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Côte d’Ivoire. « La page de la guerre, est encore ouverte. » selon un chroniqueur

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Si près de but…
On la croyait définitivement fermée. La page de la guerre, pourtant, est encore ouverte. A ceux des Ivoiriens et de la communauté internationale qui affirmaient que la Côte d’Ivoire était désormais sortie de l’ornière, Laurent Gbagbo rappelle depuis vendredi dernier, avec éclat et fracas, que le pire n’est peut-être pas passé. La Côte d’Ivoire se trouve, encore une fois, dans une zone de turbulence, certainement, l’une des plus agitées de ces dernières années. Ahurissant quasiment le monde entier, le Facilitateur du dialogue direct y compris, Laurent Gbagbo a décidé, unilatéralement, de dissoudre les deux institutions symboles du nouvel ordre institutionnel dans lequel baigne le processus de sortie de crise, de l’Accord de Marcoussis à celui de Ouagadougou, en passant par Accra et Pretoria : le gouvernement et la Commission électorale indépendante.
Les décisions de Laurent Gbagbo visent à lui permettre de reprendre la main, face à une opposition qui s’est méthodiquement investie dans les opérations d’identification. Aujourd’hui, voilà que l’on ne parle plus de date des élections. Le débat est désormais ailleurs. Les Ivoiriens s’interrogent de savoir si le pays pourra se sortir de cette impasse politique qui s’annonce ? Il y a cette évidence : les populations redoutent moins le report de l’élection (il ne fait l’ombre d’aucun doute que l’échéance prévue entre fin février et début mars 2010 est désormais caduque) que la situation qui pourrait survenir suite au blocage du processus électoral, entre un chef d’Etat qui s’arroge des pouvoirs de despote et une opposition qui a décidé de le déclarer illégitime.
La crise née de l’affaire des 429 030 noms que le Président de la CEI, Robert Beugré Mambé aurait frauduleusement incorporés à la liste électoral a fini par faire dérailler le processus électoral. Après s’être emmuré dans un silence surprenant, le Facilitateur s’est résolu à entrer en scène. A peine a-t-il débuté ses consultations que Laurent Gbagbo lui coupe l’herbe sous les pieds. A la vérité, cette situation est une crise totalement artificielle, créée depuis les bureaux de la résidence du chef de l’Etat. De quoi accuse-t-on Mambé ? Depuis, personne n’a pu établir la culpabilité du patron de la CEI. Pas même cette enquête à charge du parquet d’Abidjan dont on sait qu’il prend ses instructions auprès du ministère de l’Intérieur. On ne peut condamner la CEI et la dissoudre sous la simple inspiration d’articles de presse ou de suppositions.

Beugré Mambé a pourtant le sens de l’honneur. Lui qui a conduit ce processus en toute conscience, n’avait pas bien compris que tout le monde n’avait pas intérêt à des élections qui se déroulent aussi rapidement. Le piège de 420 mille pétitionnaires s’est donc refermé sur lui et sur tout le processus, le conduisant dans une impasse. Un CD dont l’existence est bien connue de toutes les parties pourtant et dont on attendait le traitement consensuel, est devenu l’arme fatale de ceux qui ont peur de la vérité des urnes, parce que n’étant pas sûrs de leur verdict. Selon les derniers résultats d’un sondage qui se trouve actuellement sur son bureau, Gbagbo ne s’en sort, au premier tour du scrutin présidentiel, au mieux qu’avec 20% des inscrits sur la liste électorale. Pourquoi donc se jeter à l’eau alors que la profondeur et la force des vagues montrent que la noyade est inévitable ? Cela s’appelle aller à Canossa. Autant refuser cette humiliation faite à l’Empereur germanique Henri IV. Alors, il faut tout détruire. C’est à cela qu’il s’attèle. Les Ivoiriens et la communauté internationale qui les soutient, ne pourront que déplorer la remise à plat de tous les acquis, des audiences foraines au contentieux électoral. Au cours de ces derniers mois, le processus de paix a été marqué par un changement très positif de la situation. L’évolution constatée est encourageante. Des progrès importants ont été réalisés en ce qui concerne la démobilisation des combattants, la restauration de l’autorité de l’Etat, l’identification et le climat paisible permettant la pré campagne électorale… On constate, du reste, aujourd’hui, que toutes les populations appellent à la tenue d’élections pour mettre fin à leur souffrance. Ce souhait tient-là, la meilleure chance qu’il ait jamais eue de voir s’instaurer une paix durable.
La situation est d’autant plus précaire que les manifestations tout aussi violentes que sanglantes qui ont eu lieu à l’intérieur du pays, avec à la clé, la mort d’un jeune militant de l’opposition, sonnaient comme les signes avant-coureurs d’une déflagration du climat social. En effet, la violence s’est invitée dans le contentieux électoral. De dehors, l’on a eu du mal à comprendre que le clan présidentiel encourage ses militants à dénicher des pétitionnaires dont la nationalité serait douteuse. Cette traque était le signe tangible de la résurgence du syndrome du nazisme à l’ivoirienne, qui se décline sous les formes de l’ivoirité que l’on a tout fait, pendant ces quinze longues années, pour refouler jusqu’au tréfonds des consciences. Sidiki Konaté, porte-parole de l’ex-rébellion a mis le doigt sur la plaie avertissant « des risques de guerre civile » par la rwandadisation du débat identitaire.
95% du processus ayant été accompli, si près du but, tout va-t-il s’écrouler, replongeant le pays dans l’incertitude et vers le précipice du désespoir ? Certainement pas. Au contraire, il faut intensifier les efforts et ne pas baisser la garde. Tous les acteurs doivent remettre, le plus tôt possible, le processus sur les rails. Et faire comprendre à Gbagbo que casser le thermomètre n’est pas la meilleure façon de faire baisser la température. l

PAR CHARLES SANGA
Source: Le Patriote. (Côte d’Ivoire)

1 COMMENTAIRE

  1. Eh oui on sait ce qui t’empêche de dormir Gbagbo….mais il faut remettre le pouvoir à la métropole, malgré tous tes efforts.

    PS: kon ne matak pa pour sa please.

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