XALIMANEWS : Allongé sur son lit d’hospitalisation, visiblement marqué par la souffrance, Ousmane Diouf, la trentaine, articule à peine au moment d’adresser la parole. Habitué à intervenir pour soulager des malades, cet agent de santé à l’Hôpital Principal de Dakar, se retrouve dans une situation d’assisté.
Mercredi, au moment de rentrer du travail, aux alentours de 20 heures, cet habitant de Keur Massar, dans la banlieue de Dakar, a la malchance de tomber sur des agresseurs qui lui saute dessus pour lui arracher son sac. Il s’en suit une bagarre lors de laquelle il a reçoit trois coups de couteau dans le ventre.
Il n’a dû son salut qu’à l’intervention rapide des secours et à son transfèrement d’urgence à l’Hôpital de Thiaroye. Dans cette structure sanitaire de la banlieue dakaroise, le jeune Diouf a subi trois interventions chirurgicales pour se tirer d’affaire. D’autant que l’arme était encore plantée dans son abdomen au moment de son admission au service des urgences.
Aujourd’hui ses jours ne sont pas en danger. Il continue sa convalescence avec l’amer regret de savoir que cette agression lui a endommagée l’urètre.
Il ressasse sans doute cet épisode qui aurait pu lui être fatale, alors que les auteurs cet acte courent toujours. Raison pour laquelle il invite les autorités à renforcer la sécurité dans son quartier de Keur Massr, également lieu de son agression.
« C’est une situation vraiment déplorable et l’Etat doit intervenir le plus rapidement possible en renforçant le système de sécurité car les agresseurs sont armés et n’hésitent pas à tuer leur victime », a-t-il déclaré à un reporter de l’APS sur son lit d’hôpital.
Plusieurs cas d’agressions, de vols et de meurtres ont été récemment enregistrés dans les différents quartiers de la localité de Keur Massar. Le plus célèbre a sans doute été le viol, suivi du meurtre de Mariama Sagna, une militante politique de PASTEF (Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité.
Les meurtriers présumés ont été arrêtés et déférés au parquet, mais cette affaire a accentué la psychose chez certains habitants de Keur Massar. D’aucuns n’hésitant pas à prendre de nouvelles précautions.
« Je m’assure à partir de 19 heures que tous les enfants sont dans la maison car il n’est plus sûr de les laisser dehors. Nous savons que les bandits n’épargneront même nos enfants », explique Amy Cissé, une habitante de Jaxaay, un quartier de Keur Massar.
La jeune femme d’une vingtaine d’années redoute surtout cette insécurité pour avoir été récemment victime d’une agression.
« Ce jour-là, les agresseurs m’ont épargné la vie mais ils ont emporté mon sac avec tous mes effets personnels. On ne dort plus. Nos maris rentrent tard et dans cette localité il n’y a pas du tout de sécurité », raconte-t-elle.
Les échos de cette insécurité amplifiée dans les médias ont certainement fait que Cathy Sambou, une étudiante, préfère désormais attendre le week-end pour rentrer chez elle. « Je suis obligée de rester toute la semaine chez ma tante qui habite en ville car je descends tard et il n’est pas sûr de rentrer a Keur Massar à certaines heures », témoigne-t-elle.
De son côté, Assane Doukansy, un jeune résident de la localité, âgé d’une vingtaine d’années pointe l’insuffisance de l’éclairage public et met la montée de l’insécurité sur le compte du taux élevé du chômage, et du manque de perspectives pour beaucoup de ses semblables.
« Le grand nombre de chantiers d’habitations et de maisons fait que les malfaiteurs parviennent à s’échapper facilement », analyse-t-il dans sa tentative d’explication du phénomène. Pour lui, la solution passe nécessairement par le renforcement de la sécurité et l’instauration de patrouilles de police et de gendarmerie.