XALIMANEWS : Le président de la Cour Internationale de justice (CIJ), basée à La Haye (Pays-Bas), n’a pas la prétention de mettre fin à la guerre à travers le monde, mais à plutôt établir la paix par une résolution pacifique des différends, soutient son président, le Somalien Abdulqawi Ahmed Yusuf.
« La Cour internationale de Justice a été créée en 1946 mais elle a été précédée par la Cour permanente de la Justice en 1922’’, a-t-il relevé, soulignant que « les deux cours ne prétendent pas pouvoir éliminer la guerre dans le monde ».
« C’est dans l’esprit des hommes qu’il faut éliminer la guerre. C’est la fonction du système des Nations unies dans son ensemble », a souligné Abdulqawi Ahmed Yusuf. Recevant mardi une délégation de journalistes africains au Palais de la paix abritant la Cour Internationale de Justice à La Haye.
Cette visite (8-12 avril) s’inscrit dans le cadre du programme « Paix et Justice » du ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas,
« Il y a beaucoup de conflits en Afrique que partout ailleurs dans le monde. C’est malheureux que les Africains qui se sont battus des années pour s’affranchir du colonialisme et gagner leur liberté se retrouvent dans une situation de guerre dans plusieurs pays du continent », a déploré M. Yusuf, élu le 6 février 2018 premier président africain de la Cour Internationale de Justice.
« Nous ne cessons de dire aux Etats lors de l’Assemblée générale des Nations unies que la CIJ est au service des nations pour établir la paix et pour résoudre pacifiquement les différends », a-t-il indiqué.
Selon lui, c’est par le biais du droit international que la Cour internationale de justice « essaye de régler les différends entre Etats’’. « Il y a d’autres mécanismes comme la médiation, la conciliation, l’arbitrage’’, a-t-il signalé, précisant que la CIJ « s’occupe exclusivement du différend entre les Etats ».
Pour la saisine de la juridiction, il a expliqué que la CIJ « travaille sur un consentement anticipé qu’on appelle acceptation de la clause optionnelle donnée actuellement par 72 Etats dont une vingtaine de pays africains ».
« Si un pays a fait cette déclaration, d’autres pays peuvent faire recours à la Cour. C’est avec le consentement de deux Etats qu’ils y viennent », a-t-il poursuivi, avant de revenir sur la nature des affaires portées à la CIJ.
« Aujourd’hui, a détaillé le président de la Cour internationale de justice, il y a beaucoup d’affaires qui concernent l’environnement, il y a aussi les ressources naturelles, la délimitation des espaces maritimes entre deux pays entre autres différends frontaliers ».
« Les questions environnementales sont en train d’acquérir un grand intérêt dans les affaires qu’on porte à la cour », a insisté Abdulqawi Ahmed Yusuf, avant de se prononcer sur « les longs délais » des décisions de la CIJ, une situation imputable aux Etats, « car un Etat peut prendre 12 mois pour déposer ses plaidoiries écrites et un autre Etat 9 à 10 mois » avant la tenue d’une audience.
« Ce qui fait qu’on se retrouve souvent à 3 ou 4ans pour pouvoir rendre un arrêt », a-t-il fait savoir.
Le président de la CIJ, citant quelques exemples d’affaires déjà résolues, a souligné que le Burkina Faso et le Mali, par exemple, qui s’étaient « livrés à une guerre à cause d’un différend frontalier, avaient saisi la CIJ dans les années 1980 pour le règlement de ce conflit qui a conduit à une paix durable entre les deux pays.
« La Cour a également résolu un différend entre la République démocratique du Congo et la République de Guinée dans l’affaire d’un ressortissant guinéen investisseur qui s’est retrouvé expulsé du pays dans lequel il avait des biens », a-t-il dit.
« Actuellement a conclu Abdulqawi Ahmed Yusuf, il y a 15 affaires pendantes devant cette cour et la dernière qui a été reçue il y a juste une semaine concerne la Guyane et le Venezuela sur un différend qui date de 1895 ».