De qui se moque l’opposition ?
Définie par Wikipédia comme l’ensemble des mouvements qui contestent les décisions des détenteurs du pouvoir, l’opposition joue un rôle très important dans toute démocratie, elle a des droits et des devoirs. L’opposition a le droit de s’opposer comme prévu dans l’article 58 de la constitution ; elle a le droit d’être au courant des décisions de l’exécutif, elle a aussi le droit de critiquer ladite décision et le cas échéant de proposer une alternative. Elle a aussi des devoirs tels que le respect de la constitution et de toutes les institutions, la défense des intérêts de la nation, le dialogue sur les points d’intérêt national. Nous discuterons sur le statut de l’opposition au Sénégal et voir si elle joue son rôle à part entière.
« Grand bravo ! je suis fier de vous pour cette mobilisation exceptionnelle qui est une véritable démonstration de force. Félicitations et merci d’avoir massivement répondu présents pour dire stop aux dérives de Macky Sall et de son clan. Le compte à rebours a commencé » Voilà ce que Karim Wade a publié sur sa page Facebook à la suite de la marche autorisée du 13 juillet 2018. Tel père tel fils. Combien de fois le président Wade a été emprisonné durant l’époque du président Diouf ? Combien de fois a-t-il incité la population à la violence ? Le président Wade était un opposant qui a intégré le gouvernement du président Diouf à deux reprises, en 1991 après le limogeage de Jean Collin quand il occupait le poste de ministre d’Etat et en 1995 quand il réoccuperait le même poste. Les parlementaires et les membres de l’opposition sont théoriquement en place pour l’intérêt du Sénégal, en quelque sorte ils représentent le peuple. Comment pouvez-vous représenter le peuple et dire que vous n’allez pas dialoguer avec le parti au pouvoir soi-disant que la discussion s’avère inutile vu que le président a déjà décidé. Néanmoins ceci ne doit pas être une raison de nous priver de nos idées que vous exprimez en notre faveur. Quand vous êtes président, capitaine de bateau, chef de famille, il y a des décisions que vous devez prendre sans l’avis de personne car vous êtes responsable après tout en cas de catastrophe. Ces mêmes opposants d’aujourd’hui étaient au pouvoir hier et nous ne sommes point amnésiques, vous avez fait pire et vous criez à l’aide aujourd’hui. Dans tout cela pensez-vous au Sénégalais lambda ? Certes le président Sall aurait dû questionner la faisabilité de la réduction du mandat de président de la République avant d’en faire une promesse mais il nous faut creuser plus profond pour mieux comprendre. Ces opposants doivent penser que nous sommes dans un royaume ou même dans une dictature. Il n’y avait aucun moyen légal pour le président Sall de réduire son mandat sans passer par le conseil constitutionnel. Le délit aurait été qu’il le fasse sans l’avis du conseil constitutionnel. Les libéraux étaient en accord avec ce conseil quand le troisième mandat du président Wade fut validé et en désaccord avec ce même conseil pour la réduction du mandat du président Sall. Mais de qui se moque-t-on ? L’arbitre ne peut pas être compétent quand il siffle en notre faveur et incompétent dans le cas contraire. Le respect des institutions est primordial dans une démocratie.
Le Sénégal est un pays du dialogue, ce qui d’ailleurs nous a épargnés de conflits « civilo-ethniques » et même de guerres civiles. Nous avons le devoir de sauvegarder cet acquis. Ne dit-on pas que la démocratie sénégalaise est une « dissocratie », disso voulant dire concertation en Wolof. Quelles grandeurs ont affiché nos régulateurs sociaux. Serigne Mountakha Macke a reçu les opposants et a prié pour eux sans s’immiscer dans ces faux débats. Le khalife général des mourides est la représentation de Serigne Touba sur terre, je crois que le voir pour se plaindre est trop bas. Combien de Sénégalais auraient voulu le voir pour des prières et des conseils ? L’archevêque de Dakar, Monseigneur Benjamin Ndiaye leur a dit : « Je ne peux, malheureusement, que prier pour vous. Je dis malheureusement parce que c’est Dieu qui donne et nos prières ne sont pas toujours faites comme il faut ». Si ces opposants sont doués d’intelligence, ils doivent comprendre que ces régulateurs sociaux ne veulent pas s’immiscer dans ces faux débats.
Certains des opposants qui disent aujourd’hui qu’il y a beaucoup de députés faisaient partie du parti qui a augmenté le nombre de députés de 120 à 140 et la création du Sénat en 1998. Mais de qui se moque-t-on ? La crise économique et le chômage parmi d’autres facteurs n’ont pas pu être réglés pendant quarante ans et tout à coup vous voulez nous faire croire à une baguette magique pour régler tous les problèmes. Ces libéraux qui critiquent les transhumants d’aujourd’hui ont-ils oublié que le fait est devenu banal sous leur magistère quand le président Wade a accueilli bon nombre de dignitaires socialistes. En 2000 le président Wade n’avait-il pas légalement dissout le CESE et le Sénat disant qu’ils étaient inutiles avant de les redonner vie en 2007 et en choisissant lui-même les 65 sénateurs. Combien de fois le président Wade a-t-il modifié la constitution sans consulter les chambres parlementaires ? Ces gens-là qui soutenaient cette dictature du président Wade hier veulent crier à la dictature aujourd’hui, c’est le voleur qui crie au voleur. Jean Collin disait dans ce sens que « Wade est un homme dangereux. Il n ‘a qu’une idée, c ‘est de devenir Président, il est prêt à tout sacrifier à cette idée. Il n ‘est pas l’homme d’un programme mais l’homme d’une ambition personnelle » Jeune Afrique du 2 décembre 1987. Le candidat Sall disait en 2012 que la transhumance était comme « une pathologie gangrenant notre système politique ». Combien de transhumants a-t-il accueilli à ce jour ? Ce même candidat disait en 2012 que le président Wade « inaugurait de petites infrastructures… un centre de santé pour un président de la République, vous vous rendez compte. Rien que le kérosène qu’ils ont mis pour aller à Matam vaut plus que le centre de santé, il faut qu’on soit efficace… c’est un manque de respect » Le centre de santé de Saraya n’a-t-il pas été inauguré par le président Sall ? Tout est contextuel en politique, il faut faire des calculs et voir ce qui nous rendra plus populaires. Souleymane Ndene Ndiaye disait : « j’ai dit et répété qu’il n’arrivera jamais, je dis bien jamais, que je rejoigne le président Macky Sall dans sa formation politique. Ça c’est exclu. Nous n’avons pas la même vision de la gestion d’un pays et même d’un parti politique ». Sitor Ndour lui disait : « je préfère prendre ma retraite politique que d’être avec Macky Sall ». Aida Ndiongue elle disait : « si je transhume au Pds, que tous ceux qui ont un chiot lui donnent mon nom » et d’autres exemples. Eux tous ont transhumé, mais honnêtement de qui se moque-t-on ? Simon de Bignicourt disait que « la politique et la coquetterie sont synonymes, elles ne sont que l’art de mentir ». Dans le même sens, Alphonse Karr disait « qu’en politique plus ça change et plus c’est la même chose ». Quel manque de vergogne et de dignité que de se dédire comme ça devant tout le peuple sénégalais. J’aurais pu être d’accord si ce serait pour servir le Sénégal mais le malheur est qu’ils se servent eux-mêmes. La politique ne doit plus être utilisée pour une ascension sociale en réduisant le train de vie et les avantages des élus pour n’attirer que ceux qui veulent vraiment travailler dans le seul but de développer le Sénégal. Tout politicien doit être écœuré à savoir que quelque part au Sénégal, un citoyen n’arrive pas à se soigner, meurt en donnant la vie, meurt à la suite d’une négligence médicale, ne mange pas à sa faim, ne se scolarise pas faute de moyen… Dites la vérité aux citoyens ! Nous ne nous développerons jamais tant que nous ne recommençons tout, de la fondation à l’élévation. Du président Senghor au président Sall, on ne nous parle que de croissance économique, et si on parlait de l’indice de développement humain. Mohammed Ali disait : « Qui a la même vision du monde à vingt ans qu’à cinquante, a perdu trente ans de sa vie ». Je vois les mêmes têtes d’hier critiquaient l’incompétence de ce gouvernement, qu’en étaient-ils de leurs gouvernements ? A part quelques opposants près, eux tous ont dirigé le Sénégal et n’ont pas changé les conditions de vie des Sénégalais. Aiment-ils les Sénégalais et le Sénégal ou sont-ils juste narcissiques ? Cette opposition est une opposition qui ne présente aucun projet de développement pour le Sénégal. Leur amour pour le Sénégal doit prévaloir sur leurs intérêts personnels et ils devaient proposer des solutions aux problèmes que les citoyens font face au lieu de s’acharner sur le président de la République. Que proposent-ils pour la pénurie d’eau ? Rien à part politiser cela en leur faveur tout en ne se souciant pas du sénégalais qui n’a pas les moyens d’acheter de l’eau comme eux. Depuis l’indépendance, le taux de chômage a toujours été élevé et la plupart d’entre eux ont eu la chance de résoudre le problème mais en vain. Ces mêmes personnes qui ont gouverné ce pays hier se mettent aujourd’hui à critiquer le président Sall. C’est à la limite de l’hypocrisie. Il me semble que ces opposants prieraient pour que rien ne marche dans notre pays pour pouvoir être élu. Et les citoyens Sénégalais dans tout cela ?
Il est temps que nous nous disons la vérité et que ces opposants arrêtent de se moquer de nous. Nous sommes des citoyens aussi compétents ou plus compétents qu’eux qui aimons les Sénégalais et le Sénégal aussi qu’eux sinon plus qu’eux. La majorité d’entre eux est entrée en politique pour une ascension sociale. John Fitzgerald Kennedy disait : « ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays ». Faites preuve d’amour envers vos concitoyens et ou de pitié, il suffit de sillonner les routes de Dakar et de faire une tournée non politique dans les régions du Sénégal pour savoir que depuis l’indépendance du Sénégal rien de concret n’a été fait pour améliorer les conditions de vie de la population. Tout est fait dans un but purement politique, se faire réélire. Jules Michelet disait que « La politique est l’art d’obtenir de l’argent des riches et des suffrages des pauvres, sous prétexte de les protéger les uns des autres ».
Mohamed Dia, Consultant Bancaire
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