L’Etat du Sénégal a pris, ce samedi, la décision de fermer les écoles Yavuz Selim pour mettre sur orbite et rendre effective la décision de transfert la gestion de ces dernières à la Fondation Maarif.
Mais face à la détermination des parents d’élèves dont des Sénégalais respectables de la trempe d’Aliou Sall, prêcheur et Conseiller économique et social, et de bien d’autres, le Ministre de l’Education nationale a fait état d’une solution transitoire qui consiste à confier l’administration de l’école à une administration dite provisoire.
En fait, qu’est-ce qui s’est passé ?
Depuis le coup d’Etat en Turquie en juillet 2016, nos sources nous révèlent que 60 mille personnes sont aujourd’hui dans les prisons turques, dont 18 mille femmes parmi lesquelles certaines portent des bébés, 168 généraux de l’Armée, 8 mille magistrats, 4 mille fonctionnaires, etc.
On reproche à tout ce beau monde d’avoir participé au coup d’Etat dont l’instigateur serait Fehtülah Gülen, refugié aujourd’hui aux Etats-Unis. Et comme les écoles Yavuz Selim sont une idée de Gülen, l’Etat du Sénégal a épousé les méthodes d’investigation turques en demandant aux ressortissants de ce pays qui vivent au Sénégal de prouver qu’ils ne sont pas impliqués dans le coup d’Etat avorté dans leur pays.
Une situation inédite qui fait que ces Turcs sont aujourd’hui traqués, empêchés de travailler et surtout marginalisés car le Ministre refuse même de leur parler dans sa tentative de trouver une solution alors que tous les autres acteurs comme les parents d’élèves sont reçus.
Aujourd’hui, le Gouvernement du Sénégal traite ces ressortissants turcs dont certains sont au Sénégal depuis au moins 15 ans, comme des parias.
Alors, une question s’impose. C’est celle de savoir pourquoi tout ceci ?
Eh bien, la réponse est simple. Serigne Mbaye Thiam, qui hérite là d’un dossier bien sensible, parle de raison d’Etat et carrément d’intérêt à sauvegarder.
Ces intérêts du Sénégal par rapport aux investissements turcs se chiffrent à environ quelque 450 millions de dollars.
Pour la seule année 2017, la Turquie de Recep Tayyip Ergodan a investi 160 millions de dollars au Sénégal et compte porter cette masse financière à 250 millions de dollars.
Le Ministre turc de l’Intérieur qui était à Dakar ce début septembre, a signé avec son homologue sénégalais un accord-cadre englobant tous les aspects de la coopération dont un volet sécuritaire.
La Turquie est en train de parachever les travaux de l’aéroport Blaise Diagne et devra gérer ce bijou encore vingt ans lorsqu’elle finira les travaux.
Ils ont construit le Centre International Abdou Diouf et ont gagné d’autres contrats dans cette localité de Diamnadio comme la construction d’un hôtel 5 étoiles, d’un centre commercial international et d’un parking de gros porteurs.
Ils ont créé une usine de construction de PVC, une clinique ophtalmologique et participent, grâce à Turkish Airlines, au capital de la nouvelle société Sénégal SA, entre autres aspects de la coopération.
En 2013, ils étaient au moins 15 hommes d’affaires turcs à s’installer au Sénégal, sans compter ceux qui font des allers retours.
Depuis que le Président Macky Sall est arrivé au pouvoir, il s’est rendu à trois reprises en Turquie et son Premier Abdoul Mbaye une fois.
Le Président Erdogan a effectué deux déplacements sur Dakar, une en 2013 et l’autre en 2016.
L’excellence de ces relations ne doit pas cependant autoriser la violation du droit de toute personne de détenir un bien et surtout d’avoir l’autorisation à enseigner.
Qui plus est, depuis leur arrivée à Dakar, aucun Turc qui travaille à Yavuz Selim n’a eu de démêlés avec la Justice, pas même une infraction du code de la route.
Le premier Turc arrêté, à la demande d’Interpol et dont l’identité est tenue secrète, n’a, d’après nos sources, aucun lien avec Yavuz Selim.
Le second Turc arrêté courant mois septembre dernier du nom de Muhsins Ozbulduc, 41 ans, lui aussi sous le coup d’un mandat d’arrêt international, n’a aucun lien avec cette école, d’après des sources sur place.
L’homme serait en détention depuis 15 jours à Dakar et pourrait être extradé vers la Turquie.
L’exemplarité de leur comportement avec le volet social additionnel doit inciter les autorités sénégalaises à écouter la voix de sagesse de la Justice en attendant le verdict et en l’acceptant.
Les Sénégalais ne sauraient cautionner une quelconque aide ou coopération conditionnée qui renvoie aux périodes sombres de la colonisation.
Assane Samb/Rewmi quotidien