Sa Nekh et Serigne Ngagne, qui ne se sont plus parlé depuis plusieurs années, ont fumé le calumet de la paix lors d’une cérémonie de «sargal» au Palais des Arts de Thiès. Ils étaient devenus des rivaux. Sa Daga, artiste-comédien de la troupe Mbettel, a réussi la prouesse de les réconcilier, en présence de plusieurs acteurs, lors d’une nuit culturelle organisée à leur honneur.
«Notre rivalité, c’est comme celle de Cristiano Ronaldo et Messi», a expliqué Sa Nekh. Cheikh Seck qui a guidé leurs premiers pas dans le théâtre s’est félicité de l’initiative de Sa Daga qui a réconcilié Sa Nekh (Cheikhou Guèye) et Serigne Ngagne (Abdoulaye Diouf). «Si je meurs aujourd’hui, je sais que je serai tranquille dans ma tombe. J’ai toujours prié pour que Sa Nekh et Serigne Ngagne se retrouvent après qu’une guéguerre avait fini par empoisonner leur amitié. C’était l’œuvre de Satan», a confié Cheikh Seck. Il dira qu’avec les retrouvailles de Sa Nekh et de Serigne Ngagne, une bombe va éclater dans la culture vu qu’ils nourrissent le projet de faire ensemble une production. «Vous avez de grands projets culturels. Les aînés vont vous accompagner puisque c’est vous qui détenez le flambeau de la relève, car nous avons fait notre temps.»
Sa Nekh a révélé que Abdoulaye Diouf a toujours été son artiste préféré. «Je suis né dans un quartier qui a été balisé par mon grand-père El Hadji Serigne Sam Seck. Ma famille n’a jamais voulu que je fasse du théâtre qui était ma passion», dira-t-il. Il a alors rappelé qu’il se refugiait au domicile des Seck pour le faire. «C’est Moussa Seck qui m’a appris à être un vrai professionnel. Un jour, je suis allé négocier avec lui une présentation au profit d’Enda qui nous avait proposé 1 million de F Cfa. Auparavant, un promoteur célèbre m’avait engagé pour faire une tournée dans 30 écoles. Il ne m’avait payé que 3 000F Cfa. J’ai dit donc à Moussa d’accepter le million parce que c’était trop d’argent pour moi. Moussa m’a alors conseillé de savoir cracher sur certains cachets même si on est fauché comme un rat d’église», souligne-t-il. Il a conseillé aux artistes-comédiens de savoir se faire désirer par les promoteurs. «Si les promoteurs sont conscients que l’artiste-comédien mesure sa valeur, ils le respecteront et lui payeront en fonction de son talent. Moussa Seck m’avait conseillé d’être un artiste-comédien qui se fait désirer, de me faire rare si je voulais vivre de mon art. J’ai suivi ses conseils. Je ne me plains pas. Souvent même, certains disent que je suis mal poli, c’est parce que je n’accepte pas tout ce qu’on me propose», signale-t-il.
Sa Nekh a noté que Cheikh Seck s’est toujours conduit en vrai père envers lui. «Il m’a sorti de l’ombre et a guidé mes premiers pas dans le théâtre, avec la troupe Jankeen production. Je le suis redevable. Par contre, entre Abdoulaye Diouf et moi, c’est comme Cristiano Ronaldo et Messi. Deux footballeurs de talents qui rivalisent pour occuper la première marche du podium. Ces joueurs se rivalisent, mais ils sont amis et leurs familles sont en de bons termes», dira Sa Nekh. Il a noté que c’est eux qui font vivre l’industrie théâtrale. «C’est normal que les promoteurs fassent tout pour qu’il y ait une rivalité entre moi et Serigne Ngagne pour tirer leur épingle du jeu. C’est ce qui les arrange. Je n’ai jamais souhaité du mal à Serigne Ngagne. Abdoulaye Diouf venait me voir à la maison. Il me donnait des conseils. En ce temps-là, il avait largement bénéficié de tous les honneurs dans le théâtre alors que je venais de commencer à être connu dans le milieu. Il m’a vraiment aidé à me réaliser», a-t-il souligné.
Sa Nekh dira que Abdoulaye Diouf, Kouthia et Amdy Mignon sont les seuls artistes à pouvoir le faire rire. «J’ai de l’estime pour Serigne Ngagne. El Hadji Malick Sy m’est témoin. Il y a de grands artistes comédiens à Soleil Levant, notamment Jojo et Cheikhouna, mais Abdoulaye Diouf a ma préférence. Les gens sont libres de dire ce qu’ils veulent. Il n’y a aucun problème entre nous. Abdoulaye ! Je te conseille de n’écouter personne. Ce qui nous lie est plus important.»
De son côté, Serigne Ngagne dira : «Sa Nekh a révolutionné le théâtre.» Il estime qu’il est un artiste-comédien hors pair. «Il faut lui reconnaître son talent. Si ma pièce et celle de Sa Nekh passaient dans deux chaînes de télé, je choisirais de regarder celle où passe Sa Nekh. Je l’estime beaucoup. C’est mon ami. Sa Nekh a révolutionné le théâtre. Il n’y avait que la Rts qui diffusait des séries des troupes Bara Yeggo de Saint-Louis, Daraay Kocc et Diamonay Tay. Cheikhou Guèye (Sa Nekh) a ouvert de nouvelles portes et a montré une autre manière de faire du théâtre.»
Serigne Ngagne a recommandé aux artistes-comédiens de s’inspirer de Sa Nekh qui s’est réalisé dans l’art : «Nos aînés ont connu plus de notoriété que nous. Et au crépuscule de leur vie, nous avons organisé des quêtes pour leur permettre de se soigner. On fait vite son temps dans le milieu. Notre génération doit se battre pour pouvoir vivre du théâtre. Nous avons tous besoin d’argent. Cela ne sert à rien d’avoir un nom dans le théâtre et de mourir dans l’anonymat.» Il croit savoir que le théâtre est une industrie rentable. «Tous les artistes-comédiens qui n’ont pas une claire conscience de cela vont le regretter plus tard», fera-t-il remarquer.
Sa Nekh qui s’est déclaré en phase avec Serigne Ngagne sur la question de la carrière des artistes-comédiens a soutenu qu’un grand promoteur les a appelés pour leur demander de lui présenter un projet théâtral. «Jai dis à Aziz et à Cheikh Ndiaye que je ne cherche plus à faire le buzz. Je travaille pour gagner de l’argent. Mieux, Serigne Ngagne a dit au promoteur qu’il demande 10 millions de F Cfa pour juste faire son entrée», confie-t-il. Les deux artistes-comédiens qui ont fumé le calumet de la paix ont décidé de s’engager dans de grands projets culturels.
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