Dans un monde désormais numérisé, la rencontre entre une industrie du tourisme mondialisée et le phénomène digital devait fatalement survenir.
La transformation_d’aucuns parlent encore de révolution_ numérique, effective déjà dès les années 1990, impacte tous les secteurs de l’activité humaine: la réalité technologique se confond avec notre quotidien que maintenant nous imaginons difficilement sans skype, whatsapp, Instagram, google, etc.
Un produit des révolutions technologiques du 20ème siècle, l’Internet pour ne pas le nommer, ayant opéré un bouleversement des comportements, a du même coup induit une reconfiguration des relations inter humaines et aussi de l’Homme avec la Nature, avec l’Environnement.
En conséquence, le Tourisme, par essence puissant facteur de transformation sociale ayant une dimension spatiale considérable, n’a pu se soustraire à la transformation numérique.
L’Organisation Mondiale du Tourisme l’a bien perçu, qui en a fait le thème de sa Journée Mondiale.
L’usage d’outils dits «high tech» a permis la découverte ou le cas échéant, la restitution de sites archéologiques, par excellence sites de tourisme de découverte ou de tourisme scientifique.
En outre, par le biais de médias sociaux, des plateformes de tourisme en ligne comme Hip Africa, Everyday Africa, Visiter l’Afrique, Tastemakers Africa parmi d’autres, en proposant des circuits alternatifs, changent le visage du tourisme africain à l’intention des Africains eux-même, mais aussi pour le bénéfice des Africains de la Diaspora et des touristes internationaux.
Sans parler du fait que beaucoup d’entre nous avons pris l’habitude, pour nos déplacements, de tout préparer à partir de notre ordinateur; il suffit d’un click en effet pour acheter un billet d’avion, un e-ticket, réserver un siège dans l’aéronef, à volonté enregistrer un (des) bagage(s), imprimer sa carte d’embarquement, et à l’occasion visiter et éventuellement réserver la chambre d’hôtel. L’achat du billet en ligne, quelque pratique qu’il soit, se trouve être préjudiciable à l’agent de voyages qui est ainsi potentiellement privé de la commission de la compagnie aérienne.
Voilà que les deux piliers de l’industrie touristique, le transport aérien et l’hôtellerie, ne peuvent se passer du numérique. Même si sur le Continent Africain très ouvert au tourisme international, l’internet souffre de deux grands maux: le coût élevé de la connexion, et la vitesse nettement en-dessous de la vitesse standard.
Malgré tout, sur le continent africain, l’internet assure aux Petites /Moyennes Entreprises, PME, cette catégorie-là même à laquelle appartiennent beaucoup d’entreprises touristiques, une croissance au moins une fois et demie plus rapide que celle des PME qui ne sont pas en ligne.
On eût dit que vis-à-vis du numérique, beaucoup d’entrepreneurs (touristiques) africains, agents de voyages, transporteurs, hôteliers au sens large, aériens,etc ont été revigorés par l’expérience réussie de la pénétration fulgurante du smartphone sur le continent , initialement déclenchée avec le prépayé de Mo Ibrahim.
Dès lors , on comprend aisément l’engouement de ces mêmes entrepreneurs africains pour le projet de la Fondation Tony Elomelu de lancement, prévu le mois prochain à Lagos, de la grande plateforme numérique TEFConnect à leur intention.
Toutefois, la disparité d’accès aux technologies informatiques , notamment à l’internet, est bien réelle sur le continent. Nous parlons pudiquement de fracture numérique.
A ce propos les différents pays ont connu des fortunes diverses; les pays anglophones du continent semblent avoir eu une longueur d’avance sur les autres.
Même si quelques pays francophones, avec le Sénégal en tête, semblent avoir rattrapé le retard et comblé le gap pour ainsi dire. Au Sénégal en effet, pendant la décennie 1996-2006, il a été noté la connexion à l’internet et le lancement de la téléphonie mobile, consécutifs à la création d’une agence de régulation. L’avènement de ladite agence intervenait concomitamment avec la libéralisation du marché des télécommunications, illustrée par la privatisation de l’opérateur national.
Même si les deux grands problèmes identifiés ci-dessus, portant sur le coût et la vitesse de l’internet, sont toujours d’actualité, le Sénégal a fait des avancées dans le domaine.
Et les TIC jouent un grand rôle dans l’économie du pays.
Il y a seulement qu’en Afrique de manière générale, l’Etat est très souvent frileux
vis-à-vis des nouvelles technologies, NTIC, qu’il considère désormais avec méfiance, après la quasi indifférence née de l’incompréhension du début.. Parce que ces dernières contribuent à démocratiser le régalien que l’Etat compte toujours contrôler. Il s’y ajoute que l’Etat entend toujours s’assurer de l’usage qui est fait du numérique.
Toutefois, le Pays de la Téranga, grand pays de tourisme, doit avoir conscience que toute entrave délibérée à un internet ouvert et libre constitue en soi, au-delà même de la violation de la liberté d’expression du citoyen, un antidote à l’action de promotion de la Destination.
Et les acteurs du tourisme, toutes catégories confondues, devraient s’approprier le combat de la société civile visant, sinon le retrait pur et simple, au moins un amendement de l’article 27 du Code des Communications Electronique.
Fëridikke
Journée Mondiale du Tourisme «Le Tourisme et la Transformation numérique» (par Elhadji Aziz Gueye )
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