Selon des sources concordantes, la présidentielle ivoirienne se jouera fin novembre entre le président sortant et l’ex-Premier ministre de Félix Houphouët-Boigny.
Pour le « Un coup KO! », slogan cher aux partisans de Laurent Gbagbo, enclins à caresser la chimère d’une victoire de leur champion dès le premier tour, c’est mal parti. Tout indique, au regard des éléments fournis par des sources concordantes, diplomatiques et politiques, qu’un ballottage devrait opposer le président sortant à l’ex-Premier ministre Alassane Dramane Ouattara, alias ADO. A en croire la rumeur d’Abidjan, le candidat de La majorité présidentielle (LMP) et celui du Rassemblement des Républicains (RDR) -près des trois-quarts des suffrages exprimés à eux deux- distanceraient nettement l’ancien président Henri Konan Bédié. Quant aux onze « petits » prétendants, ils seraient laminés, totalisant environ 3% des voix. En revanche, le suspense demeure à ce stade quant à l’ordre d’arrivée des finalistes de la première manche, chacun des deux camps revendiquant la pole position.
Si la Commission électorale indépendante (CEI), seule habilitée en la matière, a jusque mercredi pour divulguer les résultats provisoires, il est probable qu’elle le fera dès ce lundi dans la soirée, voire, au plus tard, demain matin. Ne serait-ce que pour abréger une attente propice aux impatiences et aux fièvres partisanes, donc préserver l’élan imprimé hier dimanche par un électorat ivoirien massivement mobilisé. De l’avis général, la consultation s’est déroulée dans un calme quasiment inespéré au regard des tensions perceptibles à l’approche du jour J. Soulagement, émotion, fierté: telles étaient, du Nord au Sud d’un pays coupé en deux, les sentiments dominants au soir de la première levée. Rétrospectivement, on en vient à douter de l’ampleur des écueils invoqués depuis des années -recensement, finalisation de le liste électorale, désarmement des rebelles et des miliciens- pour reporter un scrutin initialement programmé en octobre 2005 et différé à six reprises…
Il reviendra au Conseil constitutionnel de valider -ou pas- dans les prochains jours le verdict de la CEI. Selon la loi, le second tour doit se tenir 15 jours après cette proclamation officielle. En clair, il pourrait avoir lieu le 28 novembre.
L’hypothèse d’une finale Gbagbo-ADO alimente quelques interrogations cruciales. Qu’adviendra-t-il du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), pacte artificiel forgé en 2005 par les deux ténors de l’opposition à « Laurent », à savoir Ouattara et Bédié? En clair, on voit mal l’électorat baoulé de ce dernier voler tout uniment au secours d’un musulman nordiste. Et l’on peut compter sur Gbagbo pour, promesses de prébendes à l’appui, enfoncer un coin entre les alliés de circonstance. Mais une autre énigme, plus préoccupante, affleure déjà: la campagne de l’entre-deux-tours pourra-t-elle échapper à la funeste thématique de l’ « ivoirité », cette idéologie de l’exclusion théorisée sous Bédié? Nul n’a oublié, lors de la course présidentielle de 2000, l’éviction d’Alassane Ouattara pour « nationalité douteuse. » Or, si le bété Laurent Gbagbo nous confiait voilà dix ans ne penser « que du mal » de l’ivoirité, ce Machiavel subsaharien a volontiers joué depuis son accession au pouvoir de la corde patriotique et communautaire. Il suffisait, à l’approche du 31 octobre, de lire les éditos de la presse à sa dévotion ou de converser sur fond de meetings avec ses supporters les plus ardents pour comprendre que le feu identitaire couve toujours sous la braise démocratique.
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