XALIMANEWS : Des universités et critiques sénégalais, parmi lesquels Ibrahima Wane, ont salué « la qualité » et « la vitalité » de la création sénégalaise et africaine en général, à l’issue d’une visite de quelques-unes des expositions de la 13e édition de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar (Dak’art).
L’édition 2018, démarrée le 3 mai dernier, comporte comme d’habitude une partie ’’In’’ et une autre dite ’’Off’’, consistant en des expositions de styles variés et de différentes dimensions qui se poursuivent jusqu’au 2 juin prochain sur toute l’étendue du territoire sénégalais.
« Globalement, c’est une très bonne Biennale. Du point de vue de l’expression artistique, sur le plan de la qualité, j’ai eu une grande satisfaction par rapport aux expositions vues, il y en a certaines qui m’ont marqué, plus que d’autres », résume Ibrahima Wane.
L’enseignant-chercheur relève « la vitalité de la création sénégalaise voire africaine », au regard de la centaine d’expositions présentées à Dakar et dans les régions.
Concernant l’exposition internationale appelée « In’’, regroupant 75 artistes dont cinq Sénégalais sélectionnés par le directeur artistique, le Camerounais Simon Njami, l’universitaire sénégalais évoque « une vitrine de l’état des lieux de la création artistique africaine ».
« Dans le +In+, il y a une variété comme celle de 2016, on voit une grande évolution par rapport au débat soulevé il y a dix ans sur l’art contemporain par rapport la place de la vidéo et des installations’’, a-t-il dit au sujet des expositions qui se tiennent dans les locaux de l’ancien Palais de Justice de Dakar.
« On a une sorte de retour à un certaine équilibre », fait observer M. Wane, saluant par ailleurs l’érection d’un « Pavillon Sénégal » sur l’esplanade du Musée des civilisations noires, « une innovation majeure » du Dak’art 2018, qui selon lui rappelle « le Salon des artistes plasticiens du Sénégal », disparu de l’agenda culturel national.
Mais l’universitaire note que ’’La cloche des fournis’’, l’exposition du laboratoire de création culturelle Agit’art, qui se tient sur l’espace de l’ancien marché malien en face de la Gare de Dakar, constitue son ’’coup de cœur’’.
« D’un point de vue d’abord suggestif, c’est une exposition qui rend hommage à Joe Ouakam, c’est la première Biennale sans Joe Ouakam, surtout qu’il a marqué les biennales précédentes comme de sortes d’adieu, on pense à l’exposition inoubliable du +Congrès de minuit+ de 2016 », dit-il.
Il ajoute, « Quand on parle de Joe Ouakam, il y a tout un élan d’artistes, de différentes générations, de styles et d’écoles qui se sont mobilisés pour faire cette exposition. En terme de richesses, d’approches et en terme d’ampleur, il y a énormément de choses évocatrices ».
De manière générale, l’universitaire estime que les centaines d’expositions « Off’’ et « In’’ rendent compte selon lui d’une « appropriation » du Dak’art 2018.
« C’est une formule bien trouvée pour permettre à tout un chacun de profiter de ce moment pour s’exprimer, pour partager, faire le point sur son propre travail, rencontrer le public et les professionnels », souligne Ibrahima Wane.
Son compatriote Bocar Kanté, historien de l’art, qui a déjà visité avant quelques expositions du Dak’art, relève « la variété des œuvres présentées’’, signe selon lui de la richesse de Dak’art 2018.
« L’offre est riche, cela montre qu’il y a de la créativité. On est au rendez-vous du donner et du recevoir comme disait Léopold Sédar Senghor », a indiqué M. Kanté.
Mais pour booster cette créativité, Bocar Kanté appelle à un plus grand respect du droit d’auteur des artistes visuels, principalement le droit de suite, pour « un environnement favorable à la création », au bénéfice du marché contemporain de l’art en Afrique de l’Ouest.