Finies les frustrations et autre gel des activités après la perte de la gestion du terminal à conteneurs de Dakar. Le groupe Bolloré est en phase de reconquête de ses parts de marchés perdus depuis lors. Pour y arriver, la multinationale mise principalement sur les activités de logistique terrestre.
Sans rancune et sans état d’âme, le groupe Bolloré, non retenu dans la gestion du terminal à conteneurs du Port de Dakar (qui a bénéficié à Dp World), entend se redéployer pleinement au Sénégal. En visite éclair à Dakar, Dominique Lafont, directeur de Bolloré Africa Logistics, a clairement défini le « nouvel engagement » du groupe français au Sénégal. Avant tout, les raisons qui motivent ce « retour en force » sont d’ordre passionnel. « Le Sénégal, quand même, c’est le pays le plus ancien de notre réseau. Notre groupe y est implanté depuis 1926 et le pays a des relations particulières avec la France », a expliqué M. Lafont, hier, face à la presse.
Aujourd’hui, pour cette multinationale française, le temps est à la reconquête de ses parts de marché perdues depuis que le choix a été porté sur Dp World pour la gestion du terminal à conteneurs du Port de Dakar. « Pour nous, la page est tournée depuis longtemps. Nous sommes un opérateur privé et le propre d’un opérateur privé, c’est de regarder l’avenir. Il est stérile de se ressasser, sans arrêt, le passé et donc, compte tenu de l’importance que représente le Sénégal pour le réseau Bolloré Africa Logistics, nous cherchons de façon intensive toutes les occasions d’y développer nos activité », a soutenu Dominique Lafont.
Compenser les pertes
Et changement de cap pour Bolloré, car le groupe compte se baser, principalement, sur ses activités logistiques terrestres et sur d’autres activités développées récemment comme la communication pour reprendre sa place dans son corps de métier, mais également, pour combler les passifs réalisés avec la perte du terminal à conteneurs du Port de Dakar.
En termes de chiffres, le directeur Afrique du groupe Bolloré a indiqué que cette perte a provoqué une chute « de moitié » de sa rentabilité au Sénégal. Mais, depuis lors, le groupe s’est refait une nouvelle santé et semble tenir le coup. « Cela a été un coup sévère que nous nous efforçons maintenant de compenser, nous avons interrompu la spirale négative engendrée par la perte de ce contrat majeur sur notre corps de métier. Nous avons interrompu les éléments de déstabilisation qui en avaient été provoqués et aujourd’hui, nous avons entamé la reconquête », a souligné M. Lafont. Ce dernier a d’ailleurs clairement fixé à ses collaborateurs locaux une échéance de cinq ans afin de compenser les activités de manutention qui constituaient le plus grand business du groupe au Sénégal. A ce titre, la restructuration en interne est inéluctable. A cet effet, Bolloré s’est séparé d’une grande partie de son personnel. Mais Dominique Lafont précise que cela a été négocié et basé sur le volontariat.
En outre, le groupe Bolloré va également quitter l’immeuble de l’avenue Albert Sarraut qui lui a longtemps servi de siège pour s’installer dans un local conforme à sa nouvelle activité de logistique terrestre. « Nous essayons, au maximum de resserrer les coudes et de restreindre nos charges », a ajouté Dominique Lafont. Cette restructuration aurait-elle un lien avec les difficultés que traverse Dp World ? A cette question, Dominique Lafont souligne que son groupe et Dp World évoluent dans des profils différents et que Bolloré est un « vieil opérateur africain ». S’y ajoute que durant les cinq dernières années, Bolloré a doublé son chiffre d’affaires en réalisant 2 milliards d’euros (environ 1.310 milliards de francs Cfa) en Afrique. Ce qui a augmenté considérablement sa taille sur le continent. « Et c’est pendant ces cinq dernières années que nous avons connues l’une des pires crises de notre histoire », ajoute M. Lafont. Aujourd’hui, compte tenu de sa nouvelle stratégie de reconquête de ses parts de marché au Sénégal, la multinationale a choisi Racine Sy comme président du Groupe au Sénégal. De même, bien des cadres sénégalais seront sollicités pour accompagner la multinationale dans son nouveau challenge.
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