Un complot de Mouammar Kadhafi et de sa « bande », les élucubrations d’un « menteur doublé d’un fou » (Ziad Takieddine), le combat d’un site d’information (Mediapart) et de « ses comparses » qui « se comportent en militants politiques »… Voilà, résumés en quelques mots, les grands axes de la défense de l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy, qui a été mis en examen, mercredi 21 mars, pour corruption passive, financement illicite de campagne électorale et recel de détournements de fonds publics libyens.
En garde à vue d’abord, sur TF1 ensuite, et dans Le Journal du dimanche enfin, Nicolas Sarkozy a longuement détaillé l’évolution des relations franco-libyennes depuis 2004, dénonçant ce qui, selon lui, rend « grotesques » les accusations pesant sur le financement de sa campagne victorieuse de 2007 par l’ancien dictateur libyen. Selon ses déclarations en garde à vue et devant les juges, révélées par Mediapart et dont Le Monde a aussi pris connaissance, l’ancien chef de l’Etat a réservé ses principales flèches à Ziad Takieddine et à Mediapart, principal média à avoir documenté les soupçons pesant sur lui.
Le premier, intermédiaire franco-libanais excentrique au cœur des relations entre les deux pays, est accusé d’incohérences dans les différentes versions qu’il a présentées à la presse comme aux magistrats. Alors que M. Takieddine avait fini par s’auto-incriminer en affirmant avoir lui-même convoyé de l’argent liquide de Tripoli à Paris à l’attention de l’équipe de campagne du candidat Sarkozy, l’ancien chef de l’Etat retourne l’argument à son avantage : « M’accuser lui permet de se dédouaner. Puisqu’il est établi qu’il a reçu cet argent, il vaut mieux prétendre que c’était pour ma campagne. »
Le monde