. Je ne l’imagine pas. J’espère que cela n’arrivera pas et je ne le souhaite pas », a-t-il ajouté.