L’Arabie saoudite évoque une rixe qui a dégénéré. Le royaume avait jusqu’à présent démenti être impliqué dans la disparition du journaliste.
L’Arabie saoudite a annoncé, samedi 20 octobre, qu’une bagarre a éclaté entre Jamal Khashoggi et les personnes qui l’ont rencontré au consulat du royaume à Istanbul, en Turquie, conduisant à la mort du journaliste.
L’homme, très critique de la politique de Riyad, avait disparu depuis son passage à la représentation diplomatique, le 2 octobre. Dix-huit ressortissants saoudiens ont été interpellés dans le cadre de cette affaire et les investigations se poursuivent.
Des responsables turcs affirmaient sous le couvert de l’anonymat que Jamal Khashoggi avait été assassiné par un commando spécialement envoyé de Riyad. Jusqu’à ce samedi matin, la direction saoudienne avait toujours démenti être impliquée dans sa disparition.
MBS chargé de restructurer le renseignement
En rendant publics les résultats de son enquête interne sur la disparition du journaliste, une affaire au retentissement mondial, Riyad a annoncé simultanément le limogeage d’un haut responsable du renseignement. Un conseiller de haut rang à la cour royale a lui aussi été démis de ses fonctions.
Le roi Salman a ordonné la restructuration de la direction de l’agence générale du renseignement. Cette restructuration va s’effectuer sous la supervision du prince héritier Mohamed Ben Salman, dit MBS.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan et le roi saoudien ont d’ailleurs convenu de poursuivre leur coopération dans cette enquête, au cours de leur seconde conversation téléphonique, a rapporté samedi la présidence turque.
« C’est pour cela que c’est si triste »
De son côté, le président des Etats-Unis Donald Trump a déclaré vendredi qu’il pourrait envisager des sanctions contre Riyad dans ce dossier.
S’exprimant devant la presse lors d’un déplacement à Scottsdale, dans l’Arizona, le locataire de la Maison Blanche a néanmoins redit qu’il était encore trop tôt pour déterminer les conséquences de ce qu’il considère comme la mort probable du journaliste résidant aux Etats-Unis.
Prié de dire si des sanctions faisaient partie des mesures envisagées, M. Trump a répondu : « Peut-être, peut-être. » « Nous allons savoir qui savait quoi, quand et où. Et nous comprendrons. »
Le Congrès est contrôlé par les républicains, dont plusieurs élus ont déjà réclamé des mesures sévères contre Riyad. « Le Congrès sera très impliqué pour décider de la suite (…). Je serai très à l’écoute de ce qu’il dira », a fait valoir le président.
Donald Trump a toutefois rappelé que l’Arabie saoudite était un « grand allié » de Washington et un « investisseur formidable » aux Etats-Unis. « C’est pour cela que c’est si triste », a-t-il commenté.
lemonde.fr