Le droit syndical inspiré des ’’lois sociales’’ votées par le Front populaire en France en 1946 a conduit à la naissance des premiers syndicats au Sénégal, a rappelé l’historien sénégalais Omar Guèye, enseignant-chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar.
« Le droit syndical a commencé surtout à partir des lois sociales du Font populaire de 1946. Le Front populaire, qui était un régime révolutionnaire en France, avait promis d’introduire plus d’humanisme dans la colonisation, c’est-à-dire faire bénéficier les populations coloniales des lois sociales prises pendant ce régime », a-t-il souligné dans un entretien avec l’APS.
Selon l’historien, ce droit syndical hérité du Front populaire était toutefois « partiel », puisqu’il restait « réservé à ceux qui savait lire et écrire en français », « une faible minorité » des travailleurs de cet époque ;
Ce droit syndical a permis d’avoir les premières conventions collectives et les premières organisations de travailleurs, les associations professionnelles et les premiers syndicats, a ajouté le professeur Guèye, signalant que ces acquis avaient été ’par la suite supprimés lors de la Seconde guerre mondiale par le régime de Vichy, qui collaborait avec l’occupant allemand.
Ce régime, a rappelé l’historien, « était extrêmement répressif » et avait supprimé l’ensemble des organisations démocratiques, jusqu’à l’introduction d’autres lois jugées jugées révolutionnaires à partir de 1944, à la faveur de la Conférence de Brazzaville et la mise en place de l’Union française, pour faire bénéficier les populations africaines de nouvelles avancées sociales.
Parmi ces mesures, il a cité l’octroi du droit syndical à partir de 1944. « Dès lors, c’est l’éclosion des syndicats », d’une part, et du mouvement revendicatif, d’autre part, « notamment au lendemain de la Seconde guerre mondiale qui a donné naissance à la grande grève générale de 1946 et la grève des cheminots du Dakar-Niger de 1947à 1948 », a noté Omar Guèye.
La seconde étape de ce processus entamé sous le Front populaire fut selon lui la lutte pour l’obtention du droit de vote avec la mise en place de l’Union française qui abolit l’indigénat.
« Dès lors, ce sont des revendications pour bénéficier de la pleine citoyenneté qui ont donné lieu à l’obtention du code du travail voté en 1952 pour l’ensemble des territoires d’Outre-mer », un processus qui va s’accélérer dans la lutte nationaliste pour aboutir à l’indépendance en 1960, a expliqué M. Guèye.
« A travers leurs actions, a conclu l’historien, les syndicalistes ont été très tôt au-devant du mouvement social. Ils ont très tôt posé la revendication de l’égalité : +A travail égal, salaire égal+. Apparemment, c’était une revendication de travailleurs, mais ça remettait plus en cause la nature d système colonial », d’où une jonction entre syndicalisme et politique.
aps.sn