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« Quand la liberté de parole est confisquée dans un régime de la terreur, la satire devient une arme»( par Allassane K. Kitane)

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                    CHRONIQUES DE NDOUMBELANE V

                               « Pololitk ni Laambi golo[1] »

« Quand la liberté de parole est confisquée dans un régime de la terreur, la satire devient une arme. »

« Si les singes avaient le talent des perroquets, on pourrait en faire des ministres. ». Il n’y a pas de contrée au monde où cette maxime de De Chamfort se vérifie davantage qu’à Ndoumbélane : ici on dévaste comme des singes et parle comme des perroquets. Le roi-singe a été bien inspiré de recruter tous les singes beaux parleurs dans son gouvernement parce qu’il est convaincu que dans ce pays on se nourrit de parole. Il y en a qui sont descendus si bas qu’ils sont allés usurper aux oiseaux leur talent de piaillement : trop de singes autour du roi-singe ont falsifié leur CV pour berner son excellence le roi candide.

Le premier réflexe du roi-singe a été de nouer une relation de concubinage avec le Messi des singeries folkloriques de Ndoumbélane. D’artiste hyper talentueux à artiste planétaire en passant par le mécénat, le roi des cris-de-singe est devenu dans la nouvelle république des singes un courtier incontournable. Ndoumbélane est un pays où l’accès à la notoriété gomme le passé, mais dans beaucoup d’entreprises de mécénat, il y a souvent des crimes inimaginables, insoupçonnés.

Oui, je vous en j’en conjure chers compatriotes de Ndoumbélane : le mécénat a été parfois très féroce avec l’école de Ndoumbélane. Quand un singe aide un planteur à désherber son verger, c’est forcément suspect, mais comme à Ndoumbélane, la naïveté est la deuxième religion, on est condamné à lâcher la proie pour l’ombre. On voit bien pourquoi l’école de Ndoumbélane est si mal en point : quand on boit l’eau de la rivière de vin qu’est le folklore, on ne peut pas être lucide. L’amusement est la chose la mieux partagée à Ndoumbélane, pays où le sérieux nécessaire à la méditation est considéré comme un luxe.

Le King Kong du divertissement magico-sportif a aussi été tiré des tréfonds de la banqueroute en vue de faire de 2019 une année de divertissement. Véritable opium du peuple de Ndoumbélane, « Laambi golo » est à la fois un univers de mafia et un levier pour actionner l’engourdissement des consciences. La faillite et la culpabilité ont à Ndoumbélane un remède : le ralliement à la cause du roi-singe. Commettez les crimes les plus odieux et l’infamie la plus vile, vous en serez automatiquement lavés dès que vous épouserez la cause du roi-singe. Les plus grand promoteurs de « laambi golo » sont des repris de justice ou des criminels à col blanc. Dans ce divertissement magico-sportif appelé « laambi golo », on est envahi par une clique dont la vile profession consiste à chanter les louanges des personnalités du monde des singes pour leur soutirer quelques oranges. « diww golo gou yalla baaxal la ». Voilà comment le non-sens chasse le sens et le sérieux de l’univers de divertissement ambiant qu’est Ndoumbélane.

Un singe n’a pas l’habitude de partager les fruits, il en est ainsi du pouvoir entre les mains du roi-singe : il faut le lui arracher sinon il en fera un jouet pour assouvir ses desseins de singe. A Ndoumbélane l’accès au trône est devenu une affaire de singe, car quand un singe devient un roi ceux qui n’ont pas une bosse au front sont ostracisés, voire persécutés. Vous croyez vraiment qu’un singe s’embrassera de scrupules lorsqu’il s’agit de grimaces institutionnelles pour conserver son trône. Non ! Le propre de singe, c’est de ne pas avoir de vergogne. Il fera tout pour que le mode d’élection se réduise à des singeries éhontées. Puisque pour lui le pouvoir est une fin en soi, la peinture devient l’activité la plus rentable à Ndoumbélane. Les yeux du singe sont si globuleux parce que, comme tout hypocrite, il cache son âme lugubre derrière ses yeux qu’il cherche à dérober au regard inquisiteur d’autrui. A force de les faire pivoter dans tous les sens, il a fini par en faire des torches qui projettent des ombres.

Antoine Préault a dit : « La preuve que l’homme descend du singe, c’est que, lorsqu’il se sent perdu, il se raccroche à toutes les branches ». Il n’est pas loin le jour où le roi-singe se mettra à inaugurer des latrines, des zoos dédiés aux moustiques, ainsi que des dispensaires pour les rats. Il est tellement perdu, le roi-singe, qu’il s’agrippe à toutes les branches, seraient-elles mortes. Oh les branchent mortes, elles font tellement de bruit ! Craquement sourd rien que pour raconter des craques. Thiey le bois mort de Ndoumbélane !

Mais si habile soit-il, le roi-singe ne pourra jamais venir à bout des poux qu’il porte sur sa carapace touffue de poils et qui l’empêchent d’avoir la quiétude. Dans son sommeil de quelques heures comme dans les grandes foires du monde, il se démangera comme tout singe. Ah la nature, elle est tellement remplie d’ironies ! Le singe lui-même sait qu’il est la grande ironie de l’homme : avez-vous déjà vu un singe complètement domestiqué ? Il vous chipe vos graines et vos fruits parce qu’il sait que c’est exactement ce que vous vous faites les uns aux autres. Regardez bien ce singe que vous avez attaché dans votre cour : il vous renvoie votre propre image. L’homme est tellement rebelle que malgré le millénaire de progrès de la civilisation, il refuse la domestication complète. Il y a plus de singes dans la société humaine que dans la forêt. Il suffit seulement d’observer le microcosme politique pour s’en convaincre : les pirouettes qui rythment la vie quotidienne de ces apôtres de la déloyauté prouvent qu’ils sont de vrais singes.

(A suivre)

 

NIKITA

 

 

 

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