XALIMANEWS : Dans l’avion qui le ramenait de Dacca (Bangladesh), après six jours de voyage en Asie, le pape a raconté, samedi soir 2 décembre, dans une conférence de presse sa rencontre de vendredi soir avec un groupe de Rohingyas, confiant avoir pleuré.
Au cours d’une conférence de presse, samedi 2 décembre dans l’avion qui le ramenait de Dacca (Bangladesh), le pape François est longuement revenu sur sa rencontre, la veille, avec un groupe de Rohingyas.
Le pape a notamment expliqué pourquoi il a attendu plusieurs jours pour employer le mot « Rohingyas », replaçant sa démarche dans sa vision du dialogue.
« Pour moi la chose la plus importante est que le message arrive et j’ai vu que si je prononçais ce mot dans les discours officiels, j’aurais claqué la porte au nez », a-t-il expliqué, rappelant avoir aussi plusieurs fois « décrit les situations », rappeler « les droits » et demandé « que personne ne soit exclu ». Cela, a-t-il continué « pour me permettre d’aller au-delà dans les entretiens privés ».
Il a ainsi reconnu que la rencontre avec le général Min Aung Hlaing, chef de l’armée birmane, lundi, « a été une belle conversation ». « Je ne peux pas en parler, car c’est une conversation privée, mais je n’ai pas négocié la vérité, s’est-il borné à expliquer. Je l’ai fait de telle sorte qu’il comprenne un peu que la façon de faire des années dures n’est pas viable. »
Il s’est refusé à dire s’il avait explicitement employé le mot « Rohingya » devant le général. « J’ai utilisé les mots pour arriver à faire passer le message. Quand j’ai vu que le message était accepté, j’ai osé dire tout ce que je voulais dire, a-t-il seulement expliqué. Je n’ai pas eu le plaisir de claquer la porte au nez mais celle de dialoguer, de faire parler l’autre, de dire mon opinion, et ainsi le message est arrivé. Jusqu’à cette rencontre d’hier »
Une rencontre que le pape, qui a reconnu avoir pensé se rendre chez les Rohingyas mais « cela n’a pas été possible », a décrit comme « programmée » en partie seulement, tandis qu’une autre « est sortie spontanément ».
Rencontrer les Rohingyas : « la condition de mon voyage »
« Je savais que j’allais rencontrer les Rohingyas, mais je ne savais pas où ni comment. Cela était pour moi la condition du voyage », a-t-il expliqué, saluant l’« exemple d’accueil » du Bangladesh en faveur des presque un million de Rohingyas arrivés sur son sol.
Après la rencontre interreligieuse, « qui nous a tous ouvert le cœur », a alors raconté le pape, « est arrivé le moment où ils sont venus pour me saluer. En file indienne. L’un puis l’autre. Et subitement on a voulu les chasser de la scène et là je me suis mis en colère. J’ai répété ‘’respect, respect’’. Et ils sont restés là. »
« Je les ai écouté un à un avec l’interprète, a continué François. Ils me parlaient dans leur langue. Je commençais à sentir des choses à l’intérieur de moi. »
« A ce moment je pleurais »
« Je me suis dit que je ne pouvais pas les laisser partir sans leur dire un mot et j’ai demandé le micro. J’ai commencé à parler », a-t-il confié, reconnaissant ne plus se souvenir de ce qu’il avait dit. « A ce moment je pleurais, je cherchais à ce que cela ne se voit pas. Eux pleuraient aussi », a-t-il continué racontant avoir ensuite invité les autres responsables religieux à le rejoindre puis demandé à l’imam des Rohingyas de faire une prière.
Malgré un long et difficile voyage de six jours, le pape François, 81 ans dans quelques jours, s’est montré particulièrement en forme pendant cette conférence de presse, se disant même « heureux » de sa tournée asiatique, et notamment de ses rencontres avec les fidèles des deux petites Églises catholiques qu’il a pu rencontrer en Birmanie puis au Bangladesh.
A lire La visite du pape au Bangladesh va aider les chrétiens de Dacca à « être plus visibles »
« Moi, le voyage me fait du bien quand je réussis à rencontrer le peuple du pays, quand je réussis à lui parler, quand je le rencontre, le salue, a-t-il confié aux journalistes. Le peuple est vraiment le profond d’un pays. Et quand je réussis à le trouver, je suis heureux. »