La particularité de la «Tabaski» 2010 à «Gouye Mouride» aura été l’impressionnant dispositif de sécurité mobilisé pour veiller sur le président de la République. Armés jusqu’aux dents, les éléments de la sécurité ont bouclés tous les secteurs autour de «Gouye Mouride», pris position sur les toits des immeubles entourant la mosquée «Massalikoul Djinane», où le Président devait prier. C’était presque un état de siège. Heureusement qu’il n’y eu aucun couac.
Le Sénégal semble avoir pris très au sérieux la menace terroriste qui pèse sur ses dirigeants. Depuis que le pouvoir a extradé vers la Mauritanie, des «supposées terroristes» sans tenir compte des règles d’usages en matière d’extradition, le gouvernement vit sous l’obsession de la menace terroriste. Et chacun des déplacements du Président se fait dorénavant sous bonne escorte. Comme on a pu le constater le mercredi dernier à la mosquée Massalikoul Djinane, à l’occasion de la célébration de la fête de la tabaski. Les fideles venus sacrifier aux traditionnels deux rakaas ont été épatés par l’impressionnant dispositif de sécurité déployé pour assurer la sécurité du Président.
Manque de sérénité
Pour commencer, toutes les issues menant à la mosquée ont été bouclées. A chaque coin de rue, des éléments de la Police et de la Gendarmerie, armés jusqu’aux dents, avaient pris position. Sur la route menant à la porte principale, des barrières sont érigés. Sur les toits des immeubles environnants, des tireurs d’élites appartenant au Gign, reconnaissables par leur camouflage qui fait penser aux célèbres Ninja, vulgarisés par les films de karaté, ont pris position. Du haut de leur observatoire, ils ont ainsi une belle vision des mouvements des personnes et des véhicules, grâce à leurs lentilles de haute précision, qui leur permettent de déceler les comportements suspects.
La porte d’entrée de l’énorme domaine est elle-même divisée en deux parties. Celle de gauche est réservée à la grande masse. Accéder à l’intérieur via cette porte ne pose aucun problème, seuls deux policiers en assurent la garde. Mais le décor est tout autre sur celle de droite. Sur cette entrée, pas moins d’une dizaine d’éléments de la sécurité présidentielle veille au grain. L’un d’entre eux a entre les mains un détecteur de métal. Il se distingue des autres, habillés en noir, par son costume gris. Cette allée de la porte d’entrée est réservée aux officiels et mène directement à la loge officielle. C’est ici que les consignes de sécurité sont les plus strictes. Et gare à ceux qui s’aventurent à défier les ordres.
Pour emprunter ce chemin, il faut soit être une personnalité ou à tout le moins disposer d’une invitation en bonne et due forme. Ce qui n’est pas à la portée de chacun. En plus, cela ne met pas les usagers de cette voie à l’abri de la fouille. Tout le monde pour ainsi dire, est passé à la loupe. Et même des personnalités très en vue, telles que Cheikh Amar, Abdoulaye Faye, Madické Niang, Pape Diop, Ousmane Masseck Ndiaye, pour ne citer que ceux-là n’ont pas été épargnées de la corvée. Preuve si besoin en était, que la sérénité n’était pas au rendez-vous.
Mais ce n’était pas la seule épreuve que les officiels ont subi. Car, une fois la porte d’entrée franchie il fallait, pour rejoindre sa place, tourner à gauche, longer un long couloir, s’arrêter devant les éternelles barrières, se faire passer sous rayons X, subir le regard inquisiteur des éléments de la sécurité toujours sur le qui vive.
Aux côtés des rangées qui commençaient à se resserrer, alors qu’il était 9h, policiers et gendarmes prennent position. De dos, de face de profil, ils surveillaient les fideles et ne les quittaient pas des yeux. Même la zone non occupée du domaine, où se chevauchent les engins, machines, amas de pierres, de briques et de détritus, a été investi. C’était vraiment un état de siège qui ne disait pas son nom.
Une contribution de 500 millions
L’arrivée du Président, aux alentours de 9h 36, fut précédée par les cris des motards et des grosses cy-lindrées de la police et des gendarmes.
Habillé en boubou traditionnel de couleur blanche, le Président descendu de sa voiture. Il était tout seul avec comme seuls compagnons ses gardes, son fils suivant dans une autre voiture. Aussitôt mille bras l’entourent et l’introduisent dans l’enceinte de la mosquée.
Peu de temps après, l’imam débuta la prière. A la fin de la prière et en dépit de l’obsession sécuritaire qui prévalait, le Président s’attarde sur les lieux pour s’enquérir de la situation de la construction de la mosquée, qui ne semble pas avoir avancé d’un iota depuis la pose de la première pierre. L’architecte a expliqué au Président qu’il lui fallait procéder à «l’analyse détaillée du sol et du sous-sol, qui vont supporter le bâtiment pour éviter d’avoir une mosquée qui se fissure au bout de quelque temps». L’architecte ajoute qu’en maints endroits, il a dû creuser jusqu’à 30 m de profondeur pour connaître la texture et la composition du sol. «Un vrai travail de professionnel», s’est exclamé M. Wade. «Je suis très content parce que c’est un Sénégalais qui l’a fait. Quelqu’un qui fait ça mérite d’être félicité. Il n’y a pas eu besoin d’aller chercher des experts ailleurs. Je profite de l’occasion pour lancer un appel à tous les ingénieurs sénégalais, chacun dans son domaine, pour faire de même en se basant sur la rigueur scientifique», a commenté le président.
Après quoi il a lancé cet appel : «Je voudrai ajouter qu’il appartient à tous les talibés de construire la mosquée. Personnellement, j’ai mis 500 millions de francs. D’autres m’ont emboité le pas et je veux que chacun dans la limite de ses possibilités, y participe, de sorte que cela devienne une œuvre commune et non d’un groupe». Se tournant vers Mbackiou Faye, le maître d’œuvre : «En aucun cas, il ne faut pas que les travaux s’arrêtent ; surtout pas à cause de l’argent.»
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