L’édition 2010 / 2011 de la campagne de commercialisation arachidière risque de connaître cette année d’innombrables irrégularités au sein de son organisation. Sa date de lancement fixée d’habitude le 1er décembre de chaque année, certainement, ne permettra à ses organisateurs de mettre en place tout le dispositif nécessaire et rendre fonctionnel les points de collecte qui doivent servir de relais. Même si beaucoup d’acteurs s’efforcent encore pour démarrer ces transactions en début décembre, on se rend toutefois compte qu’en moins d’une semaine avant le départ des opérations le terrain est encore inerte car aucune disposition n’est visiblement prise pour nourrir l’espoir chez les milliers de producteurs qui attendent encore
Dans la majeure partie des villages visités, les producteurs sont plutôt assaillis par les activités de battage et de mise en sac. Mais outre cela, aucune opération de mise en place des points de collecte ou d’aménagement des aires de décharge n’est encore poursuivie sur le terrain. Les organisations de producteurs face à cette situation, veulent que l’Etat fasse un geste en plus des 15 Frs qui constituent la marge de la subvention accordée cette année à l’arachide. Ainsi avec ce retard accusé dans cette étape préparatoire à la prochaine campagne de commercialisation, les organisations paysannes souhaitent la reprise de négociations entre l’Etat et l’ensemble des acteurs membres du Comité national interprofessionnel de l’arachide (Cnia), car rien n’est encore clair concernant le prix de 165 F Cfa retenu pour le kilogramme d’arachide. Les sociétés huilières qui doivent disposer aujourd’hui des ressources nécessaires leur permettant d’absorber la production prévue, ont ainsi fixé leur prix à 125 F Cfa lors de la dernière réunion au Cnia. Ce qui selon certains acteurs va provoquer une chute sur les 165 F Cfa retenus cette année, car le prix fixé par les huiliers ajouté à la marge de subvention apportée par l’Etat c’est-à-dire les 15 F Cfa, ne donnera que 140 F Cfa au lieu de 165 F Cfa. Aujourd’hui, la question que bon nombre de patients se posent, reste à savoir qui est ce- qui va supporter les 25 F Cfa restant du prix officiellement fixé sur le marché national.
Car, autant avec l’Etat qu’avec les industries huilières, les positions sont claires, les prix et la marge de subvention ont déjà été fixés et portés à la connaissance de l’ensemble des acteurs de la filière. Pourtant lors de la précédente édition, la subvention accordée par l’Etat était de 45 F Cfa. Les entreprises huilières à l’époque fixaient leur prix à 120 F Cfa. Ceci est en effet un blocage qui est encore loin d’être décanté pour ce qui reste du démarrage de la campagne, mais qui réduit aussi les chances du Cnia de poursuivre pour cette année une campagne de commercialisation au bonheur des producteurs et opérateurs privés sénégalais.
Mais le problème qui, a le plus semé l’inquiétude au sein des organisations paysannes est celui des financements. En moins d’une semaine avant le démarrage de cette prochaine campagne agricole, les organisations de producteurs précisent n’être en possession d’aucune information liée au financement des sociétés acheteurs. Sur le terrain, elles estiment que le financement des opérations de commercialisation est la mère de guerre pour ces moments de préparation, car font-elles comprendre, « jamais une campagne ne peut se tenir sans moyens financiers ».
Ainsi en dépit des revendications ponctuelles telles que l’attribution des semences, des engrais et autres fertilisants au moment opportun, l’attribution des parcelles aux femmes, et autres doléances, les organisations des producteurs sont aujourd’hui sur le point de porter le combat en vitesse supérieure. Dans beaucoup de collectivités, les paysans ne veulent plus contribuer à une campagne qui ne nourrit plus son homme. Dans la communauté rurale de Taïba Niassène où les producteurs ne procèdent à la commercialisation qu’après transformation de leurs produits, à cause de l’émergence progressive et le développement des petites industries de transformation de produits locaux au cours de ces dernières années, la problématique autour de la commercialisation est moins grave.
Contrairement à la quasi-totalité des villages où les difficultés autour de la campagne de commercialisation, a toujours servi de prétexte aux paysans pour allers vers l’exploitation des autres variétés de cultures plus rentables que l’arachide et plus faciles à écouler sur le marché. Par contre pour cette nouvelle saison, les producteurs d’arachide et organisations paysannes, dans tout ce débat, réclament 192 F Cfa pour le kilogramme d’arachide vendu.
Une proposition qui a peu de chances de prospérer devant un Etat qui veut verser une subvention de 15 F Cfa au Kg, et des huiliers qui proposent un prix de 125 F Cfa. Malgré l’annonce de la répartition et l’affectation des points de collecte prévue cette semaine par la délégation nationale du Cnia, les producteurs de Kaolack plaident aujourd’hui pour la relève du niveau d’absorption au sein des industries, autrement dit l’augmentation de la production de 300 mille tonnes, la moyenne prévisionnelle que les entreprises industrielles achètent chaque année, pour le ramener entre 500 et 600 mille tonnes.
sudonline.sn